Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
Canaries ? Excusez ma liberté, monsieur, je suis un vieil aubergiste, et il faut que j’aie mon franc-parler. Cette humeur mélancolique ne vous sied point. Elle ne s’accorde pas avec une botte luisante, un chapeau de fin castor, un habit de bon drap, et une bourse bien garnie. Qu’elle aille au diable ! Envoyez-la à ceux qui ont les jambes entourées de paille, la tête couverte d’un vieux feutre, un justaucorps mince comme une toile d’araignée, et une poche où il n’y a pas une seule pièce de métal pour empêcher le démon de la tristesse de s’y loger. De la gaieté, monsieur, de la gaieté, ou, de par cette bonne liqueur, nous vous bannirons de l’allégresse d’une joyeuse compagnie, pour vous condamner aux brouillards de la mélancolie, dans le pays du malaise. Voilà une troupe de bons vivans qui ne songent qu’à s’égayer ; ne froncez pas le sourcil en les voyant, comme le diable qui regarde au-dessus de Lincoln {9} .
    – Vous parlez bien, mon digne hôte, dit l’étranger avec un sourire qui, tout mélancolique qu’il était, donnait une expression, très agréable à sa physionomie ; vous parlez bien, mon jovial ami, et ceux dont l’esprit se trouve dans la situation du mien ne doivent pas troubler par leur mélancolie la gaieté de ceux qui sont plus heureux. Je prendrai place de tout mon cœur avec vos convives plutôt que de passer pour un trouble-fête.
    À ces mots il se leva pour joindre la compagnie, qui, encouragée par les préceptes et l’exemple de Michel Lambourne, et composée, pour la majeure partie, de gens disposés à profiter de l’occasion de faire un bon repas aux dépens de l’hôte, avait déjà fait une excursion hors des limites de la tempérance, comme on pouvait le voir d’après le ton avec lequel Michel demandait des nouvelles de ses anciennes connaissances, et d’après les éclats de rire qui suivaient chaque réponse. Giles Gosling lui-même se trouva un peu scandalisé de leurs bruyans ébats, d’autant plus qu’il sentait involontairement un certain respect pour son hôte inconnu. Il s’arrêta donc à quelque distance de la table autour de laquelle étaient assis ces joyeux convives, et commença une espèce d’apologie de leur conduite.
    – À les entendre parler, dit-il, vous croiriez qu’il n’y en a pas un qui n’ait été habitué à faire le métier de la bourse ou la vie  ; et cependant vous verrez demain que ce sont des artisans laborieux, des marchands aussi honnêtes qu’on peut l’être en mesurant une aune de drap trop courte d’un pouce, ou en payant sur un comptoir une lettre de change en couronnes un peu légères de poids. Celui que vous voyez avec son chapeau de travers sur des cheveux hérissés comme les poils d’un barbet, qui a son justaucorps débraillé, qui porte son habit tout d’un côté, et qui veut se donner l’air d’un vrai garnement, eh bien ! c’est un mercier d’Abingdon, qui, dans sa boutique, est, depuis la tête jusqu’aux pieds, aussi soigné dans sa mise que si c’était un lord-maire. Il parle de battre le grand chemin et de forcer la grille d’un parc, de manière à faire croire qu’il passe toutes les nuits sur la grande route de Hounslow à Londres {10} , tandis qu’il dort paisiblement sur un lit de plumes, une chandelle d’un côté et une Bible de l’autre pour chasser les esprits.
    – Et votre neveu, mon hôte, ce Michel Lambourne qui est le roi de la fête, a-t-il aussi le désir de passer pour un tapageur ?
    – Vous me serrez le bouton d’un peu près, monsieur ; mon neveu est mon neveu, et, quoiqu’il ait été un vrai enragé dans sa jeunesse, il peut s’être amendé comme tant d’autres, n’est-il pas vrai ? Je ne voudrais pas même que vous crussiez que tout ce que j’en disais tout à l’heure fût paroles d’Évangile. J’avais reconnu le gaillard, et je voulais mortifier un peu sa vanité. Mais à présent, sous quel nom dois-je présenter mon respectable hôte à la compagnie ?
    – Sous le nom de Tressilian, s’il vous plaît.
    – Tressilian ? c’est un nom qui sonne bien et qui vient, à ce que je crois, du comté de Cornouailles ; vous connaissez le proverbe :
    By Pol, Tre and Pen
    You may know the Cornish men.
    Lorsque devant un nom on trouve Pol, Pen, Tré ,
    Qu’il vient de Cornouailles on peut être assuré.
    Ainsi donc, dirai-je M. Tressilian de Cornouailles ?
    – Ne dites que ce que je vous ai autorisé à dire, mon
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher