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LA LETTRE ÉCARLATE

LA LETTRE ÉCARLATE

Titel: LA LETTRE ÉCARLATE
Autoren: Nathaniel Hawthorne
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vous en semble, mes commères ? Si cette coquine avait passé en jugement devant nous autres cinq que voici, s’en fût-elle tirée avec la sentence que rendirent nos dignes magistrats ? Par ma foi, je gage bien que non !
    – J’ai ouï dire, remarqua une autre, que son pieux pasteur, le Révérend Dimmesdale, prend fort grièvement à cœur que pareil scandale ait éclaté parmi les brebis de son troupeau.
    – Les magistrats sont de bons seigneurs craignant Dieu, mais trop cléments de beaucoup, commenta une troisième dame en son automne. Ils auraient à tout le moins dû lui marquer le front au fer rouge. M me  Hester aurait alors, par ma foi, tressauté un brin ! Tandis qu’elle ne se souciera mie, l’effrontée drôlesse, de ce qu’ils lui pourront mettre au corsage ! Vous verrez qu’elle l’ira celer d’une broche ou autre ornement de païenne et marchera ensuite par les rues aussi pimpante que devant !
    – Ah ! mais, protesta avec plus de douceur une jeune femme qui tenait un enfant par la main, elle aura beau celer la marque à sa fantaisie, elle pâtira toujours dessous d’une brûlure au cœur.
    – Ouais ! que devisons-nous de marques et de brûlures sur le corps de sa robe ou la peau de son front ! cria la plus laide en même temps que la plus impitoyable de ces spectatrices en train de s’ériger en tribunal. Cette femme a attiré la honte sur nous toutes et bien mériterait la mort. N’y a-t-il point de loi qui l’y condamne ? Si fait, et tant en l’Écriture {37} qu’en notre Code {38} . Que les magistrats qui n’ont su l’appliquer ne s’en prennent qu’à eux si leurs épouses et leurs filles demain sortent du droit chemin !
    – Miséricorde, ma commère ! s’écria un des hommes de la foule, n’y a-t-il donc pas de vertu en la femme hors celle qu’inspire la saine terreur du gibet ? Voici bien la plus âpre parole ! Mais paix à présent, voisines, car la clef tourne en la serrure et M me  Hester va sortir en personne.
    La porte de la prison ayant été grande ouverte de l’intérieur, on vit d’abord apparaître, telle une ombre noire se montrant au soleil, la sinistre silhouette du prévôt. Épée au côté et baguette à la main, ce personnage préfigurait, par son aspect, l’écrasante sévérité de la loi puritaine qu’il entrait en son rôle d’appliquer au vif de la personne du coupable. Il étendit sa baguette officielle de sa main gauche et posa sa main droite sur les épaules d’une jeune femme qu’il fit de la sorte avancer jusqu’à ce que, parvenue au seuil de la prison, elle le repoussât, d’un geste empreint de dignité naturelle et de force de caractère, pour sortir à l’air libre comme par sa propre volonté. Elle portait dans ses bras un enfant, un nouveau-né de trois mois, qui clignait des yeux et détournait son petit visage de la trop vive lumière du jour, car son existence ne lui avait jusqu’alors fait connaître que la pénombre d’un cachot ou de quelque autre sombre appartement de la prison.
    Quand la jeune femme, la mère de l’enfant, se trouva pleinement exposée à la vue de la foule, son premier mouvement fut de serrer étroitement le nouveau-né contre elle. Ceci moins par tendresse maternelle que pour dissimuler certaine marque sur sa robe. L’instant d’après, jugeant sagement qu’un des signes de sa honte ne servirait que bien mal à cacher l’autre, elle prit l’enfant sur son bras. Puis avec une rougeur brûlante et pourtant un sourire hautain, elle leva sur les habitants de la ville le regard de quelqu’un qui n’entend pas se laisser décontenancer. Sur le corsage de sa robe, en belle étoffe écarlate et tout entourée des arabesques fantastiques d’une broderie au fil d’or, apparut la lettre A. C’était si artistiquement ouvré, avec une telle magnificence, une telle surabondance de fantaisie, que cela faisait l’effet d’un ornement des mieux faits pour mettre la dernière main au costume que portait la jeune femme – lequel répondait par sa splendeur au goût de l’époque, mais outrepassait de beaucoup les limites permises par les lois somptuaires de la colonie.
    La jeune femme était de haute taille avec une silhouette de parfaite élégance en ses imposantes dimensions. Elle avait d’abondants cheveux bruns, si soyeux qu’ils reflétaient les rayons du soleil et un visage, qui, en plus de la beauté des traits et de l’éclat du teint, frappait par l’ampleur du front
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