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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler
Autoren: Michel Folco
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Cette fois, c’était par la fenêtre qu’Aloïs avait entrevu son père ; il avait reconnu son visage pour l’avoir si souvent consulté sur la miniature, il revoyait le gâteau et les cinq bougies fichées en cercle dessus, et il le revoyait se faire malmener par Georg Hiedler, le pithécanthrope waldviertélien que venait d’épouser sa mère. Aloïs se souvenait que son père avait crié avant de battre en retraite :
    – Maria Anna ! Aloïs ! Ich bin es, dein Karolus !
    Encore aujourd’hui, les raisons qui avaient poussé sa mère à épouser ce Vazierender de Georg Hiedler restaient pour lui un mystère.
    ***
    Georg Hiedler, né à Spital et journalier sans emploi fixe ( Vazierender ), avait séjourné une dizaine d’années dans la capitale impériale. Après avoir admirablement raté tout ce qu’il avait entrepris à Vienne, Georg Hiedler était rentré au pays. Renonçant par avance à se réfugier à Spital chez son frère Nepomuk, il avait déniché de justesse un emploi auprès du meunier de Strones, un hameau de trente-neuf maisons dans le Waldviertel, proche de Weitra.
    La première fois qu’il avait croisé Maria Anna, il avait d’abord cru à une étonnante ressemblance, puis, après l’avoir observée de plus près, il l’avait formellement reconnue comme Fräulein Tout-Sauf-Ça, une pensionnaire du Paradis perdu, un pouf qu’il avait fréquenté chaque fois qu’il en avait eu les finances. Les renseignements qu’il recueillit dans
le village confirmèrent l’aubaine : non seulement Maria Anna avait du bien, mais elle vivait seule avec son petit bâtard chez les Trummelschlager.
    – Tu m’épouses ou je dis tout, à tout le monde…
    Maria Anna eut beau l’implorer à genoux, gémir en se tordant les mains, rien n’y fit, Georg demeura intraitable.
    – J’ai cinquante ans et j’en ai jusque-là de travailler au moulin. Tu dois me comprendre, Fräulein Tout-Sauf-Ça, tu es ma dernière carte.
    Aloïs avait cinq ans lorsque sa mère épousa Georg Hiedler, et sept ans et six mois lorsque celui-ci disparut : le soir il était là, le lendemain il n’y était plus. Maria Anna pleura abondamment la disparition de ses économies, envolées en même temps que son maître chanteur de mari.
    Irrémédiablement brouillée avec ses parents les Schicklgruber, ne possédant aucun autre moyen de subsistance, Maria Anna quitta la chambre qu’elle louait aux Trummelschlager et accepta un emploi de bonne-gouvernante chez un lointain parent, Herr Sillip, veuf de fraîche date, du hameau de Klein Motten (dix maisons). Herr Sillip, ne supportant pas la présence d’une jeunesse gigotante qui lui rappelait un âge qu’il ne retrouverait jamais, exigea que la mère se défît de son fils.
    Maria Anna se rendit alors à Spital où vivait Nepomuk Hiedler, le frère cadet de Georg, et elle le persuada d’accepter son neveu en pension.
    Le 8 janvier 1847, Aloïs (dix ans) travaillait comme apprenti cordonnier chez les Ledermüller, lorsque le père Hansen, le curé de Spital, vint le prévenir du décès par consomption de sa mère.
    Le lendemain, Nepomuk attela sa carriole et conduisit celui qu’il croyait être son neveu à Döllersheim (cent vingt maisons), lieu de la mise en terre.
    La courte cérémonie terminée, le père Zahnschrim présenta au gamin une petite sacoche de cuir contenant la
miniature de Zwettl dans son écrin. Le curé y avait ajouté une mèche de cheveux gris retenus par un ruban noir et jaune.
    – Ce sont les cheveux de ta mère, c’est moi qui les ai coupés… J’ai pensé que ça te ferait plaisir.
    Sur le chemin du retour, Nepomuk le questionna sur le contenu de la sacoche, mais Aloïs observa un mutisme obstiné.
    – Quel fichu cabochard tu fais ! Tu es bien comme ton père, va !
    Ce n’était pas la première fois que Nepomuk le comparait à Georg et cela mettait Aloïs hors de lui.
    En juillet de cette même année, le bedeau de Döllersheim lui rapporta qu’au début du mois de juin un inconnu s’était présenté au village et avait insisté pour que l’on pose une dalle sur la tombe de Maria Anna, puis qu’on érige dessus une croix en fer forgé qui lui avait coûté vingt Krones .
    Les idées en ébullition, Aloïs en déduisit finement que son père, loin de l’avoir abandonné, le recherchait et, tôt ou tard, ne manquerait pas de le retrouver. En attendant, afin qu’il n’ait pas à rougir de son fils lorsque viendrait ce jour,
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