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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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rien, et, de part et d’autre, on se disposa à la guerre. L’empereur, dont les armées étaient alors devant Cadix, et qui comptait sur la coopération   : de l’occident et du nord contre la Russie, fit avec ardeur les préparatifs d’une entreprise qui devait réduire la seule puissance qu’il n’eût pas encore entamée, et porter jusqu’à Moscou ses aigles victorieuses. Il obtint l’assistance de la Prusse et de l’Autriche, qui s’engagèrent, par les traités du 24 février et du 14 mars 1812, à fournir un corps auxiliaire, l’une de vingt mille, l’autre de trente mille hommes. Toutes les forces disponibles de la France furent mises sur pied   ; Un sénatus-consulte distribua la garde nationale en trois bans pour le service de l’intérieur, et affecta cent cohortes du premier ban (près de cent mille hommes) au service militaire actif. Le 9 mars, Napoléon partit de Paris pour cette vaste expédition   ; il établit pendant plusieurs mois sa cour à Dresde, où l’empereur, d’Autriche, le roi de Prusse et tous-les souverains d’Allemagne, vinrent s’incliner devant sa puissance et sa fortune. Le 22 juin, la guerre fut déclarée contre la Russie.
    Napoléon se dirigea dans cette campagne d’après des maximes qui lui avaient jusque-là réussi. Il avait terminé toutes les guerres qu’il avait entreprises par la défaite rapide de l’ennemi, l’occupation de sa capitale, et la paix avec le morcellement de son territoire. Son projet fut de réduire la Russie par la création du royaume de Pologne, comme il avait réduit l’Autriche en formant les royaumes de Bavière et de Wurtemberg, après Austerlitz   ; et la Prusse, en organisant ceux de Saxe et de Westphalie, après Iéna. Il avait stipulé dans ce but avec le cabinet de Vienne, par le traité du 14 mars, l’échange de la Gallicie avec les provinces illyriennes. Le rétablissement du royaume de Pologne fut proclamé par la diète de Varsovie, mais d’une manière incomplète   ; et Napoléon, qui, selon ses habitudes, voulait tout achever dans une campagne, s’avança au cœur de la Russie, au lieu d’organiser prudemment contre elle la barrière polonaise. Son armée était forte d’environ cinq cent mille hommes. Il passa le Niémen le 24 juin   ; s’empara de Wilna, de Witepsk   ; battit les Russes à Ostrowno, Polotzk, Mohilow, Smolensk, à la Moskowa, et fit, le 14 septembre, son entrée dans Moscow.
    Le cabinet russe n’avait pas seulement placé son moyen de défense dans ses troupes, mais dans son vaste territoire et dans son climat. À mesure que ses armées vaincues reculaient devant les nôtres, elles incendiaient les villes, dévastaient les provinces, préparant ainsi, en cas de revers ou de retraite, de grandes difficultés à Napoléon. D’après ce système de défense, Moscow fut brûlé par son gouverneur Rostopchin, comme l’avaient été Smolensk, Dorigoboni, Wiasma, Gjhat, Mojaisk, et un grand nombre de villes et de villages. L’empereur aurait dû voir que cette guerre ne se terminerait point comme les autres   : cependant, vainqueur de l’ennemi, et maître de sa capitale, il conçut des espérances de paix, que les Russes entretinrent habilement. L’hiver approchait, et Napoléon prolongea pendant près de six semaines son séjour à Moscow. Il ne se décida à la retraite que le 19 octobre. Cette retraite fut désastreuse, et commença l’ébranlement de l’empire. Napoléon ne pouvait pas être abattu de main d’homme, car quel général aurait pu triompher de ce général incomparable   ? quelle armée aurait pu vaincre l’armée française   ? Mais les revers étaient placés pour lui aux dernières limites de l’Europe, aux limites glacées où devait être portée et ou devait finir sa domination conquérante. Il perdit, à la fin de cette campagne, non par une défaite, mais par le froid, par la faim, au milieu des solitudes et des neiges de la Russie, sa vieille armée et le prestige de sa fortune.
    La retraite se fit avec un reste d’ordre jusqu’à la Bérézina, où elle devint une vaste déroute. Après le passage de cette rivière, Napoléon, qui jusque-là avait suivi l’armée, partit sur un traîneau, et revint en toute hâte à Paris, où avait éclaté une conspiration pendant son absence. Le général Mallet avait conçu, avec quelques hommes, le dessein de renverser ce colosse de puissance. Son entreprise était fort audacieuse   ; et, comme elle
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