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Histoire de croisades

Histoire de croisades

Titel: Histoire de croisades
Autoren: Allessandro Barbero
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soient en même temps si dépourvus de jalousie
conjugale et si courageux à la guerre est une contradiction qui les rend
incompréhensibles.
    Tous les Francs, néanmoins, ne sont pas identiques. Ousâma
est très clair sur le fait que les nouveaux venus sont les pires ; quand
ils ont séjourné en Orient depuis quelque temps et ont appris à connaître les
usages du pays, ils s’améliorent beaucoup. Ceux qui sont là depuis toujours, parce
qu’ils y sont nés, sont souvent des gens à qui l’on peut se fier. Mais les
meilleurs de tous – et cela peut nous paraître surprenant – sont les Templiers.
Ce jugement est inattendu de la part d’Ousâma, puisque les Templiers sont
précisément ceux qui ont fait vœu de combattre les musulmans et ont créé un
ordre monastique tout exprès pour pouvoir les combattre. Or, pour cette même
raison, ce sont des gens qui passent toute leur vie en Terre sainte, consacrant
la moitié de leur temps à combattre et l’autre moitié à négocier, comme
toujours. Ce sont donc ceux qui ont le plus d’expérience, qui sont le mieux à
même de cohabiter avec les chefs musulmans et d’apprécier leurs façons de faire ;
les différences ne les étonnent pas, tandis que ceux qui viennent d’arriver
sont beaucoup plus intolérants. Ousâma raconte : « Voici un trait de
la grossièreté des Francs, que Dieu les confonde… » (En bon style arabe
classique, il est bon, quand on parle des mécréants, d’ajouter de pieuses
exhortations de ce genre.) « Quand je me rendais à Jérusalem, j’avais l’habitude
d’entrer dans la mosquée Al Aqsa… » Notons qu’à cette époque Jérusalem est
aux mains des croisés, c’est la capitale du royaume franc, Saladin ne l’a pas
encore reconquise ; et pourtant nous apprenons ici que les musulmans
entrent à Jérusalem comme bon leur semble et vont prier dans la mosquée, chose
qui en Europe aurait été absolument impensable. Ici, en revanche, il y a encore
la mosquée, si ce n’est qu’à côté de la mosquée les Francs ont construit une
église ; il n’y avait sans doute pas un culte public musulman avec appel
des fidèles depuis le minaret, mais les musulmans et les chrétiens priaient
dans les mêmes lieux.
    Donc, Ousâma entre dans la mosquée d’Al Aqsa qui est gérée
par les Templiers – il va même jusqu’à les appeler « mes amis les
Templiers », disant qu’ils le laissaient prier tranquillement dans la
mosquée. « Un jour, j’entrai, je prononçai la formule Allah Akbar, "
Dieu est grand " », et il commence à prier, tourné vers La Mecque, quand
survient un Franc qui se précipite vers lui et le bouscule, l’obligeant à se
tourner vers l’Orient : car au Moyen Âge, en Europe, il va de soi que pour
prier il faut se tourner vers l’Orient, et ce principe est si fortement
intériorisé que le fait de voir quelqu’un prier dans une autre direction
suscite le scandale. Le Franc bouscule Ousâma et le tourne de force vers l’Orient,
« disant : c’est ainsi que l’on prie ». Heureusement les
Templiers arrivent, saisissent l’énergumène et l’éloignent, laissant Ousâma
continuer de prier à sa guise ; mais au bout d’un moment l’autre revient
et veut de nouveau le forcer à se tourner vers l’Orient. « De nouveau les
Templiers intervinrent, l’éloignèrent et me présentèrent leurs excuses, disant :
C’est un étranger, il est arrivé il y a quelques jours du pays des Francs et il
n’a jamais vu quelqu’un prier sans avoir le visage tourné vers l’Orient. »
    Mais naturellement la difficulté d’accepter les différences
est la même des deux côtés, comme le prouve la réaction scandalisée d’Ousâma face
à cet aspect pour nous si familier de la dévotion chrétienne qu’est la
représentation de l’Enfant Jésus dans les bras de Marie. Pour Ousâma cela n’a
rien de familier, car avant de rencontrer les croisés il ignorait totalement
que des gens pouvaient fabriquer des images d’une femme portant un bébé dans
les bras qui était censé être Dieu ; et quand on le lui explique c’est de
nouveau le choc culturel, Ousâma n’arrive pas à croire une chose pareille. Un
grand émir va prier à la mosquée du Rocher – nous sommes évidemment dans une
période de trêve –, et voilà qu’un type arrive qui lui dit : « Veux-tu
voir Dieu enfant ? » Par curiosité, l’émir accepte, et Ousâma l’accompagne.
« L’homme nous précéda et nous
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