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La Régente noire

Titel: La Régente noire
Autoren: Franck Ferrand
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volontiers pensif et qui, à la faveur d’une réclusion trop dure pour son âge, l’avait assimilée, elle, et pour toujours, à la meilleure des guides...
    Et Diane se dit qu’à défaut de disposer de grands pouvoirs, elle saurait mettre une énergie sans borne au service des desseins – encore dissimulés – de la Providence.
    1 - Ce que nous appelons « coiffeuse ».

Épilogue
    Paris, mars 1531.
    L a Joyeuse Entrée de la nouvelle reine dans sa capitale fut l’occasion de réjouissances inouïes. Sous un soleil triomphal, les Parisiens avaient tendu partout des tapisseries et des bannières qui changeaient les rues en allées de gloire. Sur les places, où les fontaines rendaient du vin, des temples de fortune présentaient d’incroyables tableaux vivants, peuplés de bêtes fabuleuses, de déesses, d’anges ailés que des cordes faisaient s’envoler au passage de la souveraine. Éléonore ne savait où jeter les yeux ; ses regards observaient tout et tous, jusqu’à tomber sur un balcon fleuri où elle reconnut son mari en galante compagnie : absent du cortège par égard pour la reine, François I er n’en avait pas moins eu l’impudence de s’afficher, en un tel jour, au bras d’Anne d’Heilly !
    La reine, sur sa haquenée blanche houssée d’or, connut alors un moment de flottement. Mais l’éducation royale fit merveille, de même que sa confiance encore intacte dans le roi ; et le sourire revint sur son visage.
    — C’est un enchantement, madame !
    L’enthousiasme général avait gagné les duègnes qui, dans leurs tenues espagnoles un peu raides, avaient pris place dans le cortège.
    — Oui, un enchantement, confirma la reine.
    Personne ne remarqua combien sa voix s’était brisée.
    À sa droite, caracolait le dauphin François, très élégant sur un admirable destrier noir. Le duc d’Orléans allait à sa gauche, ainsi que le plus jeune des princes : Charles. Naturellement, la présence des otages restitués à leur père avait le don de galvaniser la foule ; et les acclamations, en fait, s’adressaient à eux bien plus qu’à la sœur du geôlier.
    Depuis sa litière, la régente, disparaissant sous un manteau couleur de nuit, buvait comme un nectar les applaudissements destinés à ses petits-fils. Elle avait pris avec elle les princesses Madeleine et Marguerite, et l’attention dont ses petites-filles, grandes maintenant, l’entouraient, était un autre motif d’attendrissement pour le public.

    Les festivités en l’honneur de la reine Éléonore devaient se clore par un important tournoi de chevalerie, dans une lice montée rue Saint-Antoine, devant l’hôtel des Tournelles. Les plus grands seigneurs y concouraient, à commencer par le roi lui-même, qui excellait à l’exercice. Mais le véritable spectacle, comme souvent dans ces réunions, se donnait dans les tribunes. Car si les chevaliers se dépensaient pour soutenir les couleurs de leurs dames respectives, celles-ci de leur côté, par le nombre, la beauté, la richesse des toilettes, s’épuisaient à leur faire plus qu’honneur.
    — Voyez la Pisseleu, disait-on parmi les spectateurs. Elle est d’essence divine autant qu’humaine !
    Anne d’Heilly avait à présent vingt-deux ans. Grande, mince, sublimement parée dans une robe qui mettait en valeur sa taille tellement fine, elle offrait volontiers aux regards une chevelure d’or irréelle, un teint de pêche, des yeux d’un bleu rare, enfin la physionomie la plus gaie, la plus radieusement juvénile. Le public n’avait pas lieu de s’étonner qu’elle eût été distinguée par le roi : la nature semblait l’avoir dotée de tous les atouts qui font une grande favorite. Or, on disait que son savoir était vaste, dans tous les domaines, et qu’elle joignait aux appas physiques les plus évidents, des charmes d’esprit inépuisables.
    Avec un aplomb qu’autorisait la faveur dont le maître l’honorait, la jeune femme vint se placer au premier rang de la tribune, parmi les plus nobles dames – et pas très loin de la reine... Celle-ci ne s’en offusqua pas ; elle poussa même l’élégance jusqu’à saluer discrètement la jeune fille qui, du coup, s’abîma dans une profonde révérence.
    — Voici les princes ! Vive nos princes !
    Des cris de joie, couvrant les trompes, saluèrent l’entrée en lice des plus jeunes concurrents, parmi lesquels les princes François et Henri. Si leur âge encore tendre les tenait à
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