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Jeanne d'Arc Vérités et légendes

Jeanne d'Arc Vérités et légendes

Titel: Jeanne d'Arc Vérités et légendes
Autoren: Colette Beaune
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s’approvisionner en laine anglaise ! Quand Jeanne
naquit, vers 1412, la guerre civile avait pris ses quartiers en France et pour
longtemps.
    Le nouveau roi d’Angleterre Henry V (1413-1422) saisit
l’occasion. Il venait de renverser son cousin Richard II et devait se
rallier une noblesse friande des riches butins que la guerre sur le continent
avait jusque-là apportés aux soldats anglais. Ceux-ci ne voyaient qu’avantages
à une guerre qui ne se déroulait pas sur leur sol et qui, jusque-là, avait
toujours été victorieuse. À Azincourt en 1415 moururent le tiers des baillis
français, comme les héritiers de bien des grandes familles. L’année suivante,
Henry V s’empara de la Normandie. La noblesse française s’avéra incapable
de s’unir devant le danger : le 10 septembre 1419, Jean sans Peur et le futur
Charles VII se rencontrèrent sur le pont de Montereau. Une altercation
s’ensuivit, durant laquelle le duc de Bourgogne fut percé de coups par
l’entourage de Charles. Le dauphin aurait « autorisé » le meurtre
commis en sa présence. En tout cas, les Bourguignons le crurent. Le nouveau duc
Philippe le Bon (1419-1467) se devait de venger son père. Cela lui était
d’autant plus facile qu’il avait en sa garde les personnes du roi fou et de la
reine Isabeau. Il imagina donc, avec l’aide des Anglais, une nouvelle combinaison
susceptible, en principe, de garantir une paix à la fois générale et finale.
     

Des histoires de
famille
    Jeanne avait huit ans quand fut approuvé en 1420 le traité
de Troyes, que les Anglais appelèrent « la paix finale », tandis que
les partisans du dauphin le nommaient « le honteux traité de
Troyes ». Le dauphin Charles était déshérité « pour ses horribles
crimes et délits ». Charles VI restait en place mais le royaume de
France reviendrait, après sa mort, à Henry V qui épousa Catherine de
France, la dernière fille à marier d’Isabeau et de Charles VI. À la mort
de ce dernier (qu’on pouvait estimer proche), Henry V serait donc à la
fois roi de France et roi d’Angleterre. Plus de partages féodaux donc comme au XIV e siècle, l’unité du royaume de
France était en principe préservée. La double monarchie reposait sur
l’administration séparée des deux royaumes et sur leur égale dignité. France et
Angleterre n’avaient en commun que leur roi. Mais la paix prévue tourna vite
court. Il fallut l’imposer militairement. Là-dessus, Henry V mourut à la
fin d’août 1422, laissant pour héritier un bébé de huit mois, Henry VI,
qui fut proclamé roi de France (en France) et roi d’Angleterre (outre-Manche).
La régence fut attribuée à un oncle d’Henry V, le cardinal de Winchester,
pour l’Angleterre, et à son frère, le duc de Bedford en France. Ce dernier
s’installa à Paris et épousa Anne, l’une des sœurs du duc de Bourgogne.
    Il y avait désormais trois France : la France
lancastrienne, le royaume de Bourges et les terres du duc de Bourgogne. La
première s’étendait sur l’Ile-de-France et la Normandie, allant au sud
jusqu’aux limites du pays chartrain et de l’Anjou. Bedford était un politique
habile, il pouvait s’appuyer sur une administration française qui lui avait
juré fidélité, et pouvait compter sur l’université de Paris et sur l’alliance
bourguignonne.
    Son problème était simple : il lui fallait vaincre
militairement le dauphin Charles. Ne devant compter que sur les ressources
financières du continent, que, nouveau venu, il ne pouvait quand même pas
écraser d’impôts, il ne pouvait guère réunir plus de 3 000 ou 4 000
hommes. La lutte n’était donc possible que sur un seul front à la fois. Et
encore tous ses hommes n’étaient-ils pas, et de loin, anglais. La défaite de
Verneuil en 1424 (où moururent des milliers d’Ecossais au service de
Charles VII) parut sur le moment un jugement de Dieu en faveur des
Anglais, mais le royaume de Bourges aux mains du dauphin n’en fut qu’ébranlé.
En 1425, le Mont-Saint-Michel fut assiégé. Jeanne avait treize ans et
l’archange lui apparut pour la première fois.
    Il fallait aussi à Bedford vaincre diplomatiquement,
c’est-à-dire persuader les chefs des grandes principautés d’adhérer au traité
de Troyes, comme l’avait fait le duc de Bourgogne. Et, là, ce n’était pas
gagné. Par tradition, la maison d’Orléans était franchement hostile à
l’Angleterre et à la Bourgogne. Elle gardait
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