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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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s’entendirent pour se défendre en commun. L’un était à la tête de la classe supérieure et de la classe moyenne, l’autre à la tête du bas peuple, et ils exaltèrent à l’envi les Espagnols par le sentiment de l’indépendance, ou par le fanatisme religieux. Voici le catéchisme dont les prêtres faisaient usage.
    «  Dis-moi, mon enfant, qui es-tu   ? – Espagnol par la grâce de Dieu. – Quel est l’ennemi de noter félicité   ? – L’empereur des Français. – Combien a-t-il de natures   ? – Deux   : la nature humaine et la diabolique. – Combien y a-t-il d’empereurs des Français   ? – Un véritable , eh trois personnes trompeuses. – Comment les nomme-t-on   ? – Napoléon, Murat et Manuel Godoï. – Lequel des trois est le plus méchant   ? – Ils le sont tous trois également. – De qui dérive Napoléon   ? – Du péché. – Murat   ? – De Napoléon. – Et Godoï   ? – De la fornication des deux. – Quel est l’esprit du premier   ? – L’orgueil et le despotisme. – Du second   ? – La rapine et la cruauté. – Du troisième   ? – La cupidité, la trahison et l’ignor ance. – Que sont les Français   ? – D’anciens chrétiens devenus hérétiques. – Est-ce un péché de mettre un Français à mort   ? – Non, mon père, on gagne le ciel en tuant un de ces chiens d’hérétiques. – Quel supplice mérite l’Espagnol qui manque à ses devoirs   ? – La mort et l’infamie des traîtres. – Qui nous délivrera de nos ennemis   ? – La confiance entre nous autres, et les armes. » Napoléon s’était engagé dans une entreprise longue, périlleuse, et dans laquelle tout son système de guerre était en défaut. La victoire ne consistait plus ici dans la défaite d’une armée et dans la possession d’une capitale, mais dans l’occupation entière du territoire, et, ce qui était plus difficile encore, dans la soumission des esprits. Cependant Napoléon s’apprêtait à dompter ce peuple avec son irrésistible activité et son inébranlable obstination, lorsqu’il fut rappelé en Allemagne, par la cinquième coalition.
    L’Autriche avait mis à profit son éloignement et celui de ses troupes. Elle fit un puissant effort, leva cinq cent cinquante mille hommes, en y comprenant les Landwher, et entra en campagne au printemps de 1809. Le Tyrol se souleva, le roi Jérôme fut chassé par les Westphaliens   ; l’Italie était chancelante, et la Prusse n’attendait qu’un revers de Napoléon pour reprendre les armes   ; mais l’empereur était encore dans toute la force de sa vie et de ses prospérités. Il accourut de Madrid, passa le Rhin, s’enfonça dans l’Allemagne, gagna les victoires d’Eckmulh et d’Esling, occupa Vienne une seconde fois, et déconcerta par la bataille de Wagram cette nouvelle coalition, après quatre mois de campagne. Pendant qu’il poursuivait les armées autrichiennes, les Anglais se présentèrent devant Anvers, mais une levée de gardes nationales suffit pour empêcher leur expédition de l’Escaut. La paix de Vienne du 14 octobre 1809 enleva quelques provinces de plus à la maison d’Autriche et la fit entrer dans le système continental.
    Cette période fut remarquable par la nature nouvelle de la lutte. Elle commença la réaction de l’Europe contre l’empire, et signala l’alliance des dynasties, des peuples, du sacerdoce et du commerce. Tous les intérêts mécontents firent un essai de résistance qui, la première fois, devait échouer. Napoléon était entré depuis la rupture de la paix d’Amiens dans une carrière au bout de laquelle il devait trouver la possession ou l’inimitié de toute l’Europe. Entraîné par son caractère et par sa position, il avait créé contre les peuples un système d’administration d’une utilité inouïe pour le pouvoir   ; contre l’Europe, un système de monarchies secondaires et de grands fiefs, qui secondait ses volontés conquérantes   ; enfin, contre l’Angleterre, le blocus, qui suspendait son commerce. Rien ne l’arrêta pour réaliser ces desseins immenses, mais insensés. Le Portugal communiqua avec les Anglais, il l’envahit   ; la famille royale d’Espagne compromit, par ses querelles et par ses incertitudes, les derrières de l’empire, il la contraignit d’abdiquer, afin de soumettre la Péninsule à une politique plus hardie et moins chancelante   : le pape entretint des relations avec l’ennemi, on réduisit
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