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La Régente noire

Titel: La Régente noire
Autoren: Franck Ferrand
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même, « très haute, très puissante et très excellente dame » Louise de Savoie, mère du roi, régente de France, rendait son âme à Dieu, les yeux tournés vers une porte qui ne s’était jamais ouverte sur ce fils qu’elle avait attendu. Attendu...

    En vérité l’entourage du monarque, avant tout soucieux de sa santé, avait tout fait pour minimiser les nouvelles de Grez, et lui dissimuler l’état réel de Madame. François savait sa mère malade, certes ; mais il apprit qu’elle était morte avant d’avoir seulement envisagé de la rejoindre. Dès lors, de bonnes âmes se chargèrent de le convaincre du danger – non seulement pour lui, mais pour la dynastie, le royaume lui-même – d’une veillée qui, de toute façon, n’eût rien changé au destin... Alors le roi s’enferma dans son cabinet et s’y tint, prostré, jusqu’aux obsèques solennelles.
    Sa sœur se chargea, seule, d’accompagner la bière, suivie de la litière vide de Madame, jusqu’à Fontainebleau. De là, un impressionnant cortège funèbre se mit en branle en direction de Paris, à travers des villages barbouillés de chaux vive : la peste les avait tous visités...
    À Notre-Dame, la cérémonie fut longue, noble et très émouvante. On rendit à Madame des honneurs semblables à ceux que l’étiquette eût réservés à une reine. Dans son homélie, le grand aumônier affirma que la France toute entière avait perdu une mère... Au premier rang, unis dans la douleur, le frère et la sœur affichaient la plus touchante, la plus déchirante harmonie. Leur trinité s’était rompue... Au moment d’aller bénir le catafalque où reposait celle qui l’avait « forgé de pied en cap », le roi fut pris de vertige ; on se précipita vers lui, juste à temps pour l’empêcher de s’affaler de toute sa hauteur sur les dalles du chœur.
    François I er venait de s’évanouir.

    Fait rarissime dans les annales du royaume : quoique Madame ne fût ni souveraine, ni Fille de France, sa dépouille allait être conduite en grande solennité jusqu’à l’abbaye royale de Saint-Denis, pour y être inhumée.
    Non comme le corps d’une reine, mais comme celui d’un roi.

Q UELQUES NOTES
    C’est l’Histoire, grande et petite, qui m’a fourni la trame de ce récit. La plupart des faits mis en scène dans La Régente noire sont issus de la chronique ou de l’historiographie. Tous les personnages en sont vrais, hormis les frères de Coisay – dont je me suis plu à faire des écuyers, en un temps où tous les échanges passaient par de tels messagers, injustement voués à l’anonymat.
    Pour autant, les épisodes dont se compose le récit n’ont pas tous valeur historique. Sous l’habillage romanesque, se sont fondues des scènes authentiques et d’autres, nées de mon imagination. Pour les lecteurs épris d’exactitude, il m’a donc paru judicieux de distinguer, dans ces pages, le véridique du vraisemblable.
    P ROLOGUE
    Personne ne date précisément la mort, sans doute à la naissance, des fils jumeaux du duc et de la duchesse de Bourbon. Je l’ai placée en décembre 1518, peu après le décès de leur fils aîné, pour rester cohérent avec les déplacements, bien connus en revanche, du connétable. J’endosse par ailleurs la thèse défendue par l’ancienne régente Anne de Beaujeu.
    L’entrevue de Gravelines, du 10 au 15 juillet 1520, permit à Charles Quint d’annuler les effets du Camp du Drap d’or, et de s’assurer, pour au moins deux ans, la neutralité largement bienveillante d’Henry VIII. Il n’est pas certain que les deux souverains aient évoqué le cas du connétable lors de cette rencontre ; ce n’en est pas moins plausible.

    1. Du début du XIII e au début du XVII e  siècle, le titre de connétable désigna, en France, le commandant général des armées. Charles III de Bourbon, nommé par le roi Louis XII, fut confirmé dans cette charge par François I er et sa mère.
    2. Les apanages étaient des portions du domaine royal, confiées aux princes de sang royal pour leur permettre d’assurer leur subsistance, mais qui devaient revenir à la couronne dès l’extinction de leurs descendants mâles. Dans le cas du Bourbonnais, l’apanage avait été transmis, à titre exceptionnel, par une princesse (Anne de Beaujeu, fille de Louis XI) à sa fille (Suzanne de Bourbon, épouse du connétable).

    C HAPITRE I
    L’action commence vers la fin de l’automne 1521, après une
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