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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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grande église et s’y enfermèrent. Les barbares, après avoir
rempli toute la ville de carnage et d’horreur, attaquèrent
l’église, dont ils brisèrent les fenêtres et les portes. Leur
fureur se tourna principalement contre les clercs, les moines et
l’évêque, qu’ils passèrent tous au fil de l’épée. Ils pillèrent
ensuite les trésors et les ornements de l’église ; et dès le
soir même ils remontèrent sur leurs vaisseaux, n’ayant employé
qu’un jour à cette fatale expédition. Lambert, qui s’était si
impitoyablement vengé des Nantais, n’eut pas de peine à s’emparer
une seconde fois d’une ville saccagée et réduite au plus déplorable
état ; mais il fut loin de s’avouer l’auteur de ce désastre.
Il plaignit beaucoup les habitants, et leur dit qu’en le chassant
ils étaient demeurés sans défense et s’étaient attiré ce
malheur.
    Tandis que les Normands ravageaient le pays de
Nantes, Noménoé, sans être d’intelligence avec eux, entra sur le
territoire de Rennes et se rendit maître de la plus grande partie
du pays. L’année suivante, Noménoé et Lambert ravagèrent les terres
des Francs, l’un jusqu’au Mans, l’autre jusqu’à Angers. Ce fut en
vain que Charles les menaça de venir fondre sur eux avec toutes les
forces d’Allemagne et d’Italie. Noménoé, peu effrayé de ses
menaces, passa la Loire, entra dans le Poitou et ravagea tout le
pays de Maulges.
    Charles s’avança du côté de la Bretagne, à la
tête d’un corps considérable de Saxons et de Francs, dans la
résolution de punir la révolte de Noménoé. Il traversa le Maine et
une partie du pays de Rennes, et vint camper sur le bord de la
rivière d’Oult. Il trouva Noménoé prêt à le recevoir ; on en
vint bientôt aux mains. Le lieu où se donna la bataille, est une
plaine marécageuse entre l’Oult et la Vilaine, près d’un endroit
qui s’appelait autrefois
Ballon.
    La principale force des Bretons consistait en
cavalerie ; leurs chevaux étaient vigoureux, et les cavaliers
n’étaient armés que d’un pot de fer, d’une cotte de mailles, d’un
grand bouclier et de quelques javelots, armure convenable pour
attaquer en voltigeant, ce qui était la manière de combattre des
Bretons. Les Francs étaient à peu près équipés de la même
façon ; mais pour armes offensives ils portaient des
demi-piques, longues de six pieds, appelées
angons,
et des
épées larges, courtes et sans pointe. Les Saxons, qui formaient
l’avant-garde de l’armée de Charles, furent d’abord enfoncés, ce
qui détermina la défaite des Francs. Cependant on se battit encore
le lendemain, et l’avantage fut pareillement du côté des Bretons.
Charles, épouvanté, prit alors la fuite, et à la faveur de la nuit
il se retira au Mans avec son fils, l’abbé de Saint-Martin de
Tours. Le lendemain matin, l’armée française, ayant appris la
retraite de Charles, ne songea plus qu’à suivre son exemple.
    Cette glorieuse journée acquit à Noménoé une
réputation qui franchit les limites de ses États, et le fit
connaître des nations étrangères. Charles acheta la paix à force
d’argent, et les Francs perdirent pour longtemps le désir de
déclarer la guerre aux Bretons.
    Tout répondait aux vœux de Noménoé : il
avait rendu la paix à ses peuples, son front rayonnait de
gloire ; mais il y manquait encore l’onction sainte, et roi de
fait, il désirait que l’Église ratifiât par ses augustes cérémonies
la volonté du Ciel en sa faveur. En 849, quatre, ans après la
victoire décisive de Ballon, tous les évêques de Bretagne se
réunirent à Dol, et le sacre s’accomplit par les mains de
l’archevêque Festinianus, avec autant de pompe et de magnificence
que les rois des Francs en mettaient à cette solennité. Elle eut
lieu aux acclamations des guerriers et du peuple, dont Noménoé
était chéri. On remit au prince l’anneau royal, représentant la foi
qu’un souverain doit garder à la chose publique ; les
bracelets, symbole des bonnes œuvres qu’il doit accomplir ; la
verge, ou main de justice ; le manteau de pourpre, emblème de
la pureté et de l’innocence du cœur ; le sceptre, signe de
puissance et de protection. L’archevêque enfin lui posa sur la tête
une couronne d’or enrichie de pierres précieuses.
    À partir de ce moment, la guerre se ralluma
avec plus de force que jamais entre Charles le Chauve et Noménoé.
Celui-ci entra dans l’Anjou, prit Angers
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