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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur
Autoren: Juliette Benzoni
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reconnaître qu’il s’agissait d’une femme.
    La porte du logis de Piotr étant restée pendante, l’intruse n’eut aucune peine à pénétrer dans le petit appartement. Le plus doucement qu’il put, Morosini élargit l’ouverture. Théodule Mermet étant un homme soigneux : les gonds ne grincèrent pas et pas davantage le palier dallé de tommettes rouges.
    La lumière de la lampe découpa la forme d’une femme mince, vêtue d’un manteau sombre garni de singe et coiffée d’un chapeau-cloche qui emprisonnait presque entièrement les cheveux. La femme eut une exclamation étouffée en découvrant le bouleversement de la pièce et s’y aventura avec précaution, mais avec l’air de savoir où elle allait. C’est-à-dire droit à la cheminée.
    Elle posa la lampe à terre, prit un journal qui traînait pour s’agenouiller dessus et, comme Masha auparavant mais sans quitter ses gants, se mit à fouiller les profondeurs de l’âtre. Cela dura quelques instants et Morosini qui l’observait à l’abri de la porte retenait son souffle pour qu’elle ne s’aperçût pas de sa présence : de sa place il voyait fort bien grâce à la lampe disposée de façon à éclairer les mains de la femme, des mains habillées de cuir noir.
    L’inconnue procédait avec méthode, tâtant les unes après les autres les briques en terre réfractaire ; enfin, elle trouva la bonne, la tira et s’empara de la boîte en fer. Se relevant alors, elle mit sa lampe sur la table afin d’explorer sa trouvaille mais à présent, elle était fébrile. Ses mains si sûres l’instant précédent tremblaient en ôtant le couvercle et en sortant la boule de coton.
    L’apparition du morceau de charbon lui arracha une exclamation de colère et pestant, fulminant, elle se mit à proférer des paroles incompréhensibles à quiconque ne parlait pas russe. Ce qui était le cas de celui qui la regardait. Puis elle se calma, se mit à réfléchir et, pour ce faire, s’assit, ce qui mit enfin son visage dans la lumière. De son coin Morosini eut une moue de déception : la silhouette de l’inconnue étant harmonieuse, il s’attendait à un visage en rapport. Or sous la petite cloque de feutre gris le visage aux traits épais, au nez important était lourd et plutôt vulgaire. Les cheveux qui sur ses joues dépassaient du chapeau étaient bruns, coupés carrément et devaient être raides. Seuls les yeux protégés par des cils longs et épais étaient invisibles.
    Quelqu’un remua à l’étage inférieur et la femme, pensant sans doute qu’elle s’était suffisamment attardée, se leva et devint aussitôt invisible derrière le pinceau de lumière blanche. Elle passa devant Morosini à l’effleurer mais sans le voir – certainement la déception éprouvée la bouleversait-elle ! – se dirigeant vers l’escalier qu’elle descendit ensuite rapidement. Les marches gémissaient si fort qu’elle n’entendit pas qu’un autre pas doublait le sien après un signe de complicité à son hôte d’un moment, Morosini s’était élancé derrière elle, décidé à la suivre afin de savoir où elle allait. Il pensait en effet que, pour être aussi bien renseignée sur la cachette de la perle, il fallait qu’elle eût un rapport quelconque avec les ravisseurs de Piotr Vassilievich…
    Malheureusement, une fois dehors, elle rejoignit la voiture qui l’avait attendue et qui démarra aussitôt, laissant Morosini à peu près impuissant au bord du trottoir. Comment suivre à pied et dans la noirceur d’une fin de nuit sans lune une femme en voiture ? Aussi s’apprêtait-il à dévider toute sa collection de jurons en regardant s’éloigner le feu rouge arrière quand, tout à coup, il y eut un taxi devant lui.
    — Je commençais à trouver le temps long, grogna le colonel Karloff en ouvrant la portière. Dépêchez-vous de grimper, sans ça on va la perdre !
    Aldo ne se le fit pas dire deux fois et se jeta littéralement dans la voiture :
    — C’est Dieu qui vous envoie, colonel ! s’écria-t-il en s’étalant sur les coussins avec un soupir de soulagement.
    — Non, c’est la grosse Masha et, quand il s’agit d’elle, ce n’est pas tellement à Dieu qu’on pense. Un vrai diable, cette femme-là, mais jadis elle faisait de moi ce qu’elle voulait ! Et je suis bien obligé d’avouer qu’en dépit des années et des kilos en trop ça continue ! Je ne l’aurais pas cru…
    — Comment expliquez-vous ce
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