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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur
Autoren: Juliette Benzoni
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reposaient. Mais celle-là ?
    — On dirait que ce bijou vous pose un problème ? remarqua Masha qui l’observait. Il paraîtrait qu’il aurait appartenu à Napoléon…
    Ce fut le déclic. Aldo revit soudain les planches publiées en 1887 par les journaux français au moment de la vente insensée des Joyaux de la Couronne de France ordonnée par un gouvernement républicain trop stupide pour comprendre que ce trésor appartenait au peuple français, souverain normal en démocratie, et que ses élus fugaces n’avaient pas le droit d’en disposer. Il revit surtout certain devant de corsage en diamant et perles qui avait orné les robes somptueuses de l’impératrice Eugénie : un joyau imposant qui descendait en pointe sur la poitrine et que terminait – prodigieux point d’orgue ! – une énorme perle coiffée de diamants…
    — La « Régente » ! exhala-t-il enfin. On disait que l’acheteur était un grand-duc ou un prince russe mais je n’ai jamais su vraiment ce qu’elle était devenue…
    — Piotr le sait et c’est lui qui me l’a raconté quand nous l’avons retrouvé, il y a un mois, à demi mort de misère sur le bord de la Seine à Boulogne-Billancourt.
    — Pourquoi Boulogne-Billancourt ?
    — Parce que beaucoup de Russes émigrés s’y sont installés. À l’usine Renault il y a de grands seigneurs qui travaillent les mains dans le cambouis… Il espérait y retrouver son ancien… maître.
    Elle avait craché le dernier mot comme s’il lui empoisonnait la bouche. Les tziganes, c’est bien connu, ne se reconnaissent d’autre maître que Dieu. Comme toute société normalement constituée ils ont des chefs, un roi qui est l’un des leurs et dont le rôle est plus consultatif qu’autoritaire. Mais rien qui évoque un servage quelconque.
    — Et qui était cet… employeur ? fit Morosini, diplomate.
    — Le prince Félix Youssoupoff, le neveu du tsar par mariage… Celui qui a tué Raspoutine !
    — Oh, je vois ! Et que faisait-il chez lui ?
    — C’était son valet !
    Et cette fois Masha cracha pour de bon avant d’ajouter :
    — C’est pourquoi nous l’avions rejeté de la tribu. Un vrai tzigane ne saurait être le valet de qui que ce soit ! Mais le prince Félix était extrêmement beau. Il était fabuleusement riche et très séduisant parce que c’était un artiste. À Saint-Pétersbourg il venait souvent chez nous. Il jouait de la guitare, il chantait, il dansait avec nous. Je reconnais bien volontiers qu’il dégageait une sorte de charme étrangement attirant. Pour les hommes aussi bien que pour les femmes d’ailleurs. Piotr a été… envoûté par lui et l’a suivi dans son palais de la Moïka…
    — Comme valet, vous êtes sûre ? demanda Morosini devant qui ce bref récit ouvrait des horizons un rien équivoques.
    Masha saisit sa pensée pour s’en indigner :
    — Pas comme amant, si c’est à cela que vous pensez ! Avant son mariage, je ne dis pas, mais depuis qu’il a épousé la princesse Irina, Youssoupoff lui est resté fidèle, du moins je crois, ajouta-t-elle prudente. Il faut dire aussi qu’elle est belle comme la Péri, la fée des eaux de la Volga.
    — Ne les connaissant pas, je ne peux vous donner tort. Voilà donc votre Piotr chez Youssoupoff. Et après ?
    — Après ? Nous n’avons plus rien su de lui jusqu’à ce matin des bords de la Seine. Nous avons subi une révolution, vous savez ? ajouta-t-elle narquoise.
    Elle commençait à agacer Aldo qui haussa les épaules :
    — Je suis au courant, merci ! J’ai des amis russes. Revenons-en au bord de l’eau si vous le voulez bien. Vous avez donc recueilli l’enfant prodigue et lui avez pardonné ?
    — Moi seule… parce qu’il est mon petit frère et que je n’ai jamais pu m’empêcher de l’aimer… quoi qu’il ait fait. Les autres, les hommes, n’ont rien voulu entendre : pour eux ce n’était plus un « rom ». Cependant, ils m’ont laissé les mains libres en se contentant de dire qu’à condition de ne pas leur en parler je pouvais faire ce que je voulais… Alors je m’en suis occupée. Je connaissais cette maison. La propriétaire est une femme que j’ai connue en Russie. Elle faisait partie d’un cirque où elle était danseuse de corde, mais elle en est revenue avec une petite fortune qu’elle tenait d’un riche marchand de fourrures tombé amoureux d’elle. Nous étions et nous sommes toujours amies. Je suis allée la voir et,
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