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La Louve de France

La Louve de France

Titel: La Louve de France
Autoren: Maurice Druon
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terme de Parlement , qui signifie très exactement assemblée,
s’est appliqué en France et en Angleterre à des institutions de commune
origine, c’est-à-dire au départ une extension de la curia régis , mais
qui prirent rapidement des formes et des attributions complètement différentes.
     Le Parlement français, d’abord
ambulant, puis fixé à Paris avant que des parlements secondaires ne fussent par
la suite institués en province, était une assemblée judiciaire exerçant le
pouvoir de justice sur l’ordre et au nom du souverain. Les membres en étaient
d’abord désignés par le roi et pour la durée d’une session judiciaire ; à
partir de la fin du XIII ème siècle et au début du XIV ème ,
c’est-à-dire du règne de Philippe le Bel, les maîtres du Parlement furent
désignés à vie.
     Le Parlement français avait à
connaître des grands conflits d’intérêts privés comme des procès opposant des
particuliers à la couronne, des procès criminels important à la vie de l’État,
des contestations s’élevant à propos de l’interprétation des coutumes et de
tout ce qui touchait, en somme, à la législation générale du royaume, y compris
même la loi de succession au trône, comme on le vit au début du règne de
Philippe V. Mais encore une fois le rôle du Parlement et ses attributions
étaient uniquement judiciaires ou juridiques.
     La seule puissance politique du
Parlement français venait de ce qu’aucun acte royal, ordonnance, édit, grâce,
etc., n’était valable sans avoir été enregistré et entériné par ledit
Parlement, mais il ne commença vraiment d’user de ce pouvoir de refus que vers
la fin du XIV ème et le début du XV ème siècle, quand la
monarchie se trouva affaiblie.
     Le Parlement anglais, lui, était
une assemblée à la fois judiciaire, puisque les grands procès d’État y étaient
évoqués, en même temps que déjà une assemblée politique. Nul n’y siégeait de
droit ; c’était toujours une sorte de Grand Conseil élargi où le souverain
appelait qui il voulait, c’est-à-dire les membres de son Conseil étroit, les
grands seigneurs du royaume, tant laïcs qu’ecclésiastiques, et les
représentants des comtés et des villes choisis généralement par les shérifs.
     Le rôle politique du Parlement
anglais devait à l’origine se borner à une double mission d’information, le roi
informant les représentants de son peuple, choisis par lui, des dispositions
générales qu’il entendait prendre, et les représentants informant le souverain,
par voie de pétition ou d’exposé oral, des desiderata des classes ou des
régions administratives auxquelles ils appartenaient.
     En théorie, le roi d’Angleterre
était seul maître de son Parlement qui restait en somme comme un auditoire
privilégié auquel il ne demandait rien d’autre qu’une sorte d’adhésion
symbolique et passive aux actes de sa politique. Mais dès que les rois
d’Angleterre se trouvèrent dans de graves difficultés, ou bien lorsqu’il leur
arriva de se montrer faibles ou mauvais gouvernants, les Parlements qu’ils
avaient désignés devinrent plus exigeants, adoptèrent des attitudes franchement
délibératives et imposèrent leurs volontés au souverain ; du moins le
souverain eût-il à compter avec les volontés exprimées.
     Le précédent de la Grande Charte de
1215, imposée à Jean Sans Terre par ses barons, et qui portait en essence le
règlement des libertés anglaises, demeura toujours présent à l’esprit des
Parlements. Celui qui se tint en 1311 contraignit Édouard II à accepter
une charte instituant autour du roi un conseil d’ordonnateurs composé de grands
barons élus par le Parlement et qui exerçaient vraiment le pouvoir au nom du
souverain.
     Édouard II lutta toute sa vie
contre ces dispositions, les ayant d’abord refusées puis s’y étant soumis après
sa défaite de 1314 par les Écossais. Il ne s’en délivra vraiment, et pour son
malheur, qu’en 1322 lorsque, les luttes d’influence ayant divisé les
ordonnateurs, il put écraser aux batailles de Shrewsbury et de Boroughbridge le
parti Lancastre-Mortimer qui avait pris les armes contre lui.
     Rappelons enfin que le Parlement
anglais n’avait pas de siège fixe, mais qu’un Parlement pouvait être convoqué
par le souverain, ou réclamer d’être convoqué, en toute ville du royaume où le
roi se trouvait.
    [13] En 1318, donc cinq ans plus tôt, Roger Mortimer de
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