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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur
Autoren: Jean Markale
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fraternellement les éperons aux autres jeunes gens, leur eurent ceint l’épée et donné la colée, tous assistèrent à la messe dans la grande église de Carduel où, pour l’occasion, le roi Arthur arborait sa couronne, laquelle lui ornait richement le chef. Ainsi devint chevalier Karadoc, fils du roi de Vannes et petit-neveu du roi Arthur.
    Sur les tables dressées dans la grande salle de la forteresse, les serviteurs avaient déployé les nappes et déposé le pain, le vin, les couteaux les plus précieux, les coupes d’or et d’argent, ainsi que les vases les plus ouvragés. S’étant défait de son manteau, Kaï s’en vint, une petite badine à la main, vers le roi. « Roi, dit-il, quand il te plaira, je ferai apporter l’eau. » Arthur le regarda d’un air sévère : « Kaï, je m’étonne toujours de ton impatience. Tu connais pourtant la coutume : depuis que je suis roi et que je tiens ma cour, je n’ai jamais commencé à manger que l’on n’ait vu quelque prodige. Tu attendras comme tout le monde. » Or, comme ils étaient en train de parler, un chevalier monté sur un destrier gris comme fer se présenta à la porte. Il était coiffé d’une sorte de bonnet qui le protégeait de l’ardeur du soleil, vêtu d’une robe d’hermine par-dessus laquelle il avait ceint une épée ornée d’une attache de soie de grand prix. Il mit pied à terre et se dirigea droit sur Arthur. « Roi, dit-il, que Dieu te protège, toi le meilleur et le plus grand souverain qui soit sur la terre. Je suis venu te demander un don, souhaitant que tu me l’accordes. – Par Dieu tout-puissant, répondit Arthur, je n’ai jamais refusé nul don, à moins qu’il ne fût contraire à mon honneur. Demande-moi ce que tu désires. – Eh bien, voici, roi Arthur : le don que je réclame est de recevoir un coup d’épée qui me permette d’en donner un à mon tour. – Comment cela ? dit le roi, très étonné. Explique-toi plus clairement. – Ce n’est pas difficile, reprit le chevalier à la robe d’hermine. Je vais confier mon épée, devant tout le monde, à un chevalier qui voudra bien accepter l’épreuve. Il devra me trancher la tête d’un seul coup. S’il y parvient, et si je peux survivre après ce coup, il devra me rendre la pareille ici même dans un an, devant toute la cour : c’est moi qui lui trancherai la tête, d’un seul coup.
    — Par saint Jean ! s’écria Kaï, je ne le ferais pas pour tout l’or du monde, seigneur chevalier ! Il faudrait être fou pour te frapper à de telles conditions ! – C’est pourtant le don que j’ai demandé au roi, et il me l’a accordé. Personne ne peut nier que j’aie droit à ce don, sans quoi l’on saurait par toute la terre que le roi Arthur ne tient pas sa parole ! »
    Sur ce, il tira son épée du fourreau et la brandit haute et claire devant l’assistance. Arthur était fort ennuyé d’avoir engagé son honneur. Quant aux chevaliers, petits et grands, ils demeuraient interdits, se demandant avec angoisse comment se tirer d’un pareil guêpier. Les voyant perplexes, Karadoc s’avança vers le chevalier à la robe d’hermine, se débarrassa de son manteau, empoigna l’épée solide et tranchante. L’autre lui demanda : « Est-ce qu’on te considère comme le meilleur chevalier de la cour ? – Assurément non, répondit Karadoc, mais certainement comme le plus fou. »
    Là-dessus, le chevalier à la robe d’hermine posa sa tête sur la table et tendit le cou. Le roi et tous les gens présents furent saisis d’une grande angoisse. Quant à Yvain, fils d’Uryen, il faillit courir arracher l’épée des mains de Karadoc, mais il réprima aussitôt ce premier mouvement. Karadoc leva l’épée et en assena un tel coup que la lame s’enfonça dans la table. La tête vola à bonne distance, mais le corps la suivit de si près qu’avant qu’on pût s’en rendre compte, le chevalier avait retrouvé sa tête et l’avait remise sur ses épaules, comme si rien ne s’était produit. D’un bond, il se releva au milieu d’eux, devant le roi, parfaitement sain et sauf. « Roi, dit-il alors, il t’appartient maintenant de tenir ta parole. Dans un an, devant vous tous, je donnerai à ce chevalier un coup semblable à celui qu’il m’a infligé. » Et, sans ajouter un mot, il sortit, renfourcha {11} son cheval et disparut dans un nuage de poussière.
    Durant l’année suivante, Karadoc accomplit bien des exploits, et
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