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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg
Autoren: Walter Scott
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et de leur indiquer la meilleure auberge ; sur les renseignemens que je leur donnai des ARMES DE WALLACE, ils déclarèrent qu’ils préféraient s’arrêter là plutôt que de passer outre, d’après l’indication de cet imprudent conducteur du Somerset. Tout ce dont ils avaient besoin était un commissionnaire pour porter leur bagage : on leur en trouva facilement un dans une cabane voisine, et ils allaient se mettre en route, quand ils trouvèrent qu’il y avait un autre voyageur dans le même embarras, c’était le vieillard infirme qui avait été précipité dans la rivière avec eux. Il avait été trop modeste, à ce qu’il paraît, pour élever quelque réclamation contre le cocher, en voyant le résultat de celles de ses deux compagnons plus hardis, et maintenant il restait en arrière avec un air d’inquiétude timide, laissant assez deviner qu’il était entièrement dépourvu de ces moyens de recommandation qui sont un passe-port indispensable pour recevoir l’hospitalité dans une auberge.
    Je me hasardai à appeler l’attention de ces deux jeunes élégans, car ils paraissaient tels, sur la triste condition de leur compagnon de voyage ; ils reçurent cet avis de très bonne humeur.
    – Eh bien, M. Dunover, dit l’un de nos jouvenceaux, vous ne pouvez pas rester ici sur le pavé ; venez, vous dînerez avec nous, Halkit et moi nous allons prendre une chaise de poste, et, à tout évènement, nous vous conduirons partout où il vous conviendra.
    Le pauvre homme, car son costume et sa modestie disaient assez qu’il était pauvre, répondit par ce salut de reconnaissance qui, chez les Écossais, veut dire : c’est trop d’honneur que vous faites à un homme comme moi, et il suivit humblement ses joyeux protecteurs. Ils arrosaient la poussière de la route de l’eau qui découlait de leurs habits trempés, et offraient le bizarre et risible spectacle de trois personnes souffrant d’un excès d’humidité en plein midi, quand le soleil faisait éprouver à tout ce qui les entourait le tourment contraire de la sécheresse et de la chaleur. Ce ridicule fut observé par les jeunes gens eux-mêmes, et ils n’avaient pas fait quelques pas, que déjà il leur était échappé quelques plaisanteries passables sur leur situation.
    – Nous n’avons pas à nous plaindre, comme Cowley, dit l’un d’eux, que la toison de Gédéon reste sèche tandis que tout est humide à l’entour : c’est le miracle renversé.
    – Nous devons être reçus avec reconnaissance dans la ville : nous y apportons quelque chose dont les habitans paraissent avoir grand besoin, dit Halkit.
    – Et nous le distribuons avec une générosité sans égale, répondit son compagnon ; nous ferons ici l’office de trois tombereaux d’arrosage sur leur route poudreuse.
    – Nous leur amenons aussi, dit Halkit, un bon renfort de gens du métier, un agent d’affaires et un avocat.
    – Et peut-être aussi un client, dit son compagnon en regardant derrière lui ; puis il ajouta en baissant la voix : le camarade a bien l’air de n’avoir que trop fréquenté cette compagnie dangereuse.
    Et dans le fait, il n’était que trop vrai que l’humble compagnon de nos gais jouvenceaux avait la triste apparence d’un plaideur ruiné ; je ne pus m’empêcher de rire de l’allusion, quoique je prisse bien soin de cacher ma gaieté à celui qui en était l’objet.
    Quand nous fûmes arrivés à l’auberge de WALLACE, le plus jeune de nos jeunes gens d’Édimbourg, qui était avocat plaidant, à ce que j’appris, insista pour que je prisse part à leur dîner ; leurs questions et leurs demandes mirent bientôt mon hôte et toute sa famille en mouvement pour leur offrir le meilleur repas que pouvaient fournir la cave et l’office et l’accommoder selon les règles de l’art culinaire, auquel nos deux amphitryons paraissaient n’être pas étrangers ; du reste, c’étaient deux jeunes gens qui, pleins de cette aimable gaieté que donnent leur âge et la bonne humeur, jouent un rôle assez fréquent dans la haute classe des hommes de loi d’Édimbourg, et qui ressemble assez à celui des jeunes Templiers {11} du temps de Steele et d’Addison. Un air d’étourderie et de gaieté s’unissait chez eux à un fonds de bon sens, de goût et de connaissances que prouvait leur conversation. Ils semblaient avoir pour but d’associer les manières d’un homme du monde à celles d’un ami de la littérature et
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