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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg
Autoren: Walter Scott
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mode, proprement retranchés toutefois sous les Institutes de Stair, et un volume ouvert des Décisions de Morison.
    – Je ne le nie pas, dit notre jeune jurisconsulte, et pourquoi le nierais-je, lorsqu’il est maintenant bien connu que ces Dalilas ont séduit nos plus fortes têtes ? Ne les trouve-t-on pas cachés parmi les mémoires de nos plus célèbres consultans ? et on les voit sortir de dessous, le coussin du fauteuil de nos juges ; nos anciens dans le barreau, et même sur les siéges de la magistrature, lisent des romans ; bien plus, si l’on ne les calomnie pas, plusieurs d’entre eux en ont composé par-dessus le marché. Je dirai seulement que je les lis par habitude et par indolence, et non que j’y prenne aucun intérêt ; comme le vieux Pistol en rongeant son poireau {12} , je lis et je jure jusqu’à ce que j’aie attrapé la fin. – Mais il n’en est pas ainsi dans l’histoire véritable des folies humaines, – dans les questions d’état ou dans le livre des ajournemens ; – c’est là qu’on rencontre à chaque instant quelque page nouvelle du cœur humain et des coups de la fortune bien plus surprenans qu’aucun de ceux qu’inventa jamais le plus hardi romancier.
    – Vous pensez, demandai-je, que l’histoire de la prison d’Édimbourg pourrait fournir des matériaux pour des nouvelles intéressantes ?
    – Certainement, mon cher monsieur, répondit Hardie, et une abondance prodigieuse ; – mais à propos, remplissez votre verre. – Cette prison n’a-t-elle pas été pendant plusieurs années le lieu où se réunissait le parlement d’Écosse ; n’a-t-elle pas servi d’asile au roi Jacques, quand la populace enflammée par un séditieux prédicateur se révolta contre lui, en criant : – L’épée du Seigneur et de Gédéon ! – que l’on nous amène ce misérable Aman ! – Depuis lors, que de cœurs ont palpité au sein de ses murailles, en entendant la cloche qui leur annonçait l’approche de l’heure fatale ; combien se sont laissé abattre par ce lugubre son, combien l’ont entendu avec une courageuse fierté et une mâle résignation ! – Combien ont dû leur consolation à la religion ; croyez-vous qu’il ne s’en est pas trouvé qui, jetant un regard sur ce qui les avait poussés au crime, pouvaient à peine comprendre qu’une aussi misérable tentation eût pu les détourner du sentier de la vertu ? Et ne s’en est-il pas peut-être rencontré d’autres qui, pleins du sentiment de leur innocence, étaient partagés entre l’indignation que leur causait un châtiment injuste, la conscience de leur innocence, et le désir inquiet de se venger ? Pouvez-vous supposer que des sentimens si profonds, si violens, pourraient être retracés sans exciter le plus puissant intérêt ? – Oh ! attendez que j’aie publié mon recueil de Causes célèbres de la Calédonie, et vous ne manquerez pas pour l’avenir de sujet de romans ou de tragédies. Le vrai triomphera des plus brillantes inventions d’une imagination ardente.
    –  Magna est veritas, et prœvalebit.
    – Il me semble, répliquai-je, encouragé par l’affabilité de mon conteur, que l’intérêt dont vous parlez doit être plus faible dans la jurisprudence écossaise que dans celle de tout autre pays : la moralité générale du peuple, ses habitudes sobres et sages…
    – Le préservent bien, dit l’avocat, d’un plus grand nombre de voleurs et de brigands de profession, mais non des sauvages et bizarres écarts des passions qui enfantent des crimes accompagnés des plus extraordinaires circonstances ; et ce sont précisément ceux dont le récit excite le plus vif intérêt. L’Angleterre est depuis très long-temps un pays civilisé : ses sujets sont très rigoureusement soumis à des lois appliquées avec impartialité ; le travail s’est divisé et réparti entre tous les sujets, et les voleurs forment dans la société une classe à part, qui se subdivise ensuite, suivant le genre d’escroquerie de chacun d’eux et leur mode d’opérer ; cette classe a ses habitudes et ses principes réguliers, que l’on peut calculer par anticipation à Bow-Street, Hatton-Garden, ou à Old-Bailey. – Ce royaume est comme une terre cultivée : le fermier sait que, malgré ses soins, un certain nombre d’herbes parasites doit croître avec son blé ; il peut vous les nommer et vous les désigner par avance. Mais l’Écosse est comme le sol de ses montagnes :
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