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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte
Autoren: Jean Markale
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s’infiltrer dans la langue latine
de même que des mots latins ont dû pénétrer dans la langue gauloise [17] .
Le phénomène est facilement observable non seulement dans les temps anciens
(influence celtique sur la langue germanique, notamment le vocabulaire
technique et militaire, influence grecque sur la langue latine et vice versa , influence franco-normande sur l’anglais
et de l’anglais sur le français), mais de plus en plus au XX e  siècle, par suite des contacts de plus en
plus fréquents entre les peuples (le franglais en est un exemple typique). C’est par là que nous abordons la seconde question,
celle de la disparition relativement facile du gaulois devant la langue latine.
    On est en effet très surpris, surtout lorsqu’on connaît la
réalité de la civilisation gauloise, de constater que le latin s’est imposé
partout et que, apparemment, il n’est rien resté de la langue gauloise dans les
parlers romans qui allaient devenir le français. En fait, la date de la
disparition du gaulois demeure très incertaine. « L’occupation romaine le
réduisit peu à peu à n’être plus que la langue des paysans et des petites gens,
tandis que le latin devenait celle de l’administration, des affaires et des
lettrés. L’interdiction du druidisme par les empereurs dut aider beaucoup à ce
déclin… Vers le V e  siècle, la noblesse
arverne venait d’abandonner son parler celtique, selon Sidoine Apollinaire…
Sauf peut-être dans quelques vallées isolées de Suisse, on peut donc dire qu’au
VI e  siècle, le gaulois avait partout
disparu, non sans laisser de traces dans la phonologie du roman de Gaule, et
dans le vocabulaire français ou occitan. Il a survécu jusqu’à nos jours dans un
grand nombre de noms de lieux, mais dans des contextes purement romans :
le français n’est donc pas une langue celtique, mais une langue néo-latine avec
un substrat celtique assez important [18] . »
    Cette opinion d’un celtiste impartial et prudent met le point
final à toute discussion sur l’origine de la langue française. Mais cela ne
veut pas dire que le substrat celtique puisse être nié, bien au contraire, et
il semble en effet qu’il soit d’une importance plus grande que celle qu’on veut
bien lui accorder. Ne parlons pas de la phonologie : il est bien évident
que le roman de Gaule a été du latin parlé par des Gaulois et que son évolution
phonétique s’est faite selon des usages celtiques, sinon il n’y aurait guère de
différence entre le français et l’italien. Mais il y a aussi un fonds
lexicologique.
    Nous connaissons à peu près 1 200 mots probablement celtiques,
mais dont la plupart nous ont été conservés par la toponymie. Il n’y en a guère
que deux cents qui soient contenus dans la langue française, comme bief, if, bille, soc, ruche, claie, barque, chemin, lieue,
lande, grève, roche, char, bec, jarret, briser, changer, border, petit, dru ,
etc. Nous sommes sûrs de ces mots parce qu’ils n’ont pas de correspondants
latins. Mais que dire de ceux qui sont analogues aux mots latins ? Est-il
pensable de prétendre que les Gaulois ont attendu les Romains pour nommer les
choses les plus essentielles de la vie courante ? Nous connaissons à peine
la langue gauloise. Le vieux celtique, que l’on tente de restituer à l’aide de
l’irlandais, du gallois, du cornique et du breton, est purement conjectural.
C’est en grande partie à cause de notre méconnaissance du gaulois que nous
croyons que le vocabulaire français est en majorité de provenance latine. On
objectera que les études qui ont été faites prennent en considération tous les dialectes romans hérités du latin et qu’une
telle conclusion repose sur la comparaison entre les différentes langues
romanes. C’est indiscutable, mais en fait cette conclusion que le vocabulaire
français (il ne s’agit ici que du vocabulaire) est d’origine latine pour les
trois quarts est bel et bien une hypothèse – qui a toutes les garanties de la
vérité –, mais qui n’en est pas moins une hypothèse. Il n’est pas question,
encore une fois, de prétendre, comme l’ont fait certains auteurs dont les
ouvrages sont des tissus de chimères, que le français est du gaulois, mais il
est permis d’avancer l’hypothèse que le français contient de très nombreux mots
qui avaient, à l’origine, une forme gauloise analogue à la forme latine. Cela
expliquerait pourquoi le latin a si facilement
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