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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes
Autoren: William Dietrich
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Et
que la France et les Etats-Unis ont les mêmes intérêts,
contre la perfide Angleterre ?
    —  L’Angleterre
en demande effectivement un peu trop, parfois.
    —  Je
n’ai pas davantage confiance en vous, Gage. Vous êtes une
canaille. Mais travaillons ensemble et je pense qu’il en
sortira quelque chose. Vous n’avez pas encore fait votre
fortune, que je sache ?
    —  J’en
suis très conscient, Premier consul. Après bientôt
deux ans d’aventures, je n’ai pas un sou vaillant à
mon crédit.
    —  Je
peux me montrer généreux avec mes amis. Mes aides de
camp vont vous trouver un hôtel, bien loin de cette horrible
rouquine. Quelle Méduse ! Je vais vous faire accorder une
petite allocation, en comptant sur vous pour ne pas la jouer aux
cartes. Vous me rembourserez plus tard, si vous pouvez.
    —  Naturellement.
    —  Et
vous, madame, dit-il en s’adressant à Astiza, êtes-vous
prête à voir l’Amérique ? »
    Elle
m’avait paru inquiète pendant que nous devisions à
voix basse.
    Elle
hésita une seconde et, lentement, secoua la tête.
    « Non,
consul.
    —  Non ?
    —  J’ai
interrogé mon cœur durant tous ces jours sombres.
J’appartiens à l’Égypte autant que vous à
la France et M. Gage aux États-Unis. Votre pays est beau,
mais froid, et ses forêts sinistres. Les déserts
américains seraient encore pis. Je n’y serais pas à
ma place. Et je doute qu’on ait définitivement perdu la
trace de Thot et des Templiers. Envoyez Ethan en mission, mais
comprenez pourquoi je dois retourner au Caire et à vos
savants.
    —  Madame,
je ne pourrai garantir votre sécurité, en Égypte.
J’ignore même si j’y récupérerai mon
armée.
    —  Isis
a un rôle pour moi, et ce n’est pas de l’autre côté
de l’océan. Je suis désolée, Ethan, je
t’aime comme tu m’as aimée. Mais je n’ai pas
terminé ma quête du Graal. Le moment n’est pas
venu, pour moi, de m’installer dans une vie paisible. Il
viendra peut-être. Je crois sincèrement qu’il
viendra. »
    Par
les marécages de Géorgie, pourrais-je, un jour, garder
une femme ? J’avais traversé l’enfer de Dante
pour elle, tué son ancien amant, et elle allait me quitter au
moment où Napoléon me confiait une mission officielle ?
Quelle folie…
    Mais
était-ce vraiment le cas ? Je n’avais aucune idée
où cette nouvelle aventure me conduirait, et, bien sûr,
Astiza n’était pas femme à me suivre docilement à
la trace. J’étais intrigué, moi aussi, par tout
ce qui se rapportait à l’Égypte ancienne, et
peut-être en découvrirait-elle beaucoup plus pendant que
je ferais les courses de Bonaparte en Amérique. Quelques
soupers diplomatiques, un petit tour dans une île sucrière
ou deux, et je serais libéré de ma dette envers lui.
Enfin prêt pour un nouvel avenir.
    « Je
ne te manquerai pas ? »
    Elle
sourit tristement.
    « Oh
si, Ethan ! La vie n’est que chagrin. Mais aussi destinée,
et c’est le signe que d’autres portes doivent être
poussées, d’autres chemins suivis jusqu’au bout.
    —  Comment
saurai-je si nous nous reverrons un jour ? »
    Toujours
tristement, mais avec une certaine lueur dans le regard, elle vint
m’embrasser sur la joue.
    « Parie
ferme là-dessus, Ethan Gage. Et tâche de jouer les
bonnes cartes. »
    FIN

NOTE
HISTORIQUE
    S ’il
est vrai que nos erreurs nous en apprennent plus long que nos succès,
la campagne de 1799 fut pour Napoléon très riche en
enseignements. Poussé par sa seule impatience à lancer
contre Acre des assauts aussi précipités que mal
préparés, il s’aliéna la majorité
de la population autochtone. Les massacres entraînés et
l’exécution des prisonniers, à Jaffa, entachèrent
sa réputation jusqu’à la fin de ses jours. À
peine meilleurs furent les rapports annonçant l’euthanasie,
par l’opium et le poison, de ses propres soldats malades de la
peste. Il ne revivrait le même embarras militaire et politique
qu’en 1812, avec la retraite de Russie.
    Et
pourtant, jusqu’à fin 1799, Bonaparte n’avait pas
fait que survivre à une première débâcle
militaire. Le Corse avait si adroitement manipulé l’opinion
publique en France qu’il avait pu se faire nommer Premier
consul de son pays d’adoption, avant d’en être
bombardé empereur. Même les politiciens modernes
apparemment bardés de Téflon (au sens où nulle
critique ne saurait les atteindre) ne posent pas la même énigme
que cette habileté
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