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Journal de Jules Renard de 1893-1898

Journal de Jules Renard de 1893-1898

Titel: Journal de Jules Renard de 1893-1898
Autoren: Jules Renard
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nuit et son pot de chambre à la porte de sa chambre d'hôtel, pour le faire cirer.
Plus on lit, et moins on imite.
27 avril.
Le père de d'Esparbès, qui avait été soldat sept ans, qui avait remplacé son frère, en reçut, quand il revint, ce remerciement :
- As-tu faim ? Veux-tu déjeuner ?
Barrès, ou le plus obsédant sujet de conversation qui soit. On se demande s'il a du talent ou s'il n'en a pas, s'il est sincère ou s'il ne l'est pas, s'il aura de l'autorité ou s'il ne jouera aucun rôle, etc. C'est à inventer un système d'amendes.
28 avril.
Quand je veux être homme d'action, je lis la vie de Balzac, par Théophile Gautier. Ça me suffit. Pendant une heure, j'ai la fièvre, le désir des grandeurs. Je suis cheval rouge, et rien ne résistera à l'impétuosité de mon élan. Puis je me calme, je n'y pense plus, et j'ai été homme d'action autant qu'un autre.
    Oui, je sais. Tous les grands hommes furent d'abord méconnus ; mais je ne suis pas un grand homme, et j'aimerais autant être connu tout de suite.
29 avril.
On ne devrait travailler que le soir quand on a pour soi l'excitation de toute la journée.
1er mai
Il se fait vieux, il a déjà la préoccupation de ressembler à Voltaire.
Raconter la première communion, le genou sur le banc, l'autre par terre, l'oubli des titres d'actes, la pensée toute au déjeuner et à la sortie du soir, et montrer que le mystère ne m'a rien fait. Seul, l'échange d'image a laissé un souvenir doux.
3 mai.
Tout glorieux de s'être mis le monde à dos, Poil de Carotte se sauve. Il quitte sa famille. Il arrive au bois, hésite, un peu effrayé devant cette masse ténébreuse qui lui cache le ciel, l'avenir.
- Au moins, si je suis malheureux, dit-il, j'aurai fait mon malheur moi-même.
- J'aime bien à vous voir, dis-je. Avec vous je sens qu'on n'a pas besoin de faire le fort.
Pottecher :
- Ce que vous me dites est peut-être une grave injure, mais cela me fait plaisir.
    L'oeil doux, la voix douce, la peau douce, se grattant les doigts, frottant sa bague, Veber, un jeune homme de dix-sept ans, nous comparait avec tranquillité le monde réel à l'irréel, et il nous semblait qu'il venait de quitter Platon qu'il eût rencontré aux arcades de l'Odéon en feuilletant des livres, et que le maître lui avait ensuite exposé, sous les marronniers du Luxembourg, ses dernières théories.
4 mai.
La nature m'émeut, parce que je n'ai pas peur d'avoir l'air bête quand je la regarde.
Et les heures où, se sentant un peu serin, on aime les oiseaux.
- Monsieur, dit-il, si mon admiration vous paraît exubérante, c'est que je vous suppose déjà mort, et qu'ainsi, vainquant ma timidité, je vous parle à mon aise. Je regretterais plus tard de ne pas l'avoir fait.
Et la plume vite prise pour écrire à l'auteur d'un livre qui m'enthousiasme, et la plume vite tombée à la première lettre de « mon cher maître », parce qu'on n'ose pas, parce qu'on dédaigne, ou parce qu'on se dit : « A quoi bon ? »
5 mai.
Déjà, il se préoccupait de devenir un symbole.
9 mai.
Si l'on ne m'avait pas fait croire que j'étais un grand artiste, j'eusse fait de belles choses.
    11 mai.
D'Esparbès nous disait l'autre jour :
- J'ai fait deux lâchetés dans ma vie : j'ai dédié deux contes, l'un à Coppée, l'autre à Theuriet.
Or, ce matin, Coppée vient de payer royalement la première par un article de tête du Journal. Theuriet ne se fera pas attendre.
12 mai.
Bosdeveix nous invite à aller dans une campagne ou il y a tout ce qu'il faut pour jouer au bouchon.
Il prendra ma valise à la gare, et il connaît une vieille grange brûlée où il nous introduira. Entrez d'abord. On s'arrangera toujours.
Dis quelquefois la vérité, afin qu'on te croie quand tu mentiras.
Le monde n'a peut-être été créé que pour réaliser le mal. Si, au lieu de contrarier le mouvement, nous le suivions, on obtiendrait un bon résultat.
Pourquoi ferait-il le connaisseur ? Les tableaux n'ont jamais été pour lui que des images.
13 mai.
Je lui trouve une mine d'animal intelligent : il n'a en trop que la parole.
Parfois, déjà, il écoutait, sous sa tombe, les discours des « délégués » littéraires.
    Mendès me raconte que Sarcey avoue avoir dit, dans une conférence en Belgique, à un public de jeunes filles et de leurs mères :
- Le jeune homme la baisa...
Puis, se reprenant :
- Je dois vous dire, mesdames, que le mot n'avait pas encore le sens qu'on lui prête aujourd'hui.
16 mai.
L'amusant, au théâtre,
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