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La grande Chasse

La grande Chasse

Titel: La grande Chasse
Autoren: Heinz Knoke
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compris. Il faut que je me sauve, — c'est ma dernière chance.
    Déjà, j'ai fait demi-tour et m'élance vers le bois. Le gaillard à la mitraillette court derrière moi. Du coin de l'œil, je le vois lever son arme. Au moment où il appuie sur la gâchette, je me jette derrière un petit tertre. Autour de moi, les balles soulèvent des geysers miniatures de poussière.
    Comme le gaillard baisse la tête pour changer de chargeur, je tire mon revolver. D'un coup de pouce, je repousse le cran de sûreté. D'un bond, je me dresse et fais feu. L'homme s'écroule avec un râle. Je me baisse et lui enlève sa mitraillette. Désolé, mon cher, mais c'était toi ou moi... Haletant, je me précipite dans les fourrés. Au bout de quelques mètres, je me planque derrière un tronc. Les autres Français ne m'ont pas suivi.
    Un quart d'heure plus tard, je rencontre un détachement de chars allemands. A la tombée de la nuit, je regagne mon terrain.
    Vers minuit, le commodore m'appelle pour m'annoncer que l'ennemi a réalisé une profonde percée en direction de Soissons. Ses pointes avancées se trouvent au sud, à l'est et au nord de notre terrain. Si nous ne les arrêtons pas à Laon, ils prendront toutes les unités qui se trouvent encore dans la région comme dans une immense nasse.
    Il faut partir, sur-le-champ. Je donne l'ordre de transférer l'escadre dans la région de Beaumont, en Belgique, où j'ai fait reconnaître, quelques jours plus tôt, un terrain auxiliaire. Pourvu que nos convois puissent encore traverser le filet ennemi !
    10 septembre 1944.
    A Beaumont que nos camions ont atteint après un voyage épique, par des routes constamment surveillées par l'aviation alliée, nous sommes restés exactement une semaine. A présent, nous campons sur un misérable petit terrain, niché dans un creux des montagnes boisées sur la rive occidentale du Rhin. La rage au cœur, nous attendons vainement les chasseurs à réaction dont les « nuées » devaient mettre fin au cauchemar des bombardements alliés. Or, Hitler a engagé les Me 262 comme « arme de représailles », contre l'Angleterre.
    Quand Göring, Galland et les chefs des grandes unités de chasse ont osé protester, il leur a déclaré qu'il n'admettait aucune discussion au sujet des appareils à réaction. C'était lui qui décidait de leur emploi !
    Et voilà ! La Luftwaffe se saigne à blanc pour essayer de défendre les villes allemandes. La Luftwaffe meurt, courageusement, certes, mais sans pouvoir empêcher les Alliés de raser systématiquement nos villes, nos usines, nos installations ferroviaires, nos centrales de production d'énergie. C'est-à-dire qu'elle meurt inutilement.
    Peut-être une vingtaine d'escadrilles de chasseurs à réaction pourraient-elles encore redresser la situation. En tout cas, c'est notre dernière chance.
    Mais le Haut Commandement tient trop à ses représailles !
    9 octobre 1944.
    Depuis ce matin, je sais que je ne volerai plus jamais.
    A minuit, j'avais reçu l'ordre de conduire immédiatement mon escadre à Anklam, sur la mer Baltique. Comme, trois jours plus tôt, nous avons été transférés en hâte dans la région de Vienne, je commence à me demander si les grands chefs ont encore toute leur raison.
    La route prévue passe par Prague, Dresde et Berlin. Le convoi fera le parcours en une journée et demie. Chaque voiture devra emporter sa provision d'essence, car le ravitaillement en chemin est devenu très précaire.
    A 4 heures de l'après-midi, nous goûtons dans une auberge tenue par un Tchèque. Une demi-heure plus tard, nous repartons. A la sortie du village, une secousse brutale m'arrache le volant. Je le rattrape, mais la voiture n'obéit plus ! A quatre-vingts à l'heure, nous percutons contre un mur. Gerhardt est projeté au travers du pare-brise, le chauffeur, assis à l'arrière, arrive à se dégager et s'effondre à côté du capot défoncé. Quant à moi, coincé sous le volant, les jambes ouvertes, j'essaie vainement de sortir. Tout à coup, un choc effroyable frappe la voiture. Un second véhicule, tout aussi désemparé que le nôtre s'est jeté sur nous. Une douleur atroce monte, foudroyante, le long de mes jambes. Je redouble d'efforts et, après avoir lutté une ou deux minutes, parviens à m'extirper par la portière à moitié arrachée. Il a fallu que je brise le volant dont l'axe a failli me défoncer la poitrine.
    Affalé dans le fossé, je me tâte. Chaque mouvement m'arrache un
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