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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur
Autoren: Juliette Benzoni
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marchaient doucement sur le sable rose, qui sous les arbres devenait violet, quand un serviteur avait surgi d’une allée ombreuse et s’était précipité sur Lisa :
    — Madame, Madame, s’était-il écrié en français, votre mari… oh, je vous en prie, venez vite !
    Et aussitôt il repartit par où il était venu, suivi immédiatement par la jeune femme persuadée qu’il venait d’arriver malheur à Aldo, et qui ne s’était pas donné le moindre temps de réflexion. Mais, soudain, parvenue à un petit carrefour, elle ne vit plus l’homme, s’arrêta en étouffant un cri dans sa gorge : sorti d’un panier abandonné, un serpent se dressait devant elle, un cobra royal dardant sa langue bifide, prêt à l’attaquer…
    D’instinct, elle fit un pas en arrière, ses mains pressées contre sa bouche pour étouffer l’appel au secours qui ne manquerait pas de déclencher la détente de la bête. Une folle terreur emplit les yeux de la jeune femme. Elle avait si peur que l’idée de la mort cependant si proche ne s’imposait pas : elle se trouvait paralysée, incapable d’une pensée cohérente.
    Mais l’heure de Lisa n’était pas venue. Sa chance voulut qu’un jardinier, portant sur sa tête un lourd panier de légumes destiné aux cuisines du palais, ait choisi de passer par le bosquet ombragé. Il aurait pu fuir mais c’était un homme courageux : il vit cette jeune femme, si belle dans son sari vert d’eau, le serpent qui allait frapper. Alors il se porta en avant, jetant sur le reptile le panier tout entier dont il le coiffa, y ajoutant son propre poids et poussant des appels au secours retentissants. Ils firent accourir les dames mais aussi les gardes du palais dont on n’était pas très éloignés. On emporta Lisa évanouie tandis qu’à travers le panier l’un des gardes tirait sur le cobra.
    Au moment du retour d’Aldo, le médecin du maharadjah – un Français – était auprès de Lisa, aux prises avec une crise de nerfs bien naturelle.
    — Vous la verrez plus tard, conseilla la princesse qui venait de raconter ce qui ne pouvait être qu’un attentat. Et, en vérité, je ne parviens pas à comprendre qui a osé une chose pareille. Et pourquoi ? Lisa n’a ici que des amis…
    — Sans doute, Madame, mais moi j’ai des ennemis. Et je sais où trouver l’assassin. Avec votre permission…
    Il s’inclina brièvement et partit au pas de course, immédiatement suivi, bien sûr, par Adalbert qui n’avait pas plus de doutes que lui sur le responsable réel. Après un court passage chez eux pour y prendre une arme, et à travers le parc à présent illuminé, ils gagnèrent celui des fastueux pavillons de soie où logeaient Alwar et sa suite. Aldo était décidé à abattre le criminel dès qu’il serait devant lui et sans lui laisser seulement le temps d’ouvrir la bouche.
    — Tu ne crains pas les réactions de ses hommes ? fit Adalbert sans ralentir l’allure.
    — Non. Si ça se trouve, ils vont nous porter en triomphe. Si ce n’est pas le cas, on se défendra, voilà tout !
    Aucune des deux éventualités ne se présenta. Quand ils arrivèrent devant le camp où flottaient encore les couleurs du prince rajpoute, ils trouvèrent seulement quelques serviteurs du palais occupés à un premier ménage avant d’enlever les meubles et de rouler tapis et tentures sous la surveillance d’un des intendants du maharadjah. Celui-ci leur apprit que le départ de l’occupant était annoncé depuis le matin et qu’il avait dû rejoindre son train aussitôt après le Durbar. À cette heure il devait déjà être loin…
    — Tu comprends maintenant pourquoi il riait, cette immonde larve ? fit Morosini avec rage. Il s’était arrangé pour que je perde ce que j’aime le plus au monde. Et je ne peux rien.., rien ! Il est à jamais hors d’atteinte…
    — Tant qu’il est dans ses États, sans doute. À moins que tu n’aies envie d’y retourner ?
    — Tu n’es pas fou ?… Vois-tu, il y a des moments où je regrette le Moyen Âge. À cette époque on pouvait lever une armée, aller assiéger son ennemi, l’acculer dans ses derniers retranchements et enfin lui faire subir la mort qu’il méritait…
    — Après avoir tout démoli et passé la population au fil de l’épée ? Tu as de drôles de rêves, mon vieux !… Un bon duel ne t’aurait pas suffi ?
    — Deux pouces de fer ou une balle dans le corps ? C’est beaucoup trop doux pour un monstre
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