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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur
Autoren: Juliette Benzoni
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prendre et on a d’aut’es moyens d’le faire parler… » Un autre l’a fait taire et ils sont partis. Mon malheureux voisin ne tenait déjà plus sur ses pieds et par la fenêtre je les ai vus le porter dans la voiture. Une limousine noire.
    — Il y a longtemps qu’ils sont partis ? gronda Masha.
    — Oh, ils devaient tourner tout juste le coin de la rue quand vous êtes arrivés et j’ai cru qu’ils revenaient. Mais je vous ai vus sortir d’un taxi. Qui êtes-vous ?
    — Qui êtes-vous vous-même ? riposta la tzigane. Je ne vous ai jamais rencontré quand je venais ici…
    — C’est que je travaille toute la journée et la nuit je dors. Je m’appelle Mermet et je suis expéditionnaire chez Dufayel (2) . Vous allez prévenir la police ou je dois le faire ?
    — Vous ne faites rien du tout ! fit Masha, rogue. C’est nous que ça regarde.
    — Ce n’est pas très raisonnable ! émit Aldo qui voyait se profiler une guerre de bandes rivales. Vous êtes des émigrés et…
    — … et chez nous, les tziganes, on ne croit pas à la police. Piotr était l’un des nôtres… même si c’était une sorte de brebis galeuse. Mes frères et nos parents doivent être mis au courant. Ce sont eux qui décideront. Allez vous recoucher, vous, ajouta-t-elle à l’intention de M. Mermet, et ne parlez à personne de cette histoire !… À propos, ils avaient l’air de quoi, les ravisseurs ?
    — Je ne les ai pas bien distingués. Seulement par le trou de la serrure et aussi de ma fenêtre. Il y en avait un très grand et un assez petit. Plutôt frêle. Ces deux-là portaient de longs manteaux et des chapeaux noirs enfoncés sur les yeux. Les deux autres avaient des casquettes et ressemblaient à des forts des Halles…
    — C’est bien. Je vous remercie ! Rentrez chez vous ! dit Masha dont la voix devint soudain très douce. Et ne vous étonnez pas si vous me revoyez…
    Sans brutalité elle le poussa vers la porte qu’elle referma sur lui de son mieux.
    — Vous avez l’intention de rester ici ? demanda Morosini.
    — Je veux voir quelque chose…
    Elle s’approcha de l’étroite cheminée où des braises s’éteignaient trop lentement à son gré car, ramassant une casserole par terre, elle alla la remplir au robinet du palier puis revint y jeter l’eau. Elles sifflèrent en dégageant une épaisse fumée. Elle ouvrit la fenêtre en grand :
    — Espérons que personne n’aura l’idée d’appeler les pompiers, marmotta-t-elle.
    — On peut vous demander à quoi vous jouez ? fit Morosini qui la regardait faire.
    — Je veux vous montrer ce pour quoi je vous ai fait venir… si ça y est encore évidemment !
    Elle attendit quelques instants que tout soit suffisamment refroidi, puis s’emparant de la toile cirée qui couvrait la table, elle l’étendit sur les cendres afin de s’agenouiller sans trop abîmer sa jupe de satin et se mit en devoir de fouiller le fond de la cheminée, suivie avec intérêt par l’œil attentif de son compagnon. Au risque de se casser les ongles, elle réussit à extraire une brique, plongea la main dans l’ouverture et ramena une boîte en fer de petites dimensions qu’elle posa à côté d’elle tandis qu’elle remettait la brique en place et arrangeait les cendres de façon à ôter toute trace de son intervention. Après quoi elle se releva, secoua la toile cirée qu’elle remit sur la table, puis tendit la boîte à Morosini :
    — Ouvrez ! intima-t-elle. Mes mains sont trop sales pour cette merveille !
    Il obéit, souleva le couvercle, prit un objet enveloppé de plusieurs couches de coton hydrophile qu’il ôta et eut une sourde exclamation en amenant à la lumière jaune de la lampe à pétrole un extraordinaire joyau composé d’une énorme perle, la plus grosse qu’il eût jamais vue, montée en pendentif au moyen d’un culot de diamants qui, pour être petits, n’en étaient pas moins d’une excellente qualité. Son orient d’un blanc pur était admirable et il la fit jouer un instant entre ses doigts pour le voluptueux plaisir de la caresser. En même temps sa prodigieuse mémoire des joyaux célèbres – une perle de cette grosseur ne pouvait qu’en faire partie ! – se mit à fonctionner sans d’ailleurs lui fournir le renseignement demandé. Que pouvait-elle bien être ? Il connaissait les plus imposantes de ses sœurs, comme la légendaire « Pérégrine », et savait dans quelles collections elles
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