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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés
Autoren: Sven Hassel
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ne pouvait s'attarder davantage. Quand elle fut repartie, toute la salle prit une cuite avec les vins et les alcools qu'elle avait apportés.
    Un jour, Stolpe disparut de mon horizon. Ils l'avaient expédié dans un établissement psychiatre spécial. Une semaine plus tard, je reçus cette carte postale:
    Fabrique de Sauts Périlleux, Nuremberg, le 18 avril 1944.
    Mon cher Sven,
    Dans quelle merde n'ai-je pas atterri ! Défense de fumer. Défense de sortir. Je vais aux chiottes en grand secret, car j'ai peur d'apprendre, un de ces quatre, que c'est également défendu. Jusqu'au repas d'hier soir, je bouffais sous mon lit, mais une infirmière m'a expliqué qu'il était pas défendu de manger. Toutes les portes sont bouclées, sauf celle des chiottes, qui est grande ouverte. Il y a des barreaux de fer à toutes les fenêtres, mais je ne sais pas si c'est pour nous empêcher de filer ou nous protéger des attaques extérieures.
    Salut et fraternité. Ernst le Maboul.
    « Chérie ! »
    — Chéri ! Oh! c'est bon de te retrouver, Sven / Tu m'as tant manqué...
    — Et toi aussi, Barbara, ta m'as manqué. Donne-moi cette valise. J'ai une voiture, là-bas. Tu as faim ?
    —  Si j'ai faim ? Tu vas voir...
    Après le repas, je l'accompagnai à son hôtel où elle prit un bain et se reposa une demi-heure des fatigues de ce nouveau déplacement. Chose curieuse, nous ne profitâmes point de notre solitude pour tomber dans les bras l'un de l'autre. Nous étions si bien comme ça, tellement sûrs de nous-mêmes. Et nous avions tant de choses à nous dire. Le reste pouvait attendre. Nous dînâmes à Potsdam avant d'aller nous balader, main dans la main, parmi les pelouses du parc Sans-Souci.
    Un nouveau raid massif tournait et grondait sur Berlin. Barbara se pressa nerveusement contre moi tandis que nous observions les flammes et la fumée qui montaient de Neuköln. Vague après vague, les bombardiers survolaient la ville et se délestaient de leur chargement.
    Soudain, une longue plainte aiguë... D'un geste fulgurant, je projetai Barbara face contre terre et me couchai près d'elle. Une autre bombe arrivait en hurlant. Prise de panique, Barbara se releva d'un bond, courut en criant sur la route.
    Je me remis sur pied, m'élançai dans son sillage.
    — Barbara ! A plat ventre, Barbara ! Barbara...
    D'autres sifflements me firent plonger dans le fossé.
    J'encaissai une pluie de mottes de terre, me relevai péniblement, au bout de quelques secondes. Barbara avait disparu.
    Je la trouvai deux cents mètres plus loin, allongée dans une mare de sang.
    Je ne voyais rien, je ne ressentais rien. Je n'entendis pas les sirènes beugler la fin de l'alerte. Une voiture s'arrêta. Un homme en uniforme m'entraîna. Ils enveloppèrent le corps de Barbara dans une couverture...
    On me déshabilla. Un médecin parla de « choc ». Une main me tâta le pouls, une main qui tenait mon poignet de la même façon très douce très compétente, que l'avait fait Barbara... Barbara qu'ils m'avaient tuée.

Commandant de compagnie

    JE rejoignis mon régiment avec le grade d'Oberleut-nant et les fonctions de commandant de ma vieille compagnie. Von Barring avait été promu Oberstleutnant et commandait le bataillon. Il ne restait, de la vieille cuvée, que von Barring, Hinka, le Vieux et moi. Le Vieux était maintenant Oberfeldwebel.
    Un matin gris et froid, un triste matin de pluie, le Vieux et moi redescendions du front. Nous approchions de notre village, suivant une des voies de chemin de fer. Nous allions atteindre la gare provisoire, où se trouvait un énorme dépôt de munitions, quand il y eut un sifflement familier dans les airs. Le Vieux me flanqua une poussée qui m'expédia dans le fossé, la tête la première, et m'y rejoignit d'un seul bond.
    Pendant une demi-heure, ce fut une de ces fins du monde dont nous avions désormais l'habitude. Les explosions se succédaient à cadence rapide, dans un grand roulement de tonnerre, dans un concert inimaginable de hurlements et de sifflements et de déflagrations titanesques. D'immenses flammes d'une blancheur aveuglante claquaient dans les airs comme des mèches de fouet. Des caisses d'obus explosaient en cours de trajectoires, dispersant leur contenu dans toutes les directions. 
    Deux wagons de chemin de fer quittèrent le sol et retombèrent à cent cinquante mètres de leur point d'essor, dans les terres labourées. Le châssis tout entier d'un lourd wagon de marchandises creva le toit
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