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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth
Autoren: Walter Scott
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cher hôte, et vous serez sûr de ne dire que la vérité. Un homme peut avoir son nom précédé d’une de ces syllabes honorifiques, et être né bien loin du mont Saint-Michel {11} .
    Giles Gosling ne poussa pas plus loin la curiosité, et présenta l’étranger, sous le nom de M. Tressilian, à son neveu et à ses amis ; et ceux-ci, après avoir bu à la santé du nouveau convive, reprirent la conversation assaisonnée de maintes rasades.

CHAPITRE II.
     
    « Parlez-vous du jeune Lancelot ? »
    SHAKSPEARE, le Marchand de Venise.
     
    Après un léger intervalle, le mercier Goldthred, à la prière de l’hôte, appuyée par ses joyeux convives, régala la société des couplets suivans :
    De tous les oiseaux de la terre
    Le hibou seul me plaît, à moi !
    Ce sage oiseau que je révère
    Des francs ivrognes suit la loi.
    Aussitôt que le jour s’efface.
    On l’entend sortir de son trou,
    Et chanter quelque temps qu’il fisse.
    Buvons, amis, à l’honneur du hibou.
    Que la paresseuse alouette,
    Ne s’éveille que le matin !
    Mon ami le hibou répète
    Toute la nuit son vieux refrain.
    Buvons avec persévérance,
    Et chantons le sage hibou !
    Si quelqu’un imposait silence,
    Couvrons sa voix par le bruit des glou-glou.
    – Parlez-moi de cela, camarades, s’écria Michel quand le marchand eut cessé de chanter ; voilà une chanson, et je vois qu’il reste encore du bon parmi vous ; mais quel chapelet vous m’avez défilé de tous mes anciens camarades ! je n’en trouve pas un au nom duquel ne s’attache quelque histoire de mauvais augure. Ainsi donc Swashing Will de Wallingford nous a souhaité le bonsoir.
    – Oui, dit un de ses amis, il est mort, comme un daim, d’un coup d’arbalète que lui a tiré Thatcham, le vieux garde-chasse du duc, dans le parc de Donnington.
    – Il avait toujours aimé la venaison, dit Michel, et il n’aimait pas moins la bouteille : c’est une raison de plus pour boire un coup à sa mémoire. Allons, mes amis, faites-moi raison.
    Lorsqu’on eut rendu hommage au défunt, le verre à la main, Lambourne demanda ce qu’était devenu Prance de Padworth.
    – Absent. – Immortel depuis dix ans, répondit le mercier. – Demandez pourquoi et comment à Goodman Thong, qui l’a décoré au château d’Oxford avec dix sous de corde.
    – Quoi ! le pauvre Prance est mort en plein air, entre ciel et terre ! Voilà ce que c’est que d’aimer les promenades au clair de lune. Allons, à sa mémoire, camarades ! tous les bons vivans aiment le clair de lune. Et quelles nouvelles me donnerez-vous de Hal au long plumet, celui qui demeurait près d’Yattenden… ? J’oublie son nom.
    – Quoi Hal Hempseed ? demanda le mercier. Vous devez vous rappeler qu’il se donnait des airs de gentilhomme , et qu’il voulait se mêler des affaires de l’État. Il s’est mis dans le bourbier avec le duc de Norfolk {12} , il y a deux ou trois ans, s’est enfui du pays ayant un mandat d’arrêt sur les talons, et depuis ce temps on n’en a point entendu parler.
    – Après de tels désastres, dit Michel Lambourne, c’est tout au plus si j’ose prononcer le nom de Tony Foster. Au milieu d’une telle pluie de cordes, d’arbalètes et de mandats d’arrêt, il n’est guère possible qu’il se soit échappé.
    – De quel Tony Foster veux-tu parler ? demanda l’aubergiste.
    – Parbleu ! de celui qu’on appelait Tony Allume-Fagots {13} , parce qu’il avait apporté une lumière pour allumer le bûcher de Latimer et de Ridley {14} , quand, le vent ayant éteint la torche de Jack Thong {15} , personne ne voulait lui donner de feu pour la rallumer, ni pour amour ni pour argent.
    – Ce Tony Foster vit et prospère, dit l’aubergiste. Mais, mon neveu, ne t’avise plus de le nommer Tony Allume-Fagots, je t’en avertis, à moins que tu ne veuilles faire connaissance avec sa dague.
    – Comment ! il est honteux de ce surnom ? Je me souviens qu’il s’en faisait gloire. Il disait que voir rôtir un hérétique ou un bœuf, c’était la même chose pour lui.
    – Sans doute, mon neveu, mais c’était bon du temps de la reine Marie, quand le père de Tony était ici l’intendant de l’abbé d’Abingdon ; mais depuis il a épousé une pure précisienne {16} , et je vous le garantis aussi bon protestant que personne au monde.
    – Et il a pris un air important, dit Goldthred ; il marche la tête bien haute, et méprise ses anciens
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