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LA LETTRE ÉCARLATE

LA LETTRE ÉCARLATE

Titel: LA LETTRE ÉCARLATE
Autoren: Nathaniel Hawthorne
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pu mêler son sang impétueux à celui d’une lignée de Puritains pieux entre tous. Mais, peu de temps après la mort du médecin, la porteuse de la lettre écarlate disparut et la petite Pearl avec elle. Et, bien qu’un vague bruit les concernant trouvât de temps à autre moyen de traverser la mer – telle une épave informe qui aborde au rivage avec des initiales gravées sur son bois – on n’eut d’elles aucune nouvelle authentique durant de longues années. L’histoire de la lettre écarlate tourna à la légende. Le charme qu’elle dégageait n’en était pas moins puissant et faisait un endroit redoutable du pilori où le pauvre pasteur était mort et aussi de la chaumière du bord de la mer où avait habité Hester Prynne.
    Près de celle-ci, des enfants étaient en train de jouer, certain après-midi, quand ils virent approcher de la porte une femme de haute taille, en robe grise. Cette porte, durant toutes ces années, n’avait pas été ouverte une seule fois. Mais la femme, ou en avait la clef, ou vit céder sous sa main le bois et le fer délabrés, ou se glissa, telle une ombre à travers le battant – toujours est-il qu’elle entra.
    Sur le seuil, elle fit une pause – se détourna à demi car l’idée de se trouver toute seule, et après tant de changements, dans la maison où s’était déroulée, autrefois, une vie si intense, était peut-être trop sinistre pour être supportable. Mais son hésitation ne dura qu’un instant – assez toutefois pour laisser voir sur sa poitrine une lettre écarlate.
    Hester Prynne était revenue prendre le fardeau si longtemps délaissé de sa honte. Mais où était la petite Pearl ? Elle devait, si elle vivait encore, se trouver dans l’éclat et l’épanouissement de sa jeunesse ? Personne n’en sut rien. Personne n’apprit jamais avec certitude si l’enfant-lutin était descendue avant l’heure dans une tombe de jeune fille, ou si sa nature riche et sauvage s’était adoucie et l’avait rendue capable d’un doux bonheur de femme. Mais tout au long du reste de la vie d’Hester Prynne, des détails indiquèrent que la recluse à la lettre écarlate était un objet d’affection pour quelque habitant d’un autre pays. Des lettres lui arrivaient, scellées de cachets armoriés mais dont les armes étaient inconnues de la science héraldique anglaise. Dans la chaumière se trouvaient des objets de commodité et de luxe dont Hester ne se souciait jamais de faire usage, mais dont seule la richesse avait pu faire emplette, que seule l’affection avait pu songer à lui faire parvenir. Il y avait aussi des bagatelles, de menus ornements, de beaux travaux qui témoignaient de la constance d’un souvenir, et devaient être l’œuvre de doigts délicats poussés par les élans d’un cœur plein de tendresse. Et, une fois, on vit Hester broder un vêtement de nouveau-né avec un tel déploiement de fantaisie et de magnificence que, dans notre communauté vouée aux teintes sérieuses, un scandale public eût été soulevé par un petit enfant en semblable appareil.
    Bref, les faiseurs de commérages du temps croyaient – et M. l’Inspecteur Pue, qui s’est livré un siècle plus tard à maintes investigations, croyait et un de ses tout derniers successeurs en son poste croit avec lui – que Pearl était non seulement en vie, mais mariée et heureuse ; qu’elle n’oubliait pas sa mère et l’aurait bien joyeusement accueillie, cette mère solitaire et triste, à son foyer.
    Mais il y avait, pour Hester Prynne, une vie plus réelle ici, en Nouvelle-Angleterre, qu’en ce pays inconnu où Pearl avait trouvé un foyer. C’était ici qu’elle avait péché, ici qu’elle avait souffert, ici qu’il lui restait encore à faire pénitence. Aussi était-elle revenue et avait-elle repris – de sa propre volonté car aucun des sévères magistrats de cette époque de fer ne l’y eût obligée – le symbole qui vient de faire le sujet de cette sombre histoire. Il ne devait plus jamais quitter sa poitrine. Mais au long des années pénibles et lourdes de pensées qui devaient composer la fin de la vie d’Hester, la lettre écarlate cessa d’être un stigmate attirant l’amer mépris du monde. Elle devint le type de quelque chose sur quoi s’affliger, un objet à la fois d’horreur sacrée et de révérence. Et, comme Hester n’avait aucune fin égoïste, ne vivait ni pour son intérêt ni pour son plaisir, les gens allaient à elle
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