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Indomptable

Indomptable

Titel: Indomptable
Autoren: Elizabeth Lowell
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serment, monseigneur ? rétorqua Simon.
    Le rire de Dominic fut aussi dur que le métal de son
    heaume.
    — Pauvre John de Cumbriland, dit Dominic. Son père
    et son grand-père ne sont pas parvenus à retenir l’assaut
    normand. Lui non plus. À présent, il se meurt d’une maladie
    débilitante, et son unique héritière est une femme. Quelle
    situation lamentable. On serait à même de penser qu’il est
    maudit.
    — Il l’est.
    — Quoi ?
    12
    INDOMPTABLE
    Avant que Simon ne puisse répondre, un lent grince-
    ment de chaînes et de rouages annonça que l’on descendait
    le pont-levis.
    — Ah, dit Dominic avec une satisfaction sauvage. Notre
    saxon obstiné s’est décidé à s’incliner face à ses pairs nor-
    mands. Demande au reste de mes chevaliers de s’approcher
    rapidement.
    — Sur leurs chevaux de bataille ?
    — Oui. De l’intimidation maintenant pourrait nous
    éviter un bain de sang plus tard.
    La froide évaluation stratégique de Dominic ne surprit
    pas Simon. Malgré le courage de Dominic et son talent au
    combat, il n’avait pas soif de sang comme certains cheva-
    liers. Dominic était plutôt aussi froid qu’un hiver nordique
    lorsqu’il combattait. C’était cela, le secret de sa réussite et ce
    qui troublait totalement les chevaliers qui n’avaient jamais
    eu à faire face à une telle discipline.
    Juste au moment où Simon dirigeait son cheval en direc-
    tion des bois, Dominic le héla.
    — Qu’entends-tu, lorsque tu dis que John ne survivra
    pas au banquet du mariage ? demanda Dominic.
    — Il est beaucoup plus malade que nous ne le
    pensions.
    Le silence fut suivi par le son d’un poing ganté
    de mailles frappant une cuisse elle-même recouverte de
    mailles.
    — Dans ce cas, dépêche-toi, mon frère, répondit vive-
    ment Dominic. Je ne veux pas que des obsèques perturbent
    mon mariage.
    13
    ELIZABETH LOWELL
    — Je me demande si Lady Margaret est aussi enthou-
    siaste que toi en ce qui concerne ce mariage ?
    — Enthousiaste ou traînant les pieds, cela importe peu.
    Mon héritier verra le jour à Pâques.
    14
    c 2
    Seule dans sa chambre au quatrième étage du château,
    Meg délaça sa tunique et jeta le vêtement de laine usé et
    de couleur roussâtre sur son lit. Son surcot long jusqu’aux
    pieds suivit rapidement. La croix qu’elle portait autour du
    cou scintillait comme de l’argent liquide à la lueur des bou-
    gies. À chacun de ses pas, des pas secs et pressés, elle faisait
    bruisser, sous ses pieds, des herbes et des fleurs de cet été.
    Avec empressement, elle se revêtit d’une simple tunique et
    d’un manteau identiques à ceux d’une fille de roturier.
    Le rire d’une femme s’éleva depuis le grand hall à l’étage
    du dessous. Meg retint sa respiration et pria pour qu’Eadith
    soit trop occupée à flirter avec Duncan pour penser à se tra-
    casser des besoins de sa maîtresse. Les bavardages inces-
    sants d’Eadith au sujet de la force brutale et de l’attitude
    glaciale de Lord Dominic avaient fini par porter sur les
    nerfs de Meg.
    Elle ne voulait plus en entendre parler. Elle ne serait
    d’ailleurs pas présentée à son futur époux avant le mariage
    le lendemain parce que son père disait qu’il se sentait trop
    faible pour quitter son lit. Meg ne savait pas si c’était la
    vérité. Elle savait qu’elle se marierait demain à un homme
    qu’elle avait vu pour la première fois la veille.
    Le mariage était trop précipité pour que Meg puisse
    garder une tranquillité d’esprit. La vision de Dominic le
    Sabre se matérialisant dans le brouillard, chevauchant un
    étalon sauvage avait hanté son sommeil. Elle n’avait aucune
    ELIZABETH LOWELL
    envie de se retrouver douloureusement allongée sous un
    froid guerrier pendant que celui-ci répandrait sa semence
    dans son corps infertile.
    Et elle ne doutait nullement que ce serait un accouple-
    ment infertile et douloureux. Priver le rude chevalier d’avoir
    des enfants serait une bien petite récompense face à un
    futur tourmenté en compagnie d’un hostile laboureur
    normand.
    Le sang de Meg se glaça à cette pensée. Depuis de nom-
    breuses années, elle savait ce qui avait poussé sa mère,
    appartenant aux Druides de la Vallée, à partir dans la forêt
    et à ne jamais revenir, abandonnant sa fille aux mains
    sévères de John. Meg aurait préféré ne pas le savoir, car
    c’était comme entrevoir son propre futur.
    « Peut-être la légende est-elle vraie.
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