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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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long-temps vaincues   ; mais ce sentiment n’était pas assez fort pour soulever la masse de la population contre l’ennemi   ; et les intrigues du parti royaliste, à la tête duquel s’était placé le prince de Bénévent, l’appelaient dans la capitale. Cependant on se battit, le 3o mars, sous les murs Paris   ; mais, le 31, les portes en furent ouvertes aux confédérés, qui y entrèrent par une capitulation. Le sénat consomma la grande défection impériale, en abandonnant son ancien maître   ; il était dirigé par le prince Talleyrand, qui se trouvait depuis peu dans la disgrâce de l’empereur. Cet acteur obligé de toute crise de pouvoir, venait de se déclarer contre lui   ; sans attachement de parti, d’une profonde indifférence politique, il pressentait de loin, avec une sagacité merveilleuse, la chute d’un gouvernement, se retirait à propos   ; et lorsque le moment précis pour l’abattre était venu, il s’y aidait de ses moyens, de son influence, de son nom, et de l’autorité qu’il avait eu soin de ne pas complètement perdre. Pour la révolution, sous la constituante   ; pour le directoire, au 18 fructidor   ; pour le consulat, au 18 brumaire   ; pour l’empire, en 1804, il était pour la restauration de la famille royale en 1814. Il paraissait le grand-maître des cérémonies du pouvoir, et c’était lui qui, depuis trente années, congédiait et installait les divers gouvernements. Le sénat, sous son influence, nomma un gouvernement provisoire, déclara Napoléon déchu du trône, le droit d’hérédité aboli dans sa famille, le peuple français et l’armée déliés envers lui du serment de fidélité. Il proclama tyran celui dont il avait facilité le despotisme par ses longues adulations.
    Cependant Napoléon, pressé par ses alentours de secourir la capitale, avait abandonné sa marche sur Saint-Dizier, et accourait à la tête de cinquante mille hommes, espérant y empêcher encore l’entrée de l’ennemi. Mais en arrivant, le 1 er avril, il apprit la capitulation de la veille, et il se concentra sur Fontainebleau où il fut instruit de la défection du sénat et de sa déchéance. C’est alors que, voyant tout plier autour de lui sous la mauvaise fortune, et le peuple, et le sénat, et les généraux, et les courtisans , il se décida à abdiquer en faveur de son fils. Il envoya le duc de Vicence, le prince de la Moskowa, le duc de Tarente, comme plénipotentiaires vers les confédérés   ; ils devaient prendre en route le duc de Raguse, qui couvrait Fontainebleau avec un corps d’armée.
    Napoléon pouvait imposer encore, avec ses cinquante mille hommes et sa forte position militaire, la royauté de son fils à la coalition. Mais le duc de Raguse abandonna son poste, traita avec l’ennemi, et laissa Fontainebleau à découvert. Napoléon fut alors réduit à subir les conditions des alliés   : leurs prétentions augmentaient avec leur puissance. À Prague, ils lui cédaient l’empire avec les limites des Alpes et du Rhin   ; après l’invasion de la France, ils lui offraient à Châtillon les possessions seules de l’ancienne monarchie   ; plus tard ils lui refusaient de traiter avec lui pour ne traiter qu’en faveur de son fils   ; mais aujourd’hui, décidés à détruire tout ce qui restait de la révolution par rapport à l’Europe, ses conquêtes et sa dynastie, ils forcèrent Napoléon à une abdication absolue. Le 11 avril 1814, il renonça pour lui et ses enfants aux trônes de France et d’Italie, et reçut en échange de sa vaste souveraineté, dont les limites s’étendaient naguère encore du détroit de Cadix à la mer Baltique, la petite île d’Elbe. Le 20, après avoir fait de touchants adieux à ses vieux soldats, il partit pour sa nouvelle principauté.
    Ainsi tomba cet homme qui avait seul rempli le monde pendant quatorze ans. Son génie entreprenant et organisateur, sa puissance de vie et de volonté, son amour de la gloire, et l’immense force disponible que la révolution avait mise entre ses mains, ont fait de lui l’être le plus gigantesque des temps modernes. Ce qui rendrait la destinée d’un autre extraordinaire, compte à peine dans la sienne. Sorti de l’obscurité, porté au rang suprême, de simple officier d’artillerie devenu le chef de la plus grande des nations, il a osé concevoir la monarchie universelle et l’a réalisée un moment. Après avoir obtenu l’empire par ses victoires, il a
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