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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu
Autoren: Michel Peyramaure
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de sitôt.
    Ici et là, suscités par des capitaines portant la fleur de lys, des incendies ont embrasé les provinces du nord de la Loire. La Hire s’est précipité comme un ouragan sur la forteresse de Château-Gaillard, frappant au coeur de la Normandie et délivrant un vieux capitaine armagnac, Arnaud-Guilhem de Barbazan, qui végétait là, enfermé dans une cage de fer, en attendant le paiement d’une rançon. Aumale, en Picardie, a ouvert ses portes, avec la complicité du curé Coppegueule et des Français du sire de Longeval. La Bretagne, entrée dans la danse, arrache, lambeau après lambeau, des possessions aux Anglais. Et Charles, indifférent, irrésolu, reste immobile au milieu de cette fête de feu et de sang.
     
    Les chevaucheurs prirent les devants pour rassembler les embarcations nécessaires au passage de l’Oise avant de s’engager sur la route de Nogent.
    Jeanne apprit ce jour-là avec surprise que le connétable Arthur de Richemont marchait sur Évreux.
    – Je le croyais en train de planter ses choix à Parthenay ! dit-elle. Nous n’en avons plus de nouvelles depuis la journée de Patay. Évreux... quelle mouche l’a piqué pour qu’il aille chercher aussi loin la gloire des armes ?
    Arthur, comte de Richemont, las de bayer aux corneilles dans son château de Parthenay, s’est réveillé brusquement. Il a revêtu son vieil harnois bosselé de coups et griffé par la guerre, remis son épée au côté et choisi son meilleur destrier. La mouche qui le pique s’appelle Jeanne la Pucelle : les nouvelles qu’il recueille de ses exploits, de sa marche triomphale sur Reims ont fini par lui rendre insupportable sa retraite volontaire.
    Escorté d’un petit groupe de soudoyers bretons il a enlevé comme en se jouant quelques places anglaises, d’assauts en guet-apens, avant de se retrouver sur les marches de la Normandie et, emporté par son élan, de marcher sur Évreux, une place forte chère au Régent. Tout au long de sa campagne il a eu le soutien de la population en rébellion contre l’occupation anglaise.
     
    L’entrée dans Compiègne fut ce que l’on en espérait : les habitants avaient eu le temps de préparer leur réception, d’orner les rues et les places d’effigies et de peintures représentant le roi et la Pucelle, parfois côte à côte. Les fleurs et les rameaux que l’on avait cueillis étaient fanés mais on avait envoyé quelques garces faire une nouvelle moisson.
    Le premier acte de Jeanne fut d’aller faire ses dévotions en l’église Saint-Jacques, avant de rejoindre le roi et son Conseil à la Maison de Ville.
    À peine était-elle entrée dans la basilique qu’un petit bonhomme jovial, portant une houppelande légère de notable, fit voler devant elle ses petites mains lourdement baguées en s’exprimant avec volubilité :
    – Jeanne, ma chère enfant, mon nom ne vous est pas inconnu : Jacques Boucher. Le trésorier général d’Orléans est mon cousin. Il a de la considération pour vous, son épouse de l’admiration et leur fille, Charlotte, de la dévotion. Les fonctions de procureur royal m’attachent à cette ville mais je rêve de finir ma carrière et mes jours à Orléans.
    Il ajouta avec un brin d’embarras :
    – Me feriez-vous l’honneur, Jeanne, de résider dans mon logis ?
    Jeanne demeura perplexe : elle avait décidé, pour échapper à la foule et au bruit, de demander asile aux moines de Sainte-Corneille.
    – Jeanne, protesta le procureur, vous ne pouvez coucher sur un grabat de moine et manger du pain rassis trempé dans l’eau ! J’insiste : c’est chez moi qu’il faut vous installer.
    Elle céda de mauvaise grâce en se disant qu’elle allait devoir, pour satisfaire ses hôtes et en quelque sorte payer son écot, raconter ses faits d’armes et ses relations avec les corps célestes.
     
    Situé au centre de Compiègne, l’hôtel du Boeuf, résidence du procureur, respirait l’opulence. Mme Boucher lui en fit les honneurs. Le procureur tira Jeanne par la manche et lui souffla à l’oreille :
    – Mon épouse a une faveur à vous demander, mais elle n’ose : auriez-vous l’amabilité de partager sa couche, comme la petite Charlotte à Orléans ? Vous connaissez la curiosité des femmes en général. Je ne vous cache pas que la mienne serait comblée si vous lui permettiez d’entendre vos voix. Peu de chose, une phrase par-ci par-là. Elle serait aux anges !
    Jeanne lui répondit sèchement :
    – Je ne puis rien
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