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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses
Autoren: Jean (d) Aillon
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reçu un coup de lance qui l’a fait chuter de cheval.
Il a depuis de cruelles douleurs au ventre.
    — Je me remettrai, mon cousin, le rassura
le prince de Condé, avec une sorte d’affliction. J’ai déjà fort honte d’être
céans assis alors que vous êtes debout.
    Il tenta de se lever et Navarre lui prit
affectueusement la main pour l’aider.
    — Pour répondre à votre question, mon
cousin, oui, monsieur de Hauteville mérite ses éperons, murmura Condé.
    — Mornay, et vous, Rosny, je ne vous
interroge pas ! Je sais combien vous aimez M. Hauteville, poursuivit
Navarre avant de s’approcher d’Olivier.
    » Monsieur Hauteville, laissez-moi vous
porter l’accolade. D’ailleurs, ici, en Béarn et Gascogne, on dit l’accolée !
    Alors que Hauteville tombait à genoux, le roi
le saisit par le cou et les épaules et lui donna une forte bourrade, ce qu’on
appelait la chère et grande accollée. Celle qui faisait du roturier un
chevalier gentilhomme.
    — Relevez-vous, chevalier, et continuez à
me bien servir.
    À ce moment, des gardes entrèrent en
transportant des corps dénudés.
    — Qu’est cela ? demanda Navarre.
    — Ce sont les corps de M. de Joyeuse
et de son frère, sire. Vous les avez demandés.
    — Ces chiens peuvent rester dehors !
lança une voix en colère.
    — Dehors ! approuvèrent plusieurs
autres.
    — Silence, messieurs ! leur répliqua
Henri avec sévérité. Ce moment est celui des larmes, même pour les vainqueurs !
Vous les laverez dans une chambre et que leurs restes soient portés au roi de
France. Je lui écrirai ce soir [86] .
    » Mes amis, c’est à ce coup que nous
ferons perdre l’opinion que l’on avait prise que les huguenots ne gagnaient
jamais de bataille, car en celle-ci, la victoire y est tout entière alors qu’ils
étaient deux fois aussi forts que nous.
    » Je veux, messieurs, poursuivit-il, que
nous recevions bien nos prisonniers. Au souper de ce soir, certains dîneront
avec nous. Nous leur rendrons leurs armes et les renverrons sans rançon.
    Il y eut des murmures de désapprobation.
    — La seule rançon que je souhaite, poursuivit
le roi d’un ton ferme, est le retour de la paix et de l’édit de Poitiers. Ce
sang qui se répand me fâche trop !
    Sortant du château, encore tout étourdi par ce
qui lui arrivait, Olivier fut rejoint par M. de Mornay.
    — Olivier, je suis si fier et si heureux
pour toi !
    — Merci, monsieur, car je crois que vous
êtes pour quelque chose dans les honneurs qui m’arrivent.
    — Non ! Tu ne les dois qu’à toi-même,
et au roi. Cela fait longtemps qu’il y songeait, mais il attendait une occasion.
Fait chevalier sur le champ de bataille, par le roi lui-même, te donne une
noblesse rare, la noblesse de sang, celle qu’on dit la première noblesse.
    — Cela va-t-il changer quelque chose… pour
Cassandre ?
    — C’est de cela que je voulais te parler.
J’ai interrogé le roi. Il est bien trop tôt pour envisager un mariage. Tu sais
que depuis que Mme de Limeuil a fait parvenir ses documents, la
filiation de Cassandre a été reconnue. Henri III l’a fait enregistrer par
le chancelier, M. de Cheverny. Et toi, tu viens juste d’être fait
chevalier. Mais surtout, il y a le prince de Condé. Je crains qu’il ne s’oppose
toujours à cette union. Il m’a parlé de projets qu’il avait pour Cassandre, et
de dot qu’il est prêt à faire. Pour l’instant, il est le principal obstacle, et
comme chef de famille, Cassandre ne peut aller contre lui.
    — Rien n’a donc changé ?
    — Laisse faire le temps, ta patience et
ton roi, conclut Mornay, en le serrant affectueusement.
    Le soir, n’étant pas
invité au souper des capitaines, Olivier dormit dans une grange avec le sergent
et les soldats qui servaient la couleuvrine. Le lendemain, un page de M. de Rosny
vint le chercher.
    Rosny avait pris possession d’une belle maison
du village avec un puits devant. Une dizaine de chevaux étaient attachés dans
la cour. Olivier entra. Dans la pièce principale s’entassaient des coffres, fruits
du pillage du baron. Celui-ci, en culotte bouffante, pourpoint et fraise, surveillait
attentivement l’inventaire qui en était fait. Sa longue barbe était bien
peignée et son visage affichait sa satisfaction.
    — Ah ! Monsieur Hauteville, venez
par là, nous avons à parler.
    Il le prit par l’épaule et le conduisit dans
une chambre située derrière la salle. Il y avait là un
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