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La mémoire des flammes

La mémoire des flammes

Titel: La mémoire des flammes
Autoren: Armand Cabasson
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personnelle viendront le récupérer. Ce sont eux qui se chargeront de se renseigner sur cet indice.
    — Avec tout mon respect, Votre Excellence, je préférerais garder cet...
    — La seule chose que vous devez préférer, c’est m’obéir ! Ma police s’occupera de ce symbole ! Elle a l’habitude de ce genre de tâche. Si elle découvre quoi que ce soit à son sujet, vous en serez informé par l’intermédiaire de celui que vous aurez choisi pour vous seconder dans cette enquête. Moins vous aurez entre les mains d’objets compromettants, moins vous courrez de risques.
    Il se tut, pour savourer le plaisir de voir Margont s’abstenir de formuler une nouvelle objection, puis reprit :
    — Cet indice doit demeurer secret. Parce que si l’un des buts que poursuit l’assassin est effectivement que la Police générale le découvre, eh bien nous ne lui donnerons pas ce qu’il veut ! Ensuite, vous rencontrerez Charles de Varencourt, au café Chez Camille , au Palais-Royal, arcade 54, ce soir, à neuf heures. C’est lui qui vous repérera, parce que nous lui avons fait savoir que vous avez une cicatrice à la joue gauche, comme l’indique votre dossier, et parce que vous serez en train de lire en même temps Le Moniteur et le Journal de Paris. Il vous livrera diverses informations et vous déterminerez avec lui la façon dont il vous fera admettre chez les Épées du Roi.
    — Bonne chance, major Margont... conclut Talleyrand.
    Dans sa bouche, ces mots sonnaient comme une épitaphe.

 
    CHAPITRE III
    Les rues de Paris offraient tous les contrastes. Certains, confiants dans le génie militaire de Napoléon, vaquaient à leurs occupations comme si de rien n’était, s’amusant du trouble de ceux qui s’inquiétaient. Le discours des optimistes était joyeusement enthousiaste. Les Prussiens arrivaient ? Ha, ha, la belle farce ! Le 14 octobre 1806, en deux batailles livrées le même jour, l’Empereur à Iéna et le maréchal Davout à Auerstaedt avaient précipité la rutilante armée prussienne dans les limbes. Napoléon allait à nouveau les faire disparaître en quelques heures, avec l’aisance du magicien qui a l’habitude de ce tour. Les Anglais ? Trop peu nombreux ! Et ils ne se soucient que de leur intérêt. À la première défaite, ils laisseront se faire tuer leurs alliés espagnols et portugais et fileront s’embarquer sur leurs navires pour repartir aux Indes, au Canada ou en Afrique ! Les Autrichiens ? Essayez donc de citer une seule victoire autrichienne remportée contre nous ces quinze dernières années ! Les Russes ? Oui, certes, les Russes... Plus coriaces. Invincibles en Russie, avec leurs partisans et leurs cosaques dans notre dos. Mais, en ordre de bataille face à la Grande Armée, c’est une autre histoire ! Battus à Austerlitz, à Eylau, à Friedland, à la Moskova... Les Suédois ? Comptons-les comme des demi-Russes.
    Mais ces propos faciles ne tranquillisaient pas les flots de réfugiés en provenance du Nord-Est qui déferlaient sur Paris.
    Les rues étaient régulièrement encombrées par de longues colonnes de prisonniers. La population se pressait sur leur passage pour se rassurer. C’est vrai qu’ils avaient l’air moins effrayants qu’en imagination, ces cosaques à pied, ces dragons claudicants, ces Autrichiens affamés et ces Prussiens aux uniformes en haillons. On leur tendait un quignon de pain et ils se jetaient dessus avec une avidité telle qu’il fallait retirer sa main de peur de laisser un doigt entre leurs dents.
    Margont avait de la peine à se déplacer. Un officier ! On le hélait, on l’attrapait par le bras... « Où est l’Empereur ? », « Est-il vrai que les Prussiens du général York ont ravagé Château-Thierry ? », « Des nouvelles ! Donnez-nous des nouvelles ! », « Où sont vos soldats ? », « Combien reste-t-il d’Autrichiens, après tous les hommes qu’ils ont perdus ces dernières semaines ? », « C’est le vieux Blucher qu’il faut tuer, c’est lui le plus acharné, avec les autres, on pourra s’entendre ! »... Il ne répondait pas. Se serait-il arrêté que la foule se serait agglutinée autour de lui jusqu’à l’étouffer. Ces gens attendaient de lui qu’il apaise leurs angoisses or, justement, lui aussi avait les siennes. Quand il pensait à la situation, il imaginait l’Empire comme un gigantesque navire prenant l’eau et gîtant de plus en plus.
    Il atteignit enfin sa
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