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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999)
Autoren: David Robbins
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structures ni entraînement pour les tireurs isolés. L’expérience était leur seul instructeur ; c’était de la bataille qu’ils recevaient leurs ordres. Certains étaient renfrognés, d’autres rayonnaient d’ardeur, prêts à prouver ce qu’ils valaient. Beaucoup avaient de la force, d’autres de la patience, d’autres encore de la cervelle. Fort peu conjuguaient les trois qualités. Zaïtsev et Viktor voyaient les visages défiler, disparaître dans le grand hachoir à viande de la guerre, les rues dévastées, les caves, le métal rouillé.
    — Aucune, mon colonel. Pas de formation.
    Batiouk revint à la première page du carnet.
    — Raconte-moi ta première journée. (Son doigt glissa sur le papier.) Le 8 octobre. Tu as abattu deux Allemands près de la voie ferrée, derrière l’usine chimique.
    À l’aube de son premier jour chez les tireurs isolés, Zaïtsev avait repéré une unité ennemie creusant une tranchée pour relier les épaves de deux wagons de chemin de fer. Le soir, il avait demandé au chef de son peloton, un caporal, la permission de retourner chasser là-bas. Adjudant-chef dans la marine, Zaïtsev était le plus élevé en grade de l’abri et on lui répondit de faire ce qu’il voulait. Avant le lever du jour, Viktor et lui avaient pris position en rampant à trois cents mètres de la tranchée.
    Ils avaient observé les Allemands à la jumelle dans le soleil levant, les avaient laissés se montrer plusieurs fois au-dessus de la tranchée pour leur faire croire qu’ils ne risquaient rien. Puis ils avaient attendu que l’un des soldats cesse de creuser, jette sa pelle sur la terre ou s’appuie dessus. Ce serait le moment de lui tirer dans la poitrine.
    — Pourquoi la poitrine ? interrompit Batiouk.
    Parce que, touché à la poitrine, le soldat lâcherait probablement sa pelle au-dessus du tas de terre en tombant, expliqua Zaïtsev Avec une balle dans le dos, il entraînerait au contraire la pelle avec lui dans le fond de la tranchée. Comme prévu, le premier soldat qui mourut, le cœur percé par la balle de Medvedev, lâcha sa pelle avant de s’effondrer à la renverse dans le trou. Viktor et Zaïtsev avaient braqué leur viseur sur l’outil abandonné à découvert. Quelques minutes plus tard, un bras et une tête étaient apparus au-dessus de la tranchée pour récupérer la pelle. « À toi », avait murmuré Medvedev. La balle de Zaïtsev avait transpercé la joue du nazi.
    Batiouk se pencha en avant, les doigts sous le menton.
    — Où as-tu appris cette tactique ?
    — C’est un truc de chasseur de l’Oural. Dans la taïga, les loups et les autres animaux s’accouplent pour survivre. On attire l’un avec le corps de l’autre.
    Le colonel écarta les mains.
    — Oui, bien sûr. En Sibérie. Nous n’avons plus de loups chez moi en Ukraine, je le crains. (Il tourna plusieurs pages du carnet.) Et là ? La semaine dernière, tu chassais les tireurs embusqués ennemis sur la pente sud du Mamayev Kourgan. (Le colonel approcha le carnet de ses yeux.) C’est quoi, « le coup de l’obus de mortier » ?
    Zaïtsev fournit de nouveau des explications à son colonel. Il avait appris ce stratagème d’un tireur allemand qui décimait les blessés russes pendant leur évacuation par un défilé proche du tertre. Le Sibérien avait pris position au-dessus du ravin et était demeuré à couvert pendant des heures, observant les environs avec son périscope d’artillerie. C’était un excellent appareil qui lui permettait d’inspecter le terrain jusqu’à deux cent cinquante mètres de distance sans se montrer. Près de la crête de la colline, il avait repéré un tas de douilles d’obus de mortier, en avait compté vingt-trois et remarqué que l’une d’elles n’avait pas de fond.
    — Tu les as comptées ? fit Batiouk, soupesant son canif. Une telle attention aux détails est extraordinaire…
    — Pas vraiment, mon colonel. Savoir remarquer un détail est une qualité plus importante que l’adresse au tir de loin. Un mouvement sur le terrain, une pierre déplacée de quelques dizaines de centimètres, un nouveau trou dans un mur sont les seuls indices qui permettent de localiser un tireur isolé. Ce sont les traces que nous lisons, comme des empreintes de pattes dans la neige ou des crottes sur le sol de la forêt…
    « Quand j’ai vu la douille sans fond, je me suis dit que ça ferait un tube parfait pour y glisser le canon d’un fusil. On pouvait
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