La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon

nous l’avons vu, elle avait été violée quelques années après sa mort. Mais elle n’avait pas été soumise au pillage éhonté de la période suivante. Comme elle était située dans une partie basse de la Vallée, il se peut qu’un violent orage en ait complètement masqué l’entrée. Ou encore qu’elle ait été protégée par des cabanes construites pour abriter les ouvriers employés à creuser plus tard la tombe d’un autre roi.
    Avec la disparition des momies prend fin l’histoire de la Vallée, telle que nous la connaissons grâce aux sources égyptiennes antiques. Cinq cents ans s’étaient écoulés depuis que Thoutmosis I er avait fait construire sa modeste tombe. Il nous faut maintenant imaginer une Vallée désertée, hantée par les esprits, livrée aux renards, aux hiboux et aux chauves-souris. Pourtant, désolée comme elle l’était, la Vallée n’avait pas perdu tout romantisme. Elle restait toujours la Vallée sacrée des Rois, et des foules de sentimentaux et de curieux venaient la visiter. Quelques tombes furent même réutilisées à l’époque d’Osorkon I er (environ 900 avant J.- C.) pour enterrer des prêtresses.
    De nombreux auteurs classiques font référence aux tombeaux royaux creusés dans la pierre. Et les gribouillages de noms sur les murs témoignent que certaines tombes étaient accessibles aux visiteurs de l’époque. Ainsi, un certain Philetairos, fils d’Ammonios, dont le nom apparaît à plusieurs endroits sur les murs de la tombe dans laquelle nous avions organisé l’un de nos repas, m’a beaucoup intrigué. Mais je ne voudrais pas que le lecteur en déduise que j’approuve l’action de tous ceux qui, comme ce « John Smith, 1878 », éprouvent le besoin de laisser une trace de leur passage…
    Une dernière image, avant que le brouillard du Moyen Âge ne s’abatte sur la Vallée pour la dérober à nos yeux. Il y a, dans l’atmosphère de ce pays, un je-ne-sais-quoi qui invite à la solitude, et c’est probablement une des raisons pour lesquelles, après la conversion de l’Égypte au christianisme, tant d’habitants se sont tournés vers la vie ascétique. Le pays lui-même, avec son climat toujours égal, son étroite bande de terre cultivable, ses collines désertiques, criblées de cavernes naturelles et artificielles, s’y prête particulièrement. On y trouve facilement abri, à distance raisonnable du monde extérieur. C’est pourquoi, aux premiers siècles de l’ère chrétienne, ils furent sans doute des milliers à choisir de mener une vie contemplative. Partout, dans les sépultures taillées dans le roc, nous retrouvons leurs traces. Entre le II e et le IV e siècle après J.- C., une colonie d’anachorètes prit possession de la Vallée, transformant les tombes en cellules, et l’une d’elles en église.
    Telle est donc notre dernière vision de la Vallée des temps immémoriaux. Étrange spectacle ! La pauvreté et l’humilité ont remplacé la munificence et la pompe royales. La « Précieuse Habitation » des pharaons est devenue cellule d’ermite.

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LA VALLÉE À L’ÉPOQUE MODERNE
    Pour décrire la Vallée à l’époque moderne, j’aimerais reprendre les pages de Richard Pococke, un voyageur anglais qui publia en 1743 A Description of the East, en plusieurs volumes. Son récit est extrêmement intéressant et, compte tenu de la rapidité de sa visite, remarquablement précis. Voici sa description de l’approche de la Vallée :
    « Le Sheik me fournit des chevaux et nous nous mîmes en route pour Biban el-Moulouk. Après avoir parcouru un bon kilomètre vers le nord, nous pénétrâmes dans une sorte de rue, bordée de murs rocailleux de trois mètres de haut dans lesquels étaient creusées des grottes, certaines supportées par des colonnes. Comme il n’y a pas le moindre signe d’habitations dans la plaine, je pensais que ces cavernes devaient, dans les temps anciens, servir de maisons, abritant mieux que la tente du vent et du froid de la nuit. La pierre est granuleuse et les portes sont taillées très régulièrement. Tournant alors vers le nord-ouest, nous nous engageâmes dans une vallée très étroite. Nous continuâmes vers le sud, puis le nord-ouest, pendant deux ou trois kilomètres à travers les montagnes… La vallée s’élargit, à la manière d’un amphithéâtre, et nous empruntâmes une sorte d’escalier taillé dans le roc, d’environ trois mètres de haut ; il est probable que