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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur
Autoren: Juliette Benzoni
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atteinte d’une grave maladie et que mon beau-père jouisse d’une santé de fer…
    — Mais enfin, elle ne pourrait réaliser ce projet insensé ! Votre mari et ses frères s’y opposeraient. Ici c’est un État moderne…
    — Elle a pour elle les prêtres, les brahmanes, qui réprouvent ce modernisme. Vous avez raison, on ne lui permettrait pas de s’immoler publiquement, mais nous sommes persuadés qu’elle accomplirait son sacrifice à l’abri des murs de son palais… C’est cela, les Indes, voyez-vous. Un étonnant mélange d’hommes qui veulent aller vers l’avenir et d’autres qui souhaitent ressusciter le passé… Vous autres Occidentaux, vous ne pouvez pas comprendre.
    — Son accueil, cependant, a été charmant ? Et je suis une Européenne ?
    — Oui, mais vous avez à ses yeux deux qualités : vous êtes princesse… et vous n’êtes pas anglaise. Cela compte beaucoup…
    — Et je suis, moi, heureuse de l’avoir rencontrée…
    Lisa savait qu’elle garderait longtemps dans sa mémoire l’image de cette femme drapée dans ses voiles gris et argent, de la couleur même de ses cheveux. Bien quelle fût de petite taille, mais modelée avec la délicatesse et la perfection d’un tanagra, elle paraissait grande. Sans doute était-ce parce qu’elle se tenait très droite, avec l’aisance d’une femme dont les pieds n’ont jamais été martyrisés par des chaussures européennes. Mais aussi à cause de ces générations de princesses dont le sang sauvage et raffiné coulait dans ses veines.
    — J’aimerais être comme elle quand je serai vieille, confia-t-elle le soir à Aldo. En dépit de l’âge, sa peau est à peine ridée, son ossature parfaite et, d’ailleurs, lorsque l’on rencontre ses yeux on ne voit plus qu’eux. Ils sont si longs, si sombres, qu’elle a l’air de porter un masque…
    — Mais c’en est un, tu peux en être certaine ! Ne l’envie pas : je suis persuadé que tu seras une merveilleuse vieille dame ! Et comme nous vieillirons ensemble, nous ne remarquerons pas les stigmates du temps parce que nous n’aurons jamais cessé de nous aimer…
    Le lendemain, le train particulier du maharadjah – une symphonie de cuivres et de bois précieux – ramenait à Delhi les trois derniers invités des fêtes de Kapurthala. Ils n’y restèrent que deux jours, le temps d’une visite au Fort Rouge et d’un dîner à la Résidence. Le temps aussi d’apprendre que Mary Winfield et Douglas Mac Intyre avaient décidé de se fiancer. Le mariage aurait lieu au printemps, en Écosse, et l’on n’aurait pas bien loin à aller pour trouver les témoins.
    Ensuite ce fut le long voyage jusqu’à Bombay mais pour Aldo et Lisa, enfermés dans leur compartiment sous la garde vigilante d’Amu, il parut étonnamment court. Ils étaient ensemble, ils rentraient chez eux et ils allaient enfin revoir les jumeaux.
    — Tu crois qu’ils vont me reconnaître ? émit Aldo, inquiet. S’ils ont continué sur leur lancée, ils sont capables de me jeter dehors…
    — C’est toi surtout qui risque de ne pas les reconnaître ! Quant à eux, lorsque je suis partie, ils embrassaient ta photo matin et soir.
    — Pas toi ?
    — Si, admit Lisa en se lovant dans les bras de son mari. Moi aussi. Il fallait bien donner l’exemple…

ÉPILOGUE
    Pour une fois la communication téléphonique entre Paris et Venise était étonnamment claire. Aldo entendait la voix nette et précise du commissaire Langlois comme s’il était assis en face de lui dans le grand cabinet de travail aux boiseries anciennes, de deux tons de gris, encadrant une fresque inachevée de Tiepolo. Et ce que disait cette voix était passionnant :
    — Cela s’est passé au château de Grosbois, près de Paris, où la princesse de la Tour d’Auvergne, née Wagram, donnait une fête russe en l’honneur de je ne sais plus quel grand-duc ; pour l’animer elle avait retenu la troupe des Vassilievich. Je ne sais pas si vous le savez, mais la Princesse possède des bijoux offerts jadis par Napoléon à son ancêtre, la maréchale Berthier, princesse de Wagram.
    — Elle a surtout réussi à racheter une paire de pendants d’oreilles en diamants ayant appartenu à l’impératrice Joséphine, précisa Morosini à qui personne n’était capable d’en remontrer sur le sujet.
    — En effet et je lui avais demandé, discrètement bien sûr, de ne pas les porter ce soir-là mais de les laisser dans sa
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