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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta
Autoren: Michel Zévaco
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la tête de ses chevaux. Et la charrette était partie, emportant au haut de sa pyramide de foin le chevalier de Pardaillan, le comte Odet de Valvert et son écuyer, Landry Coquenard.
    La charrette était partie. Et le pis est qu’elle s’en allait vers le Marché-aux-Poirées. C’est-à-dire vers Concini, vers d’Albaran, vers le prévôt et ses archers. Vers toute une bande de loups enragés qui accouraient à toutes jambes pour fouiller la rue, qui, ne découvrant pas leurs cadavres et voyant cette charrette chargée d’un tapis aussi épais et aussi moelleux, ne manqueraient pas de l’arrêter et de la fouiller.
    Ainsi Pardaillan et ses compagnons, après avoir accompli des prodiges de force et d’adresse, après avoir failli cent fois se rompre le cou, seraient pris comme des oiseaux au trébuchet, sottement, ridiculement, au haut d’un tas de foin où ils ne pourraient bouger et se défendre comme il convenait. Et cela au moment précis où ils croyaient bien s’être tirés d’affaire.
    C’était à vous rendre fou de rage. Et de fait, un accès de colère froide terrible, s’empara du chevalier.
    On comprend bien que ce qui l’enrageait ainsi, ce n’était pas la perspective de laisser sa peau dans une bataille dont l’issue ne pouvait faire aucun doute, étant donné l’écrasante supériorité des forces qui l’encerclaient : Pardaillan ne tenait plus à la vie, et depuis longtemps. Non, sa rage venait uniquement de ce qu’il savait bien que sa disparition assurait le triomphe de Fausta.
    Pardaillan, fou de rage, se dressa à demi sur son piédestal de foin et livide, hérissé, flamboyant, il mit l’épée au poing. Car, tous les trois, ils avaient rengainé depuis longtemps. Et naturellement, il fut à l’instant même imité par ses deux compagnons qui, se fiant entièrement à lui, ne le perdaient jamais de vue, se modelaient en tout sur lui, se tenaient toujours prêts à lui obéir sur le moindre geste. Et ayant dégainé, avec une effrayante expression de menace, d’une voix qu’une fureur concentrée rendait méconnaissable, Pardaillan gronda :
    – Par Pilate, ne restons pas sur cette meule de foin où nous serions embrochés comme des oisons ! Descendons, et puisqu’il faut crever ici, avant d’avoir réduit à merci la damnée Fausta, que ce ne soit pas du moins sans en découdre le plus que nous pourrons.
    Il allait se laisser glisser du haut de la charrette. Mais son regret de laisser Fausta triompher était si vif qu’il ne put encore se résoudre à courir au-devant de la mort. Avant de quitter cet abri momentané, il jeta autour de lui un regard sanglant qui cherchait le trou où il pourrait se dissimuler, échapper à Concini et à son armée de sbires et d’assassins.
    La charrette, par hasard, tenait la droite de la rue. Les bottes de foin, qui débordaient de chaque côté, rasaient la façade des maisons. Elles les rasaient même de si près que nous avons vu que Giselle, la fille de la dame en blanc, avait dû rentrer dans l’allée de sa maison, et que son père, un peu plus loin, avait dû s’aplatir contre le mur pour éviter d’être écorchés au passage par le foin.
    Pardaillan et ses compagnons, sur le haut de la charrette, se trouvaient au niveau du premier étage de ces maisons qu’elle rasait ainsi. Et voici que, en jetant autour de lui ce coup d’œil désespéré du noyé qui cherche à quelle branche il pourra se raccrocher, il aperçut à quelques pas devant lui une fenêtre grande ouverte, à une de ces maisons. Encore deux ou trois tours de roue, et il se trouverait porté devant cette fenêtre.
    Pardaillan ne se demanda pas à qui pouvait appartenir cette maison ni quels étaient les gens qui l’habitaient. Il ne se dit pas davantage que s’il s’introduisait chez eux par cette fenêtre ouverte, ils allaient pousser des hurlements qui attireraient Concini et sa bande. Il se dit simplement qu’en se réfugiant dans cette maison, il gagnerait quelques instants, une ou plusieurs minutes peut-être. Et quelques instants gagnés, ce pouvait être le salut pour lui et ses compagnons.
    Il ne s’en dit pas davantage et il n’hésita pas une seconde. De la pointe de son épée, il désigna la fenêtre à Odet et à Landry. Ils comprirent à merveille, sans qu’il fût nécessaire de leur fournir la moindre explication. Ils se trouvèrent bientôt devant la fenêtre ouverte, de plain-pied avec elle. Avec cette agilité et cette rapidité
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