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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte
Autoren: Jean Markale
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l’histoire et la tenait en grande mémoire. »
Et J. Loth commente ainsi le fait : « Le Bleheri gallois,
évidemment le Breri de Thomas et le Bledherieus de Giraldus Cambrensis, aurait
donc directement transmis son récit à un comte de Poitiers. La famille de
Poitiers a été longtemps en relations étroites avec la famille royale
d’Angleterre. Miss Jessie Weston suppose qu’il s’agit plus spécialement de
Guillaume III qui mourut en 1137. D’après le témoignage d’autres
manuscrits… la transmission se serait faite par écrit et non oralement… Il en
résulterait que la transmission de la matière de Bretagne, pour un poème important,
se serait faite directement d’un Gallois à un Français, par écrit, et qu’en
outre… il a existé des romans arthuriens gallois avant Thomas et
Chrétien » ( Mab. I, 75). ( Cf. Jessie Weston, Romania , XXXIII, p. 333 ;
R. S. Loomis, Romania , LIII,
p. 82, et Arthurian Traditions [1949],
p. 18).
    [365] Tristan n’a pourtant pas l’intention d’aider son homonyme. Or
celui-ci, pour le décider, utilise une méthode typiquement celtique et dont on
trouve de nombreux exemples dans l’épopée irlandaise : il joue sur le
surnom qu’il donne à notre héros en lui disant que s’il s’appelle Tristan l’Amoureux , il doit se mettre au service de
tous les amoureux ; sinon il sera en contradiction avec son nom et se
verra honni. Cela constitue une véritable satire druidique qui oblige Tristan à obéir. Tout le récit de la Mort de Cûchulainn (voir mon Épopée celtique d’Irlande , p. 131-137) est
rempli de détails analogues : le héros, pris entre la connaissance qu’il a
de son avenir et l’interdiction de désobéir aux paroles magiques de ses adversaires,
doit aller jusqu’au bout de son destin pour ne pas être déshonoré. Mais c’est
en pleine conscience qu’il le fait : il n’est pas le jouet aveugle d’une
Fatalité toute-puissante comme dans la légende grecque.
    [366] C’est la troisième blessure que reçoit Tristan au cours de son
histoire, et donc de sa vie. Le chiffre trois est évidemment symbolique. On
notera qu’aucune de ces blessures ne dément la réflexion qui se trouve dans
l’épisode gallois déjà cité : « quiconque tirait du sang à Tristan
mourait et quiconque à qui il tirait du sang mourait également ». En
effet, blessé une première fois par le Morholt, il le tue. Blessé une deuxième
fois par le Serpent Crêté, il le tue. Blessé une troisième fois, il tue son
adversaire. Et à chaque fois, il s’agit d’une blessure empoisonnée, magique en
quelque sorte, et qui ne peut être guérie que par une fée ou une magicienne, en
l’occurrence Yseult. Les deux premières fois, Yseult le guérit à temps. La
troisième fois, elle arrive trop tard.
    [367] Ici l’influence de la légende grecque de Thésée paraît évidente, mais
il s’agit seulement d’un détail, car la situation est toute différente.
    [368] On pourrait voir ici, à travers ce déchaînement de la nature contre
les deux héros, une sorte de transposition d’un mythe solaire. N’oublions pas
qu’Yseult est le soleil, du moins pour Tristan. Il a besoin de se recréer aux rayons de ses yeux . Or la navigation
du soleil est ralentie, l’Aube se lève trop tard. Il faudrait peut-être lier à
cette idée le détail de la voile noire qui représente la nuit retenant (par le
mensonge d’Yseult aux Blanches Mains) le Soleil (Yseult la blonde) prisonnier,
thème fréquent dans les mythologies primitives et qui doit remonter au culte
solaire de l’âge du bronze.
    [369] Ce détail se trouve seulement dans une des versions du Tristan en prose , mais il apparaît dans un ancien
texte irlandais, L’Histoire de Bailé au doux langage  :
là, les deux amants se sont également rejoints dans la mort et sont enterrés
dans deux, tombeaux. Sur l’un pousse un if, sur l’autre un pommier. Plus tard,
on coupe l’If et le pommier et on en fait des tablettes ; or lorsque les
deux tablettes viennent à entrer en contact, « elles s’unirent comme le chèvrefeuille
s’enroule à une branche, et il n’était pas possible de les séparer »
(G. Dottin, L’Épopée irlandaise ,
p. 186).
    [370] Il faudrait aussi tenir compte de la seconde Yseult, celle aux
« Blanches Mains ». Elle n’est pas seulement le doublet de la première,
elle joue un rôle indispensable dans la fin de la légende et aussi dans la mort
des amants.
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