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Kommandos de femmes

Kommandos de femmes

Titel: Kommandos de femmes
Autoren: Christian Bernadac
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côté de Léone et pense souvent avec gratitude aux bonnes histoires qu’elle m’a racontées, m’aidant souvent la nuit à ne pas m’endormir.
    — Et au bout de la machine, il y a Tania, la nièce de Tatjana, âgée de seize ans ou dix-sept ans, avec un visage de bébé, grande également blonde, d’un blond cendré. Tania, notre enfant, sort les masques des formes. Elle sourit souvent et sa tante s’occupe d’elle comme une mère, surveille ses gestes, la rappelle à l’ordre. J’ai souvent soupçonné Tatjana de passer des tartines à sa nièce et c’était un très grand sacrifice.
    *
    * *
    — Les xi formes en caoutchouc arrivaient chaudes et chacune devait placer, à un rythme affolant, les différentes parties du masque : le nez, les attaches, etc. Les sabotages étaient faciles – un petit coup d’ongle dans le caoutchouc mou – et fréquents. Devant le nombre toujours croissant de déchets, les surveillants étaient sur les dents et patrouillaient sans cesse. Une fois l’un d’eux s’est arrêté devant moi et, en me regardant d’un air menaçant, il est allé sans se presser chercher une de ces énormes paires de ciseaux qui servaient à découper les plaques de caoutchouc. Vous dire ma peur quand il s’est approché en faisant jouer les lames ! J’ai cru qu’il allait me couper les poignets, imaginer une torture raffinée, que sais-je ! Il a attrapé ma main et d’un coup sec a coupé tous mes ongles. Ouf ! J’en étais quitte pour la peur…
    *
    * *
    — Un xii dimanche après-midi, nous étions toutes dans notre block essayant de nous reposer. Nos gardiennes pénétrèrent dans les dortoirs en hurlant et nous firent sortir toutes devant le block. Nous nous mîmes en rang. Ce jour-là, nous avons pensé qu’il se passait quelque chose de grave car les hurlements étaient rapprochés et nous tendions un peu plus le dos qu’à l’accoutumée. Nous eûmes bientôt l’explication de ces cris furieux, car aussitôt l’Aufseherin nous fit savoir par une camarade interprète, qu’il y avait eu une tentative d’évasion et que la coupable devait se dénoncer.
    — Bien entendu, il n’était pas question ni pour l’une, ni pour l’autre de dénoncer une camarade. Motif : le matin même, alors que nous étions assises par terre, devant les barbelés entourant notre camp, une de nos camarades avait machinalement lancé une pierre dans le grillage, ce qui avait déclenché la sonnerie d’alarme dans le block des gardiennes S.S., d’où intervention des soldats de garde, qui avaient cru à une évasion. Enquête, puis punition générale jusqu’à dénonciation de la coupable. La punition consistait à rester debout sous la pluie, par un froid de canard, et pendant de longues heures. Finalement, la fautive avait avoué afin de mettre fin au supplice de trois cents ou quatre cents femmes.
    — Sortie des rangs, « la souris » infligea à notre camarade des coups de cravache jusqu’à ce qu’elle tombe à terre, et nous assistions impuissantes à ce spectacle monstrueux, et qui pouvait se reproduire à chaque instant sur l’une ou l’autre. Puis nous sommes toutes rentrées sur ordre de notre gardienne, consternées et pleurant de voir notre amie dans un tel état d’hébétude, essayant de lui faire oublier ce moment pénible. Tout aurait dû s’arrêter là. Du moins, nous le supposions.
    — Le lendemain matin, lundi, alors que nous étions rassemblées pour l’appel journalier précédant le départ pour l’usine, « la souris » fit sortir des rangs notre infortunée camarade, et le reste du troupeau se dirigea vers l’usine. Nous nous demandions avec anxiété ce qu’il allait advenir de notre camarade. Et voici ce que nous vîmes le soir à 18 heures, en rentrant du travail : notre amie était restée debout, devant le block des S.S., pendant douze heures, de 6 heures du matin à 18 heures, les bras en croix, sous la pluie froide qui n’avait cessé de tomber, sans avoir reçu la moindre nourriture pas même notre maigre soupe (composée uniquement de morceaux de rutabagas nageant dans de l’eau chaude) et que nous avalions avec tant d’avidité. Dès que nous fûmes rentrées dans notre block, notre pauvre amie eut tout de même la permission de nous rejoindre. Hélas ! ce n’était qu’une loque que nous avons serrée dans nos bras pour essayer de la sécher, de la réchauffer.
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    — Je voudrais xiii enfin vous citer un fait qui
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