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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler
Autoren: Michel Folco
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terrasses des cafés.
    – Mais que fais-tu ? s’écria le général gouverneur Potiorek. Arrête, ce n’est pas par là qu’il faut passer, il faut continuer tout droit sur le quai pour aller à l’hôpital.
    Franz Urban freina, grommelant entre ses dents (Si on ne me dit rien, je ne peux pas deviner, moi !).
    – Que se passe-t-il encore ? demanda François-Ferdinand.
    ***
    Attablé à la terrasse du Simic, Gavrilo Princip buvait son troisième café turc quand la voiture de tête s’engagea dans la Franz-Josef et lui passa devant. Il reconnut à l’arrière le maire en fez et le chef de la police en haut-de-forme. Dopé d’une sérieuse dose d’adrénaline, Princip se leva et regarda le quai ensoleillé (Rien n’a été annulé, ils vont au musée…
si seulement Grabez avait eu la patience d’attendre !). Il avança sur le trottoir, sa main droite serrant la crosse du browning sous sa veste.
    Soudain, la Gräf und Stift apparut. Comme dans un rêve éveillé, Princip la vit s’arrêter à moins de deux mètres de lui. Il vit le chauffeur se démener à passer la marche arrière, il vit le dos du comte Harrach sur le marchepied, il vit le fanion pendant faute de vent, il vit l’archiduc au shako emplumé, il vit la duchesse Sophie, il vit le général gouverneur Potiorek.
    Comme à l’exercice, campé sur ses deux jambes, Princip tendit son bras armé vers François-Ferdinand, retint sa respiration, tira, visant la tête ; la balle atteignit la gorge, sectionna la veine jugulaire, termina son parcours en se fichant dans une vertèbre cervicale ; dans un même mouvement, Princip tira sur Potiorek.
    Comprenant que son bien-aimé venait d’être blessé, la duchesse Sophie se pencha vers l’archiduc et reçut dans l’aine la balle destinée au général gouverneur : le projectile entra dans l’estomac, perfora une artère, ouvrit les vannes d’une hémorragie galopante.
    Princip eut le temps d’avaler son cyanure, mais lorsqu’il voulut se tirer une balle dans la tête, un passant lui tordit le bras droit et le lui cassa net : il lâcha son arme. Un autre passant lui flanqua un coup de poing sur la nuque et un autre lui donna une sérieuse bourrade dans les côtes, tandis qu’un autre encore lui balançait un vicieux coup de pied dans les chevilles. Princip rendit intégralement le contenu de son estomac dévoyé par le cyanure périmé. Sans l’intervention des policiers, l’infortuné comploteur aurait été lynché sur le trottoir. Un photographe qui se trouvait là prit une photo de la scène.
    Dans la Gräf und Stift, affaissée sur les genoux de son mari, la duchesse Sophie agonisait sans bruit.
    –  Soferl, Soferl, stirb nicht ! répétait entre ses dents serrées François-Ferdinand, le dos paralysé, incapable de bouger.
    – Avez-vous mal, Votre Altesse ? demanda niaisement le comte Harrach.
    – Tenez bon, Votre Altesse, nous sommes bientôt arrivés au Konak, surenchérit Potiorek d’une voix ennuyée.
    – Ce n’est rien, ce n’est rien… ce n’est rien… ce n’est rien… ce n’est…
    Franz Urban arrêtait en douceur la limousine devant le palais du gouverneur lorsque François-Ferdinand expira, les yeux ouverts, Sophie sur ses genoux, morte deux minutes plus tôt. Il était 10 h 40 à toutes les bonnes montres. Trente-cinq minutes plus tard, grâce au télégraphe, la nouvelle déclenchait le branle-bas dans les rédactions et les chancelleries européennes.
    ***
    Un tumulte de voix monta de la Schleissheimerstrasse et s’infiltra dans la chambre du troisième étage qui sentait bon l’huile de lin et l’essence de térébenthine.
    Adolf fronça les sourcils ( Was ist passiert ? ). Les bruits s’amplifièrent, insolites un dimanche après-midi. Il se pencha par la fenêtre et vit dans la rue toutes sortes de gens qui agitaient les poings en vociférant.
    Il se chaussa, rentra sa chemise dans son pantalon, enfila sa veste et sortit sans même se donner un coup de peigne. Il atteignait la neuvième marche menant au deuxième étage lorsque Frau Popp apparut sur le palier.
    – Vous vous rendez compte, monsieur Adolf, on vient d’assassiner votre archiduc François-Ferdinand !
    Le jeune homme connut un passage à vide.
    – Où cela s’est-il passé, Frau Popp ?
    La logeuse eut un geste vers la rue d’où venait le vacarme.
    – Ah, ça, ils le disent pas…
    Adolf dévala les escaliers et déboucha sur le trottoir lorsqu’une voix rauque
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