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Journal de Jules Renard de 1893-1898

Journal de Jules Renard de 1893-1898

Titel: Journal de Jules Renard de 1893-1898
Autoren: Jules Renard
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fenêtres, afin qu'il pût voir sans cesse le beau rideau de son jardin.
L'inerte égoïsme qu'on appelle campagne.
Elle me fit expliquer ce que c'est qu'une étoile filante et comprit si bien que, le soir, venue la nuit, elle prit son panier et s'en alla par la campagne chercher des étoiles tombées.
En arriver à causer avec les gens et à prendre des notes pendant qu'ils parlent.
15 juin.
Il ne fut vraiment payé qu'à « l'article » de la mort.
Elle disait : « Je respecte les idées des autres. » Cependant, sans relâche, elle poussait ses idées, devant elle, chez les autres, comme les pions d'un jeu de dames.
Elle dit :
- Chaque fois que j'éprouve une émotion, ça me gonfle, ça me gonfle ! Je crois que je vais m'envoler.
Elle dit :
- Je regrette de ne pas savoir faire la poésie. Je sens bien, mais je ne peux pas rendre ce que je sens. Je trouve que la campagne, c'est plein de charme ; mais, si on regardait toujours les étoiles, le dîner ne serait jamais cuit.
    C'est joli, des plates-bandes de fleurs, mais un plant de salade qui vient bien, c'est utile, et, l'utile, voyez-vous, on ne peut pas s'en dispenser.
Il était si sale que, quand un chien le léchait, on pouvait penser que c'était pour le nettoyer.
Elle laisserait échapper un secret qu'elle n'a pas.
20 juin.
Heureux dans un coin pas plus grand qu'une étoile.
Et le ruisseau murmure sans cesse contre les cailloux qui voudraient l'empêcher de courir.
23 juin.
Ils prennent ma Lanterne sourde pour un travail de serrurerie.
Et la noire fille me dit :
- J'aime le taureau qui frappe du pied la terre grillée.
29 juin.
Le vieux qui retrouve dans une armoire les jouets riches avec lesquels on n'a pas voulu qu'il s'amuse autrefois. Yeux tendres, sourire triste, il les regarde, et on les lui a tant défendus que, même à son âge, il n'ose encore pas y toucher.
1er juillet.
Bouderie : une grève de gamins.
2 juillet.
Un jeune homme que je ne nommerai pas, parce qu'il s'appelle Roguenant, me disait hier :
    - Je ne connais Virgile que par la traduction, mais, j'en suis sûr, vous lui ressemblez, et vous avez en vous quelque chose de grec.
Et il insistait de façon à me prouver qu'il ne se trompait pas.
3 juillet.
Contre la douceur, pas de résistance.
4 juillet.
François Coppée m'appelle son « cher enfant ». C'est très gentil de sa part, mais on a l'air de deux hommes saouls.
8 juillet.
De l'utilité des marées. La mer va d'un rivage à l'autre pour boucher les trous de sable que font les enfants sur la plage.
Elle jeta son bonnet par-dessus les vagues.
Sur une mer de cambouis, un ciel charbonneux, sale, indigne de la Providence.
13 juillet.
Victor Hugo seul a parlé : le reste des hommes balbutie. Quelques-uns peuvent lui ressembler par la barbe, la largeur du front, les cheveux indéracinables et casseurs de ciseaux, effroi des barbiers, et la préoccupation de jouer un rôle comme grand-père ou comme homme politique. Mais, si j'ouvre un livre de Victor Hugo, au hasard, car on ne saurait choisir, je ne sais plus. Il est alors une montagne, une mer, ce qu'on voudra, excepté quelque chose à quoi puissent se comparer les autres hommes.
    Les petits jeux de la plage.
La mer étant haute, s'avancer sur le bord de la digue, braver la vague qui s'écrase contre les pierres et rejaillit en éclaboussures, se sauver en poussant de petits cris. Si l'on s'est fait un peu mouiller, C'est la gloire. Suivre de l'oeil, sans en avoir l'air, le manège d'un crabe qui s'enfouit dans le sable comme un enfant frileux se cache sous ses draps, puis dire d'un air dégagé :
- Je parie qu'il y a un crabe là.
Étonnement sympathique des baigneurs qui accourent et font cercle.
Du bout de votre canne, vivement, vous déterrez le crabe et le faites sauter en l'air.
- Vraiment, vous avez l'air d'un observateur, dit quelqu'un.
Ne répondez pas. Restez modeste.
Et si vous donnez deux sous à un pauvre pour son tabac (vieux loup de mer, 96 ans, Dieu sait ce qu'il fait), cachez-vous adroitement, afin qu'on vous voie bien.
14 juillet.
Location.
- Mais votre maison n'est pas au bord de la mer !
- Pas au bord de la mer ! Mais on la boirait d'ici !
- Votre dernier prix, ma brave femme ?
- Tenez, monsieur, regardez donc ces plats au bord de l'armoire.
    15 juillet.
Fier d'avoir remarqué que, quand une femme pète, tout de suite après elle tousse.
17 juillet.
Et M. Vernet expliquait la mer :
- Non, mes enfants. Quand cette plage-ci se découvre, l'autre ne se couvre pas ainsi que
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