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LA LETTRE ÉCARLATE

LA LETTRE ÉCARLATE

Titel: LA LETTRE ÉCARLATE
Autoren: Nathaniel Hawthorne
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choses justement parce qu’elles en imaginent et espèrent si peu. Les autres éminentes personnes qui l’entouraient se distinguaient par la dignité de maintien typique d’une époque où les manifestations de l’autorité participaient du caractère sacré des institutions divines. C’étaient, sans doute aucun, de bonnes gens équitables et réfléchis. Mais il eût été malaisé de choisir parmi tous les membres de la famille humaine un nombre égal de vertueuses personnes aussi peu capables de juger le cœur d’une femme égarée, d’y démêler le mauvais et le bon, que l’étaient ces prud’hommes de rigide apparence vers lesquels Hester Prynne tournait à présent son visage. Et sans doute Hester Prynne se rendait-elle compte que ce qu’elle pouvait espérer de sympathie se trouvait seulement dans le cœur plus large et plus chaud de la foule car, en levant les yeux sur la galerie ouverte, la malheureuse pâlit et se mit à trembler. La voix qui avait attiré son attention était celle du Révérend John Wilson {41} , le doyen bien connu du clergé de Boston, grand savant comme la plupart de ses confrères l’étaient alors et, en sus, homme d’esprit bienveillant. Cette dernière qualité n’avait pas toutefois été aussi développée en lui que ses dons intellectuels et lui était, à vrai dire, plutôt un sujet de honte que de contentement de soi. Il se tenait debout là-haut sur le balcon, des boucles grises dépassant sa calotte, ses yeux gris, accoutumés à la lueur voilée de son cabinet de travail, clignant au grand soleil comme ceux de l’enfant d’Hester Prynne. Il avait l’air d’un de ces portraits gravés en sombre aux frontispices des vieux recueils de sermons et n’avait pas plus le droit que n’aurait eu une de ces images de venir se mêler, comme il s’apprêtait à le faire, d’une question de culpabilité, d’angoisse et de remords humains.
    – Hester Prynne, dit le clergyman, je me suis efforcé de persuader mon jeune confrère qui prêche la parole divine en la paroisse dont ce fut ton privilège de faire partie, – et, ce disant, Messire Wilson posait la main sur l’épaule d’un pâle jeune homme debout à côté de lui – je me suis efforcé, dis-je, de persuader mon pieux confrère de prendre ton cas en main, ici, à la face du ciel, en présence de nos sages gouvernants et de tous ces gens assemblés et de faire ressortir la bassesse et la noirceur de ta faute. Te connaissant mieux, il serait mieux à même d’avoir recours aux arguments les plus aptes à vaincre ton endurcissement, afin que tu ne taises pas plus avant le nom de celui qui t’a induite en tentation et si grièvement fait déchoir. Mais quoique étant d’une sagesse bien au-dessus de ses années, il m’objecte, avec la trop grande sensibilité de la jeunesse, que ce serait faire offense à la nature même de la femme que de l’obliger à révéler les secrets de son cœur à la pleine lumière du jour et devant si grande multitude. Pourtant, ainsi que je le lui ai fait valoir et à présent répète, c’est en vérité dans la perpétration du péché et non dans l’aveu que gît la honte. Je lui pose encore une fois la question : auquel de nous deux, frère, incombe le soin de cette pauvre âme pécheresse ?
    Un murmure s’éleva là-haut sur le balcon, parmi les dignitaires puis Messire Bellingham, le Gouverneur, en traduisit le sens, prenant la parole d’un ton autoritaire, tempéré, cependant, par son estime pour le jeune pasteur auquel il s’adressait :
    – Mon bon Révérend Dimmesdale, dit-il, la responsabilité du salut de cette femme relève de vous qui fûtes son pasteur. Il vous appartient donc de l’exhorter au repentir et à l’aveu qui en sera la preuve.
    Cet appel direct attira les regards de toute la foule sur le Révérend Dimmesdale – jeune pasteur venu d’une des grandes universités anglaises, apportant avec lui tout le savoir de l’époque en notre sauvage pays de forêts. Son éloquence et sa ferveur lui promettaient les places les plus hautes de sa profession. Il avait un aspect des plus frappants avec son front vaste et bombé, de grands yeux bruns mélancoliques, une bouche qui, à moins qu’il ne s’obligeât à serrer les lèvres, avait tendance à des frémissements et révélait donc à la fois de la sensibilité nerveuse et beaucoup d’empire sur soi-même. En dépit de ses dons naturels et de ses vastes connaissances, il y avait
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