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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte
Autoren: Jean Markale
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éliminé la langue
gauloise : les habitants de la Gaule n’ont guère senti la différence de
vocabulaire essentiel et se sont contentés d’accommoder leurs mots à la mode
latine [19] .
    Cette hypothèse, nous la trouvons esquissée par l’un des
grands celtistes du début de ce siècle, Georges Dottin, qui écrivait dans La Langue gauloise (p. 131) : « Il se
peut que la parenté des deux vocabulaires nous induise à attribuer une origine
latine à des mots qui existaient à la fois en latin et en gaulois ( gnatos , fils, gnata ,
fille. Cf. latin natus ).
Il ne faut pas oublier, d’autre part, que le latin avait emprunté des mots au gaulois…
les uns dès le IV e  siècle av. J.-C.,
au gaulois de la Cisalpine, les autres au gaulois transalpin après la conquête…
(p. 121). Si, en effet, le vocabulaire gaulois était proche du vocabulaire
latin, il a dû se fondre plus rapidement dans celui-ci que s’il en avait été
très différent. D’autre part les difficultés que présentent du point de vue
phonétique quelques étymologies françaises peuvent tenir à ce que le prototype
est non un mot latin mais un mot gaulois apparenté à un mot latin. »
    C’est ainsi que le gaulois a disparu de la carte
linguistique, d’abord à cause de l’attraction de la langue latine, langue de
prestige, et aussi, ce sur quoi on n’insistera jamais assez, à cause de l’Église
romaine, pour qui la langue gauloise était la langue du paganisme, et qui a
tout fait pour l’étouffer dans sa besogne de christianisation des villes, puis
des campagnes. N’oublions pas que si Jules César a asservi les Gaulois, si les
empereurs, ses successeurs, ont quadrillé la Gaule avec la juridiction et
l’administration romaines et ont détruit, avec le druidisme, la civilisation
purement celtique, c’est le Christianisme qui a donné le coup de grâce à une
Gaule devenue hybride et même apatride, en la faisant l’héritière de l’empire
bureaucratique des Romains.
    Au reste, la langue gauloise ne s’est pas éteinte d’un seul
coup, puisqu’au V e  siècle, on parlait
encore le celtique en Auvergne et dans les montagnes. Le V e  siècle est l’époque des immigrations
bretonnes en Armorique. Pourquoi ne pas prétendre également que la langue
gauloise ne s’est jamais tue en Armorique et que les Bretons, lorsqu’ils y sont
arrivés, se sont trouvés en contact avec des populations à peine romanisées et
parlant encore le gaulois, du moins dans certaines régions comme le pays des
Vénètes [20] .
    Il est cependant un domaine où les Gaulois ont laissé des
traces indélébiles de leur passage ou de leurs établissements : c’est
celui de la toponymie. Sans être entièrement celtique, car il faut compter avec
les mots pré-indo-européens et avec l’apport germanique ultérieur, cette toponymie
a très peu été touchée par la romanisation, en dehors des régions les plus
proches de la Méditerranée. Les noms latins désignent généralement des
propriétaires de villas qui étaient d’ailleurs des Gaulois romanisés, et
souvent, mots latins et gaulois se trouvent joints comme dans l’exemple célèbre
d’Autun ( Augustidunum , la citadelle
d’Auguste). Les noms des principales villes françaises sont les noms des
peuples gaulois qui habitaient la région à l’époque de la conquête :
Paris, les Parisii , Nantes, les Namnetes , Reims, les Remi ,
Rennes, les Redones , Vannes, les Veneti , Limoges, les Lemovices ,
Arras, les Atrebates , Sens, les Senones , etc. D’autres portent encore l’ancien nom
d’avant la conquête : Rouen (Rotomagos), Lyon et Laon (Lugudunum), Vienne
(Vindobona), Toulouse (Tolosa), Bordeaux (Burdigala), Boulogne (Bolonia).
Strasbourg est la traduction germanique du gaulois Argentorate (Forteresse
argentée). Châteaudun est un pléonasme ( Dun signifie
château). Et combien de petites villes, de bourgs et de lieux-dits portent encore
la marque gauloise. Quant aux rivières et aux montagnes, leurs appellations
sont très anciennes, celtiques pour la plupart, et remontant parfois bien avant
les Celtes.
    L’étude de la toponymie nous permet de remarquer quel était
le domaine occupé par les Gaulois et qui s’étendait dans toute l’Europe
occidentale, bien au-delà des frontières actuelles de la France. En effet,
« la toponymie n’a pas seulement pour but de retrouver la forme primitive
des noms de lieux, leur étymologie, leur sens originaire. Prêtant
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