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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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fumées s’élevaient encore en divers points. Par un dédale de campements, le lieutenant conduisit Géraud Lebayle vers une tente où il put se nettoyer, se changer, se reposer, en attendant que Sa Majesté, avertie de son arrivée, puisse le recevoir. Somme toute, ils avaient chevauché à une meilleure allure qu’estimée. Il n’eut pas à patienter plus d’une heure. Un enseigne vint le chercher.
    1 - Ce en quoi le lieutenant n’était pas visionnaire puisque, commencée en 1672, elle ne s’achèvera qu’en 1678.

    2 - Ses 25 000 soldats passèrent le fleuve à gué ou à la nage.

III
    L’ AGENT DE L A R EYNIE SORTIT très impressionné de l’entrevue avec le roi. Il s’attendait – à la suite des échos qu’il avait glanés – à un cérémonial magistral et écrasant, une étiquette stricte, atténuée cependant par les conditions spartiates d’une campagne en terre étrangère. Il n’en fut rien.
    La « chambre de bois » royale offrait l’apparence d’un petit palais pour le confort, sans toutefois les ors, les décorations et les lambris d’un château de pierre. On y accédait par « une manière de grand portique servant d’antichambre dont la première partie était le cabinet du roi ». L’état-major se substituait aux courtisans. L’accueil fut solennel mais sans rigidité excessive.
    Dès son entrée, Géraud avait été happé et captivé par la rayonnante personnalité du souverain, assis dans un large fauteuil placé sur une courte estrade recouverte de tapis.
    — Géraud Lebayle, approchez, enjoignit le roi d’une voix pondérée, en rendant à son aide de camp la lettre d’introduction qui lui avait été remise. Monsieur de La Reynie nous délègue donc, sur notre demande, son meilleur agent car nous avons à régler une affaire particulière et fort délicate…
    — Je suis aux ordres de Votre Majesté.
    La distinction du visage sous l’abondante perruque, l’empire du regard sombre, la régularité des traits, l’autorité du nez droit et la fine moustache auraient impressionné le gaillard le plus endurci.
    — Nous venons de perdre notre capitaine de la première compagnie de mousquetaires. D’Artagnan était un grand serviteur de l’État, aussi efficace qu’intègre, aussi scrupuleux qu’excellent stratège. Et cela depuis des décennies. Nous le tenions en très haute estime. Sa disparition est une perte considérable pour le royaume.
    Une émotion sincère transparaissait sous l’intonation qui se voulait ferme et autoritaire. Par respect, Lebayle ne sut qu’incliner la tête.
    — Les étranges circonstances dans lesquelles se sont enchaînés les sinistres événements du 25 de juin dernier nous incitent à réfuter la malchance, à refuser un mauvais coup du destin et les simples aléas de la guerre. Nous voulons connaître la vérité quelle qu’elle se révèle être.
    Les lèvres du roi se pincèrent sur les derniers mots. Sa main gauche un peu fébrile rajusta son jabot de dentelle du Puy sur son armure damasquinée d’un noir étincelant, barrée d’un baudrier gris. Se tendant, sa jambe droite gainée de rouge découvrit un galbe parfait. Il redressa son buste, fixa à nouveau son jeune interlocuteur.
    — C’est pourquoi j’ai mandé au lieutenant de police de m’adresser un enquêteur sagace qui, sans contact avec les gens du siège, ne risquait pas d’avoir des a priori ni de subir des influences. Un blanc-seing vous sera délivré. Il vous permettra une totale liberté de manœuvre afin de vous rendre où bon vous semblera et auprès de qui vous jugerez bon. Prenez le temps nécessaire. Nous voulons un rapport sans ombres ni concessions.
     
    Fier de cette marque de confiance et plutôt ébloui, Géraud Lebayle s’était retiré. Il ne disposait, malgré tout, que de quelques jours pour livrer des résultats concrets car on devait bientôt lever le camp.
    Un mousquetaire, le bras en écharpe, appuyé sur une canne, lui fut présenté comme son guide : Pierre Quarré d’Aligny. Il avait reçu cinq blessures en participant à la prise de la demi-lune qui avait coûté la vie à son commandant. Il avait secondé celui-ci pendant toute la première moitié de la terrible bataille. Il pouvait donc en témoigner, mais aussi l’introduire auprès de ses camarades et des personnalités présentes en ce fatidique dimanche.
    — J’ai sollicité de Sa Majesté l’autorisation de suivre cette enquête, malgré mon état de
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