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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler
Autoren: Michel Folco
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avait raté son coup ! Tout était à refaire.
    Brisant les consignes de précaution, Cvetko Popovic traversa le quai et s’approcha de son camarade.
    – C’est raté ! J’ai rien pu faire ! Il est passé trop vite ! Et puis avec l’explosion j’ai cru qu’ils l’avaient eu !
    Vaso soupira : la voiture de l’archiduc venait de prendre
le virage à gauche et de disparaître. Princip et Grabez n’avaient donc rien fait. L’opération était un échec total.
    – Qu’est-ce qu’on fait ? demanda Cvetko.
    Des cris furieux retentirent du côté de la rivière.
    Ils se penchèrent sur le parapet et virent Cabrinovic agenouillé dans la Miljacka : au lieu de fuir, celui-ci se tordait dans d’horribles grimaces, tandis que des policiers couraient vers lui en lui ordonnant de ne pas bouger. Un groupe de civils, musulmans à en juger par leur fez et leurs pantalons bouffants, rejoignirent les policiers au milieu de la rivière et asticotèrent Cabrinovic à coups de poing et de pied.
    – Si c’est lui qui a lancé la bombe, où est passé Mehmedbasic ?
    Vaso haussa les épaules.
    – Je n’en sais rien, mais Ilic a dit qu’il y aurait un autre passage.
    – Ce serait étonnant qu’après cette bombe ils gardent le même trajet. Peut-être même qu’ils vont tout annuler.
    – Allons-nous-en, c’est dangereux de rester ici.
    – On va où ?
    – On rentre à la maison et on se débarrasse des armes dans les égouts.
    À quelque cent pas de là, près du pont Lateiner, Gavrilo Princip était dans l’expectative. Il entendit l’explosion et les cris, il vit la fumée et il crut à la réussite de l’attentat. Sa déception fut d’autant plus grande lorsque la décapotable passa devant lui, avec à son bord un archiduc absolument vivant. Victime d’une quinte de toux qui le plia en deux, Princip dut sortir son mouchoir.
    Comme Cabrinovic, Grabez, Cubrilovic et Popovic, Princip était tuberculeux, et cela depuis sa petite enfance passée à Obljaj, un village au pied des Alpes dinariques. Ses parents étaient des serfs appartenant aux seigneurs convertis à l’islam trois siècles plus tôt. Berger dans un premier temps, il avait été scolarisé à l’âge de neuf ans, et à treize ans il
avait terminé, avec succès, ses études primaires. Après trois années passées dans une école de commerce il avait renoncé. Je vais retourner à l’école. Je veux apprendre le grec et le latin et puis aussi la philosophie !
    Admis au lycée de Sarajevo à seize ans, Princip avait été renvoyé deux ans plus tard pour avoir participé à une manifestation antigouvernementale. Il était alors parti à pied à Belgrade (deux cents kilomètres) afin de continuer ses études classiques. Quand la première guerre balkanique éclata (18 octobre 1912), il avait voulu s’engager dans l’armée serbe. Sa petite taille, sa maigreur, mais avant tout sa tuberculose avancée avaient rebuté les autorités militaires qui l’avaient déclaré inapte au service.
    Vexé, dépité, humilié jusqu’à la fine moelle, Princip s’était rabattu sur le mouvement clandestin Jeunes Serbes qui l’avait accepté sans objection. Lors des réunions (tenues dans les arrière-salles des cafés locaux), il se lia de camaraderie avec Cabrinovic et Grabez. Puis, un matin d’avril 1914, attablé au café Zlatna Moruna, il lut dans un journal viennois un article en troisième page annonçant la visite officielle en Bosnie du Thronfolger en personne.
    ***
    Princip rejoignit Grabez de l’autre côté du quai.
    – C’est complètement raté !
    – Oui, j’avais remarqué !
    – Qu’est-ce qu’on fait maintenant, où est Ilic ?
    Princip haussa ses petites épaules.
    – Il n’y a qu’Ilic pour le savoir.
    Un bruyant attroupement au milieu de la route s’approchait d’eux. Ils virent deux policiers en fez qui traînaient Cabrinovic à demi conscient, visage tuméfié, les yeux vitreux, les pieds rebondissant sur le pavé ; d’autres policiers
tenaient à distance des civils qui lançaient de vigoureux « Saleté de Serbe », et aussi « Pourriture de Serbe ! »
    – Tu crois que c’est sa bombe ? dit Grabez avec une mimique incrédule.
    – Ça m’étonnerait… mais que ce soit lui ou pas, il va parler… c’est dans sa nature, il ne peut pas s’en empêcher.
    Faute d’une meilleure idée, Princip montra du doigt le café des Frères Simic dans la rue Franz-Josef.
    – Viens, on va
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