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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg
Autoren: Walter Scott
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le moraliste qui consulterait les archives de la jurisprudence criminelle, trouverait autant de faits encore inconnus dans l’histoire de l’esprit humain, qu’un botaniste découvrirait de fleurs nouvelles dans ses vallons et sur ses rochers.
    – Et c’est là tout le fruit que vous avez retiré de la triple lecture des – Commentaires sur la jurisprudence criminelle d’Écosse ? – dit son compagnon. Je crois que son savant auteur pensait peu que les faits que son érudition et sa sagacité ont accumulés pour l’éclaircissement des doctrines légales, fourniraient un jour matière aux volumes en demi-reliure des cabinets de lecture.
    – Je vous gage une bouteille de bordeaux, dit le jeune avocat, qu’ils ne perdent pas au change. Mais, comme on dit au barreau, je demande qu’on me laisse parler sans interruption. – J’en ai plus encore à dire sur mon recueil des Causes célèbres d’Écosse ; veuillez seulement vous rappeler le but et le motif qui ont fait concevoir et exécuter tant de crimes si extraordinaires et si audacieux, les longues dissensions civiles de l’Écosse, – la juridiction héréditaire qui jusqu’en 1748 confiait la recherche des crimes à des juges ignorans ou intéressés, – les habitudes des nobles, vivant toujours dans leurs manoirs solitaires, et nourrissant des passions haineuses comme un aliment nécessaire à leur activité ; – pour ne pas parler ici de cette aimable qualification nationale appelée perfervidum ingenium Scotorum, que nos légistes allèguent pour justifier la sévérité de quelques unes de leurs ordonnances. Quand je traiterai un sujet aussi mystérieux, aussi profond, aussi dangereux que celui qui naquit de telles circonstances, il n’est pas de lecteur qui ne sente son sang se glacer et ses cheveux se dresser sur la tête. – Mais chut ! voici notre hôte qui vient nous apporter des nouvelles ; je suppose que notre voiture est prête.
    Il n’en était pas ainsi : – l’hôte annonça qu’on ne pouvait pas avoir de voiture, car sir Peter Plyem avait loué les deux paires de chevaux de mon hôte, et les avait conduits le matin même au bourg royal de Bubbleburgh, pour son affaire ; mais, comme Bubbleburgh n’est qu’un des cinq bourgs qui se réunissent pour nommer un membre du parlement, l’adversaire de sir Peter avait judicieusement profité de son départ pour intriguer dans Bitem, autre bourg royal, et qui, comme personne ne l’ignore, est situé au bout de l’avenue de sir Peter, et a été de temps immémorial sous l’influence de sir Peter et de ses ancêtres. Sir Peter était donc placé dans la situation d’un monarque ambitieux qui, après avoir fait une attaque sur le territoire ennemi, est rappelé subitement par une invasion sur ses domaines héréditaires. Il fut obligé de quitter Bubbleburgh à demi gagné pour retourner à Bitem à demi perdu, et les deux paires de chevaux qui l’avaient conduit à Bubbleburgh furent par lui retenues pour transporter son agent, son valet, son bouffon, son buveur, et les ramener à Bitem. Le motif de ce contre-temps, qui m’était assez indifférent, comme il l’est probablement au lecteur, suffit pour consoler mes compagnons. Comme les aigles, ils sentaient de loin le prochain combat ; ils commandèrent donc un magnum {13} de bordeaux et deux lits à l’auberge, et les voilà sur la politique de Bubbleburgh et de Bitem, calculant par avance toutes les pétitions et plaintes probables qui allaient en résulter.
    Au milieu d’une très vive et très inintelligible discussion sur les prévôts, baillis, diacres-syndics, bourgs royaux, cours foncières, clercs-municipaux, bourgeois résidans et non résidans, l’avocat s’interrompit tout-à-coup : – Et ce pauvre Dunover, dit-il, il ne faut pas l’oublier. Aussitôt on dépêcha l’hôte à la recherche du pauvre honteux, avec une invitation très pressante pour le reste de la soirée. Je ne pus m’empêcher de demander à ces jeunes messieurs s’ils connaissaient le pauvre homme ; l’avocat mit la main à la poche pour prendre le mémoire sur lequel il avait réglé sa cause.
    – Ce pauvre homme a eu recours, dit M. Hardie, à notre remedium miserabile, vulgairement appelé une cessio bonorum, une cession de biens. De même que plusieurs gens d’église ont douté de l’éternité des chatimens à venir, ainsi les avocats d’Écosse ont pensé que le crime de pauvreté était suffisamment expié par
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