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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur
Autoren: Juliette Benzoni
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glissait un morceau de papier avec son adresse dans la même poche que la perle.
    Elle obéit en silence. Seules les marches de l’escalier grincèrent sous son poids. Pendant ce temps Morosini s’époussetait de son mieux puis se lavait les mains au robinet du palier et se les essuyait avec une serviette trouvée par terre. Après quoi il alla frapper à l’autre porte.
    Elle s’ouvrit instantanément. Intrigué au plus haut point par ce qui se passait chez son voisin d’en face, Théodule Mermet n’avait pas dû bouger de là et quand cet homme si élégant lui demanda la permission de rester chez lui quelques heures, il accepta avec l’enthousiasme de quelqu’un qui flaire un peu de sensationnel dans un univers gris et morne. Empressé, il fit les honneurs d’un logement exigu respirant l’ordre et la propreté, résolument à l’opposé du capharnaüm de l’autre côté. Rien n’y manquait :ni la salle à manger Henri II en provenance directe de chez Dufayel, ni l’aspidistra en pot, ni le fauteuil Voltaire orné d’une têtière au crochet disposé près de la fenêtre, ni la mince tranche d’arbre peinte représentant les bains de mer de Granville, ni quelques photos jaunies dans des cadres en laiton. Dans la minuscule chambre attenante – elle aussi de chez Dufayel ! – une grande armoire à glace voisinait avec une table de nuit occupée par une lampe Pigeon et un lit défait à propos duquel Théodule Mermet s’excusa : il n’avait pas eu le courage de s’y remettre après ce qui venait de se produire.
    — J’ai préféré me faire un peu de café pour me réchauffer, expliqua-t-il. En voulez-vous ?
    — Avec plaisir, mais je m’en voudrais de vous déranger !
    — Vous ne me dérangez pas-Ça fait plaisir de parler avec quelqu’un comme vous…
    — Je n’ai rien de particulier, sourit Aldo en trempant ses lèvres dans le café chaud, meilleur qu’il ne s’y attendait.
    — Vous savez bien que si. La grosse qui était avec vous tout à l’heure n’est pas non plus comme tout le monde. Mais elle je l’ai déjà vue. Vous n’êtes pas russe au moins ? ajouta-t-il avec une soudaine inquiétude.
    — Non, rassurez-vous ! Je suis vénitien…
    — Oh ! Vénitien ! Comme Casanova !
    Apparemment il n’était pas sans culture et Morosini ne put s’empêcher de rire :
    — Pas à ce point-là : ma mère était française. Dites-moi, votre voisin, vous le connaissiez bien ?
    — Je ne le connaissais absolument pas ! Il est arrivé il y a à peu près un mois avec la grosse romanichelle qui était avec vous. Il avait une mine de papier mâché et, dans les débuts, elle venait tous les jours. La propriétaire aussi est venue le voir puis, à mesure qu’il allait mieux sans doute, il a vécu tout seul. Il ne parlait à personne. Un vague salut quand il rencontrait quelqu’un et pas plus. D’ailleurs je crois qu’il ne parlait pas bien français. Y a juste le gamin du rez-de-chaussée à qui il faisait attention. Je les ai vus quelquefois ensemble : ils avaient l’air de bien s’entendre.
    — Mais il a bien des parents, ce gamin ?
    — Rien que son grand-père. Un brave homme d’ailleurs. Sourd comme un pot mais bavard comme une pie et qui vit chichement d’une petite retraite. Le gamin fait des courses ou des petits boulots par-ci par-là. Il doit avoir une douzaine d’années…
    — Et l’école ?
    — Il y va de temps en temps quand il n’a rien d’autre à faire, pourtant faut pas croire que c’est un voyou ! Il est un peu gavroche mais c’est un bon petit. Il s’appelle…
    — En tout cas, si le grand-père est sourd, lui ne doit pas l’être. Il n’a rien entendu ?
    — Vous allez pouvoir lui demander. Il est quatre heures et il se lève toujours tôt… On l’appelle Jeannot. Jeannot Le Bret comme son grand-père.
    Le crissement des freins d’une voiture interrompit la conversation et jeta Morosini à la fenêtre, mais trop tard pour voir qui venait d’entrer dans la maison. Alors il rejoignit la porte contre laquelle il colla son oreille après l’avoir entrouverte avec précaution. Des pas prudents montaient l’escalier qui craquait moins que précédemment : la personne devait peser moins lourd que Masha… Un léger pinceau lumineux se déplaçait. Le visiteur devait être armé d’une lampe électrique. Bientôt une silhouette passa devant le champ de vision de Morosini. Il était étroit mais suffisant pour
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