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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999)
Autoren: David Robbins
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dans l’abri des tireurs isolés en fin d’après-midi. Viktor avait pour habitude de rôder du coucher du soleil jusqu’à midi puis de se reposer le reste de la journée.
    — Il veut que j’ouvre une école de tireurs.
    — Toi ? fit Medvedev, lançant le journal contre la poitrine de son camarade.
    Zaïtsev en détacha une page, la roula en boule et la jeta à la tête de Viktor.
    — Batiouk dit qu’il a besoin de héros.
    — Arrête, je vais être malade, répliqua Viktor, qui leva sa masse du sol et se mit à aller et venir, les bras levés en une exaspération feinte. Il veut des héros. Et qu’est-ce qu’il a, en ce moment ? Des moutons ? Des enfants ? (Il se pencha pour ramasser la feuille). Fais pas ça à mon journal. Je le lis, moi. C’est important, ce qu’il y a dedans.
    La mauvaise humeur du colosse amusait Zaïtsev. Il regarda son ami déplier la feuille et la lisser sur la table. Une géante à son repassage, pensa-t-il.
    — T’auras besoin de moi, évidemment, grogna Viktor.
    — Évidemment, Il y a tant de choses que je ne sais pas.
    Medvedev replia soigneusement la feuille froissée.
    — Ces bleus qu’on nous envoie sont trop rapides, trop nerveux. Ils tiennent une semaine avant de se faire dégommer.
    Zaïtsev était de son avis :
    — Des gars de la ville. Des garçons de ferme.
    Il sourit à Viktor, aussi bon chasseur que lui, meilleur même à certains égards. L’Ours ne connaissait pas la peur, il excellait dans la traque de nuit. Il se déplaçait silencieusement malgré sa corpulence ; il montrait de la patience et de l’intelligence dans la chasse. Il était capable de deux tirs précis à trois cent cinquante mètres en cinq secondes. À Zaïtsev, il fallait six secondes. Mais donnez-moi assez de temps pour viser, pensa-t-il, et j’enfonce la tête d’un clou dix fois sur dix à cinq cents mètres dans le vent. L’Ours peut-il en faire autant ?
    Nous formerons une unité de tireurs isolés qui fera exactement ce que Batiouk demande. Les nazis auront peur pour leur vie vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sur la ligne de front comme à l’arrière. Ils n’oseront plus lever la tête de peur qu’une balle ne la fasse éclater. Nous serons les tueurs de l’Armée rouge, frappant partout.
    Il prit son carnet dans son sac, le fit sauter dans sa main, sentit le poids de son contenu.
    Je serai partout.
    — Excuse-moi, camarade, je peux entrer ?
    Zaïtsev ouvrit les yeux, consulta sa montre : 4 heures du matin. Une main releva la couverture fermant l’entrée de l’abri ; une lanterne apparut, éclairant une tête joufflue aux yeux sombres coiffée d’une chapka ornée d’une étoile rouge, l’insigne de commissaire.
    Le Sibérien secoua la tête, se leva.
    — Je t’ai réveillé ? fit le commissaire en pénétrant dans l’abri.
    Il était courtaud, trapu ; le bas de sa capote tombait sur ses bottes étincelantes et touchait presque le sol. Les premières bottes astiquées que je vois depuis un mois, se dit le Lièvre.
    — Entre, camarade.
    — Tu es Vassili Grigorievitch Zaïtsev ? (Sans attendre
    de réponse, l’homme tendit la main et se présenta.) Je suis le capitaine Igor Semyonovitch Danilov, journaliste à l’Étoile rouge. Le colonel Batiouk m’a demandé de te parler.
    Zaïtsev serra la main offerte, s’assit sur son sac de couchage. Danilov s’installa sur la terre battue, le dos au mur, tira d’une poche un cahier et un crayon.
    — Le colonel nous a donné une mission à chacun. Toi, tu crées une école de tireurs au 284 e ; moi, je te sers d’agent de liaison politique. Il m’a longuement parlé de toi, Vassili Grigorievitch.
    Le commissaire griffonna quelque chose sur son cahier, poursuivit :
    — Je sais que tu dois être le chef de cette nouvelle école, camarade. Je pense que l’Étoile rouge t’aidera à recruter si elle en parle dans ses articles.
    — Je sais pas, fit Zaïtsev avec un haussement d’épaules. Je ne la lis pas.
    — Tu devrais. Il y a plein de choses intéressantes dans l’Étoile rouge. Des histoires de bravoure. Des tuyaux, des conseils, des instructions. Des nouvelles du Parti. Et même le programme des théâtres de Moscou… (Zaïtsev ne dit rien.) Vassili, tu as tué plus de quarante Allemands en dix jours. Tu es un héros.
    Le Lièvre sentit quelque chose se gonfler dans sa poitrine, sans savoir si c’était une sensation agréable ou pas. Il imagina un ballon de baudruche. S’il devient trop gros, il
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