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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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conseillant en fin stratège, anticipant les manœuvres adverses… Tout roulait sur monsieur d’Artagnan, notre commandant si connu et si estimé de tout le monde 4 … Pour faciliter son attaque, le comte de Montal devait mener une simple action de diversion. Quelle bouffée d’héroïsme lui monta à la tête ? La présence du roi le subjugua-t-elle au point de hasarder un coup d’éclat afin de gagner du galon ?... De son propre chef, il résolut d’attaquer réellement. L’ennemi l’attendait ! Il se heurta à une violente résistance. Il insista, s’entêta, chargea encore. Le régiment du dauphin fut décimé : plus de trois cents morts ou blessés dont vingt-cinq mousquetaires de la deuxième compagnie. Un carnage inutile !... De son côté, notre première compagnie avait, en contrepartie, accompli des merveilles de bravoure et, au matin de ce dimanche 25 juin, notre commandant s’en montrait fier et satisfait. Il nous félicita avec une grande sincérité. Tout en restant vigilants, nous étions en droit de goûter un repos mérité.
    Le mousquetaire haleta un instant, signifia d’un geste de la main qu’il souhaitait continuer. La charrette pencha à droite quand une roue s’enfonça dans le sable.
    — L’ingénieur Paul, le major du régiment du roi La Bastide, Maupertuis, enseigne de la première compagnie, Sylvain Lectaire, tambour, tous blessés, sont disposés à répondre à vos questions. Ils vous confirmeront mes dires et mon rapport de la bataille qu’ils ont vécue sous d’autres aspects.
    — Vous écoutant, monsieur, je ne peux douter un seul instant de votre parole ni de la vaillance de tous ces braves soldats ; mais ne souhaitez-vous pas vous reposer une heure ou deux ?
    — Il me faut terminer. Demain, je vous laisserai seul arpenter les lieux, vous imprégner de l’ambiance de ces assauts dont l’air et les pierres restituent encore les terribles vibrations, et ainsi vous forger votre propre opinion…
    Il reprit à peine son souffle et relança comme si le temps lui était compté.
    — Donc, en guise d’épilogue en ce qui me concerne, nous venions juste de regagner notre campement quand, vers huit heures du matin, monsieur de Montbron vint trouver le capitaine d’Artagnan pour l’informer que monsieur de La Feuillade, qui relevait le duc de Monmouth, édifiait à la hâte une barricade afin de protéger la demi-lune conquise après tant de difficultés. L’initiative s’avérait louable. J’étais présent. J’entends encore notre cher commandant préciser : « Nous avons fait le logement de la demi-lune et de la contrescarpe, monsieur de La Feuillade fera ce soir comme il l’entendra, ne songeons qu’à boire à la santé du roi. » Il se résolut à dire au duc de Monmouth, en masquant son impatience car il répugnait à imposer des consignes au fils naturel de Charles II d’Angleterre dont il redoutait les prises de position intempestives : « Mon Prince, il ne faut pas que nous fassions venir nos dîners à la même heure, afin que tous les officiers de la tranchée nous puissent faire raison de la santé du roi. » Une surveillance alternée était la plus élémentaire prudence. Montbron fut de cet avis, mais il revint à la charge sur cette barrière, sur quoi monsieur d’Artagnan ajouta que La Feuillade ferait ce qu’il jugeait à propos, que si l’on envoyait du monde là, ils seraient vus de la demi-lune, et que l’on ferait tuer bien des gens ; mais… monsieur de Montbron s’opiniâtrait et disait que ce qui se pouvait faire aujourd’hui ne pouvait pas se remettre à demain 5 .
    — Dictons et proverbes, chargés de sagesse populaire, sont parfois de commodes béquilles pour justifier des théories ou des actes qui n’obtiendraient pas une totale légitimité sans ce soutien.
    — Je suis d’accord avec vous, Lebayle… Néanmoins, on ne m’ôtera pas de l’idée que monsieur d’Artagnan subodorait une action inédite et qu’il connaissait certaines choses que le malheureux a emportées dans la tombe… Alors, il dit, animé d’un courroux inhabituel aux grandes circonstances : « Faites donc faire le détachement, mais je crains fort que vous n’attiriez une affaire mal à propos. »
    Blanche, la voix de Pierre Quarré avait beaucoup perdu de son intensité. Géraud dut se rapprocher, mais il comprit que le chapitre abordé était capital. Le mousquetaire évoqua le mortel combat qui découla de cette décision
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