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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999)
Autoren: David Robbins
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entre le centre de la ville et le secteur des usines ; son doigt s’arrêta sur un cercle noir.
    — Voici la butte 102,8, dit-il.
    Il se référait à la hauteur de la colline en mètres par rapport au niveau de la mer. Son véritable nom était le Mamayev Kourgan, le tertre funéraire de Mamay, ancien roi tatare.
    — Les Allemands la contrôlent. De là-haut, ils peuvent voir tout ce qui se passe… ici. (Il traça un cercle autour du centre de la ville.) Ici…
    Son index glissa jusqu’aux cinq kilomètres de ruines des trois gigantesques usines. À la veille de la guerre, elles produisaient quarante pour cent des tracteurs et trente pour cent de l’acier de haute qualité de l’Union soviétique. Les bombardements d’août et de septembre les avaient transformées en enchevêtrements gargantuesques de poutrelles, de rails tordus et de briques.
    — Et le pire, ici…
    Le doigt de Batiouk s’arrêta trois fois sur la carte le long de la Volga pour indiquer les débarcadères : point de passage Skudri, derrière l’usine de tracteurs, point de passage n° 62, derrière les Barricades, et les mouillages au sud du Banny Gully, juste en face de Krasnaya Sloboda, principal embarcadère de l’Armée rouge sur la rive gauche.
    — De la 102,8, les guetteurs allemands dirigent les tirs d’artillerie et les bombardements aériens sur les renforts et le ravitaillement qui traversent le fleuve, expliqua le colonel, qui revint à son bureau. Avec un approvisionnement déjà réduit, nous pourrions avoir de gros problèmes si nous ne faisons pas le meilleur usage de ce que nous recevons de la rive gauche…
    Zaïtsev reprit place sur le tonneau.
    — Vous voulez que j’aille chasser sur le Mamayev Kourgan ? Je le connais bien.
    — Pas encore, répondit Batiouk avec un geste de la main. (Il ouvrit le carnet de Zaïtsev à la première page.) Dis-moi comment tu es devenu un tireur isolé.
    Le Sibérien avait vu ses premiers tireurs embusqués dix-huit jours plus tôt seulement pendant la bataille de l ‘usine de tracteurs, deux hommes agiles rampant en direction des balles alors que leurs camarades se réfugiaient dans les abris. Il avait admiré leur courage.
    — Tu aimes opérer seul ? s’enquit Batiouk.
    — J’en ai l’habitude. C’est comme ça que je chasse.
    — Qui t’a affecté chez les tireurs isolés ? Ça s’est passé quand ?
    — Le 8 octobre. On était dans un atelier de l’usine de tracteurs, bloqués par une mitrailleuse. Je sais pas, j’ai rampé vers l’avant, j’ai visé, j’ai tiré.
    — À quelle distance ?
    — Cent soixante-quinze mètres.
    — Tu as abattu le mitrailleur ?
    — Oui.
    — Et ensuite les deux autres nazis qui ont pris sa place.
    — Oui, répéta Zaïtsev, étonné que l’officier connaisse ces détails.
    — Le lieutenant Deriabyne t’a demandé de te présenter à l’unité de tireurs isolés de ma division, c’est bien ça ? Toi et ton ami sibérien Viktor Medvedev — un autre crack du tir — avez commencé le lendemain avec des fusils à lunette…
    Zaïtsev acquiesça de la tête : Batiouk ne sollicitait pas les commentaires.
    — Quelle formation avez-vous reçue ?
    Comme le Sibérien gardait le silence, Batiouk insista en tapotant la table avec son canif :
    — Mm ? Réponds-moi, camarade adjudant.
    Les premiers jours de Zaïtsev dans l’unité des tireurs d’élite avaient été marqués par un silence funèbre. Les neuf autres membres du groupe parlaient peu. Nul ne savait combien de temps il restait à vivre à chacun d’eux. La camaraderie n’existait pas. Les tireurs étaient de jeunes hommes récurés de frais, aux yeux de fouine, athlètes longilignes ou carlins trapus, tous volontaires.
    Ils avaient été recommandés par leur chef de peloton pour leur capacité à abattre une cible de très loin.
    L’unité vivait dans un abri de terre, un trou creusé par un obus et recouvert ensuite de planches et de débris pour le dissimuler aux bombardiers allemands attaquant en piqué. La nuit, quand Zaïtsev et Viktor y retournaient, ils parlaient à la lueur d’une lanterne de leur enfance dans l’Oural. Ils parlaient de bouter l’ennemi hors de Stalingrad, comme si les nazis étaient des animaux sauvages, dirigés plus par l’instinct que par l’intellect. La guerre ôte à l’homme toute humanité pour révéler la bête qui est en lui, pensaient-ils tous deux. C’était cette bête qu’ils devaient traquer et tuer.
    Il n’y avait ni
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