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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés
Autoren: Sven Hassel
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V-2 dans la stratosphère et même un certificat pour le prouver ! Reluque un peu ça !
    Il me tendit un certificat qui représentait en substance le rêve de tout soldat sain de corps et d'esprit :
    L'Obergefreiter Ernst Stolpe, du 7 e Bataillon de Chasseurs Alpins, doit être considéré comme un blessé grave, en raison de trois lésions sérieuses à la tête. En aucune circonstance, il ne doit être soumis à des travaux pénibles ou astreint à porter un équipement lourd, particulièrement un casque d'acier. En cas d'attaque, il doit être immédiatement dirigé sur le plus proche hôpital militaire.
    Standortlazarett 40 Paris Dr Waxmund, Oberstabsarzt.
    — C'est pas Heil Hitler, ça ? continua-t-il. T'es pas cinglé, toi, non ? Si tu l'es, faudrait pas le dire, parce que c'est pas bon de se faire concurrence. Je porte des lettres et des messages à d'autres cinglés, dans les Q.G. et les garnisons, mais ceux-là, y sont en liberté. Quand j'ai besoin de vacances, je fous mon poing sur la gueule d'un officemard, je lui dédie mon plus doux sourire et je lui montre ma licence. Alors, on m'envoie à l'hosteau. Quand tu seras sur pied, je te ferai visiter Franzenbad, Eger et Prague. Ça te plairait de savoir comment j'ai échoué dans cette fabrique de sauts périlleux ?
    — Sûr!
    Il y avait plusieurs semaines que je n'avais pas souri. J'avais envoyé un télégramme à Barbara, et Barbara était venue et s'était fait transférer à Franzenbad pour pouvoir rester auprès de moi, mais mon moral ne s'était guère amélioré. J'étais si crevé, si désespéré. Barbara se tourmentait beaucoup à mon sujet.
    — Alors, ouvre grand tes esgourdes, mon canari, et pose-les sur le guidon, continua-t-il. La première fois que je me fais lézarder la calebasse, c'est en France, sur un wagon de chemin de fer. Un tronc d'arbre qui m'arrive raide comme balle en travers de l'occiput. Fracture du crâne. Hosteau. Convalo. Sortie. Quinze jours après, je fais voir à un gars la façon de manier une moto comme une moto doit être maniée. Je lâche le guidon et, manque de pot, un salopard a juste filé une palissade à l'endroit où je veux aller ! Je pars en fusée vers la lune, et je me retrouve dans un abreuvoir. 
    L'abreuvoir tient le choc, mon crâne, non ! Fracture du crâne, plus une clavicule en zigzag. Hosteau. Convalo. Sortie. Sans certificat de guérison. Six semaines et je remets ça. Dans un poteau, ce coup-ci. Alors, là, je me dis, faut y aller franco. Eh ben, mon vieux, on se fait pas une idée de ce que c'est difficile d'être reconnu maboul. De faire certifier, noir sur blanc, que t'as une case de vide. C'est sans doute parce que la plupart des bons soldats allemands ont plusieurs cases de vides !
    » Mon petit père, que je me dis, faut que t'y mettes du tien ! Jusqu'à ce que ça morde ! Je commence par casser le pif du toubib de service. Il était fier de son tarin, le mec, il en pleurait ! « Ça vous a plu ? que je lui dis. Je m'appelle Ernst Stolpe. » Zéro. Un après-midi, je vais trouver la mère supérieure, une vierge tout ce qu'y a de plus flétrie d'au moins cinquante printemps, et je lui dis : « Baisse ton caleçon, Cléopâtre, y faut que je te cause. » Ça marche pas non plus. Je suppose qu'elle a cru que c'était vrai, sur le moment. Elle a dû prendre ses désirs pour des réalités !
    » Bon, que je me dis, un vrai soldat allemand n'abandonne jamais ! Ce qu'y me faut, c'est un marteau. Je me procure un marteau et j'attends mon heure. Et puis, un jour, j'entre dans la chambre d'un major. Je le salue poliment, j'admire sa belle piaule privée. Puis je tombe en extase devant sa montre. Une chouette tocante en or, un vrai joyau. Je lui demande si elle est solide. Y me répond pas. Il en bave des galons de général. Je lui balance un clin d'œil, je sors mon marteau et v'lan, sur la dégoulinante ! Vous voyez qu'elle était pas solide, je lui dis. Et j'essuie la tête de mon marteau pendant qu'y se suspend au cordon de la sonnette. De la camelote, que c'était, je lui dis. Et je lui refile dix pfennigs en lui conseillant d'acheter un billet de loterie.
     II ameute la moitié de l'hôpital, mais je m'esbigne en douceur, je descends à la cuisine et je souris à la ronde. Z'avez trop chaud, ici, mesdames, que je dis aux filles. Je vais vous ouvrir une fenêtre. Je ressors mon marteau et je descends huit carreaux. Ça va mieux, maintenant, je leur dis. Ça vous donne un peu d'air frais.
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