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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
Autoren: Christophe Verneuil
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était si solidement b‚ti que son nom de famille faisait également office de surnom. Ses cheveux gris étaient coupés si court qu'on apercevait parfois la peau du cr‚ne; les traits de son visage étaient assez agréables, bien que si nets qu'on e˚t pu le croire sculpté dans le granit.
    Son cou épais, ses épaules et sa poitrine larges lui donnaient une allure massive, impressionnante. A l'époque o˘ il était une vedette du football universitaire, les autres joueurs ne l'appelaient que le Taureau; pendant les vingt-huit années qu'il avait passées dans les Marines, nul n'aurait songé à l'appeler autrement que ćhef ª, même ceux qui étaient du même grade que lui.
    Mais tous auraient été étonnés de savoir que, maintenant, Ernie Block avait les mains moites dès que le soleil déclinait sur l'horizon.
    Pour l'instant, Ernie s'efforçait de ne s'intéresser qu'aux réparations mineures à apporter au comptoir.
    Il acheva son travail vers quatre heures moins le quart.
    La qualité de la lumière avait changé. L'ambre et le miel tournaient à l'orange.
    A quatre heures, il reçut ses premiers clients, un couple de son ‚ge. Il fut un peu déçu de les voir prendre leur clef et se retirer aussitôt dans leur chambre.
    La lumière était totalement orange à présent, orange foncé même, sans la moindre trace de jaune. Les quelques nuages d'altitude n'avaient plus l'allure de grands vaisseaux à la blanche voilure, mais de galions écarlates filant vers l'est et le Grand Bassin occupé par la majeure partie de l'…tat du Nevada.
    Dix minutes plus tard, un homme au teint cadavé-reux entra dans le hall. Il travaillait pour le compte du cadastre et prit une chambre pour deux nuits.
    Seul à nouveau, Ernie fit tout son possible pour ne pas regarder sa montre.
    Pour ne pas regarder non plus par la fenêtre car, par-delà les vitres, le jour se mourait.
    Je ne vais pas me mettre à céder à la panique, se dit-il. J'ai fait la guerre, j'ai vu des choses terribles et pourtant, je suis toujours là, aussi costaud que jamais.
    Je ne vais quand même pas craquer parce que la nuit tombe.
    Vers cinq heures moins le quart, le soleil n'était plus orange foncé, mais rouge.
    Son coeur battait de plus en plus vite et il eut l'impression que sa cage thoracique ne pourrait plus le contenir.
    Il se dirigea vers son bureau, s'assit dans le fauteuil, ferma les yeux et respira profondément pour se calmer.

    Il alluma la radio. Parfois, la musique lui faisait du bien. Kenny Rogers chantait la solitude.
    Le soleil toucha l'horizon et disparut lentement. Le cramoisi de fin d'après-midi céda la place au bleu électrique, puis à un violet lumineux qui lui rappela les crépuscules à Singapour, ville o˘ il avait passé deux ans à monter la garde devant l'ambassade.
    Ce fut le crépuscule.
    Pis encore, la nuit.
    A l'extérieur, les lumières, dont l'enseigne bleu et vert facilement visible depuis la route, s'étaient allumées automatiquement avec la tombée du jour, mais cela ne rassura pas Ernie pour autant. L'aurore était à une éternité de là. En attendant, la nuit était seule maîtresse.
    La température chuta très rapidement. Le thermostat du calorifère cliqueta à plusieurs reprises. Il ne faisait pas vraiment chaud, mais Ernie Block était en sueur.
    A six heures Sandy Sarver arriva du Tranquility Grill, qui se dréssait un peu à l'ouest du motel. C'était un petit restaurant de routiers, au menu très limité.
    Sandy, trente-deux ans, et Ned, son mari, tenaient le restaurant pour le compte d'Ernie et de Faye. Sandy servait et Ned faisait la cuisine. Ils vivaient dans une roulotte aux environs de Beowave et faisaient tous les jours le trajet aller et retour dans leur vieille camionnette Ford.
    Ernie sursauta quand Sandy ouvrit la porte. Il avait le sentiment que les ténèbres extérieures allaient se jeter sur lui comme une panthère.
    ´Voilà votre dînerª, dit Sandy en frissonnant à
    cause de l'air froid qu'elle avait fait entrer avec elle.
    Elle déposa sur le comptoir un carton contenant un cheeseburger, des frites, de la compote de pommes et une canette de bière.
    ´ Merci, Sandy. ª
    Sandy Sarver n'était pas vraiment du genre à attirer le regard des hommes, et pourtant elle avait quelque chose. Ses jambes étaient un peu maigres, bien que pas trop désagréables à contempler. quelques kilos de plus ne lui auraient pas fait de mal. Elle avait la poitrine plate, mais cela ne choquait pas. Tout
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