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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique
Autoren: Émile Bréhier
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précise et plus positive de l’état d’esprit des primitifs, on pressent mieux tout ce qui en subsiste dans la métaphysique évoluée des Grecs.
    Ainsi les premiers « philosophes » de la Grèce n’ont pas eu vraiment à inventer ; ils ont travaillé sur des représentations de la complexité et de la richesse mais aussi de la confusion desquelles nous pouvons difficilement nous faire une idée. Ils avaient moins à inventer qu’à débrouiller et à choisir, ou plutôt l’invention était dans ce discernement lui-même. On les comprendrait sans doute mieux, si l’on savait ce qu’ils ont rejeté, qu’en sachant ce qu’ils ont gardé. D’ailleurs, l’on p.6 voit parfois des représentations refoulées réapparaître ; et la pensée primitive sous-jacente fait un effort continuel, qui réussit quelquefois, pour renverser les digues dans lesquelles on la contient.
    Si, malgré ces remarques, nous faisons commencer notre histoire à Thalès, ce n’est donc pas que nous méconnaissions la longue préhistoire où s’est élaborée la pensée philosophique ; c’est seulement pour cette raison pratique que les documents épigraphiques des civilisations mésopotamiennes sont peu nombreux et d’un accès difficile, et c’est ensuite parce que les documents sur les peuples sauvages ne peuvent nous fournir des indications sur ce qu’a été la Grèce primitive.
    *
    La question des frontières de l’histoire de la philosophie, connexe de celle des origines, ne peut être non plus résolue avec exactitude. Il est indéniable qu’il y a eu, à certaines époques, dans les pays d’Extrême-Orient et surtout dans l’Inde, une vraie floraison de systèmes philosophiques. Mais il s’agit de savoir si le monde gréco-romain, puis chrétien d’une part, le monde extrême-oriental de l’autre ont eu un développement intellectuel complètement indépendant l’un de l’autre : dans ce cas, il serait permis de faire abstraction de la philosophie de l’Extrême-Orient dans un exposé de la philosophie occidentale. La situation est bien loin d’être aussi nette : pour l’antiquité d’abord, les relations commerciales faciles qu’il y a eu à partir d’Alexandre jusqu’aux invasions arabes entre le monde gréco-romain et l’Extrême-Orient ont rendu possibles les relations intellectuelles. Nous en avons des témoignages précis ; les Grecs, voyageurs ou philosophes, ont beaucoup écrit sur l’Inde à cette époque ; les débris de cette littérature, particulièrement aux II e et III e siècles de notre ère, témoignent p.7 tout au moins d’une vive curiosité pour la pensée indienne. D’autre part, au haut moyen âge, s’est développée en pays musulman une philosophie dont la pensée grecque, aristotélicienne ou néoplatonicienne, formait certainement l’essentiel, mais qui, cependant, ne paraît pas avoir été sans subir, à diverses reprises, l’influence du voisinage indien. Or, on verra quelle place cette philosophie arabe a eue dans la chrétienté, depuis le XIII e siècle jusqu’au XVI e . C’est donc une question fort importante de savoir quels sont les degrés et les limites de cette influence, directe ou indirecte. Mais c’est aussi une question fort difficile : l’influence de la Grèce sur l’Extrême-Orient, qui est aujourd’hui prouvée en matière d’art, a été sans doute très forte dans le domaine intellectuel, et beaucoup plus forte que l’influence inverse de l’Inde sur l’hellénisme. Étant donnée l’incertitude des dates de la littérature indienne, les ressemblances entre la pensée grecque et indienne ne peuvent pas témoigner de laquelle des deux vient l’influence. Il semble bien que ce soit seulement sous l’influence grecque que les Hindous aient donné à l’exposé de leurs idées le caractère systématique et ordonné que nos habitudes intellectuelles, héritées des Grecs, nous font considérer comme lié à la notion même de philosophie.
    Malgré ces difficultés, une histoire de la philosophie n’a pas le droit d’ignorer la pensée extrême-orientale. Toutefois, dans un ouvrage élémentaire comme celui-ci, nous n’avons nullement à exposer, pour elle-même, la philosophie indienne ; cette tâche, encore difficile pour les spécialistes [6] à cause du petit nombre d’études de détail, serait, pour nous, impossible. Il faudra donc nous contenter de noter soigneusement, parmi tous les courants non helléniques qui
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